Réflexion Coranique No. 340 Āyat 33 :72 – La responsabilité prise par les êtres humains

إِنَّا عَرَضْنَا الْأَمَانَةَ عَلَى السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ وَالْجِبَالِ فَأَبَيْنَ أَنْ يَحْمِلْنَهَا وَأَشْفَقْنَ مِنْهَا وَحَمَلَهَا الْإِنْسَانُ إِنَّهُ كَانَ ظَلُومًا جَهُولًا

Innā ‘aradnal-amānata ‘alas-samāwāti wa-‘aal ardi wal-jibāli fa-abayna an yahmilnahā wa ahsfaqna minhā wa hamalahal-insānu, innahu kāna zalūman jahūlā.
Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant.
(Surat Al-Ahzāb, No.33, Āyat 72)




Selon les exégètes du Saint Coran, le verset ci-dessus décrit la supériorité des êtres humains. Allah ‘azza wajall ‘ dit dans ce verset qu’Il a proposé cette responsabilité aux cieux, à la terre et aux montagnes, mais ils ont tous refusé. Il n’y a que l’être humain qui l’a acceptée. Avant d’expliquer ce qu’est cette ‘responsabilité’, il est important de contextualiser le refus des cieux, de la terre et des montagnes d’accepter cette offre venant d’Allah subhānahu wata‘ālā.Sur le plan de leur création, les cieux, la terre et les montagnes sont largement plus grands et supérieurs à l’être humain. Ces créations sont plus grandes, plus fortes et vivent plus longtemps que les êtres humains, un fait mentionné dans le Coran : La création des cieux et de la terre est quelque chose de plus grand que la création des gens. Mais la plupart des gens ne savent pas. (Q 40 :57) Ce qui distingue les êtres humains de ces autres créations est l’âme et l’usage qui en est fait. Il est important de garder à l’esprit que le refus des cieux, de la terre et des montagnes d’accepter cette offre n’était pas dû à l’arrogance et à l’orgueil, à la manière d’Iblīs qui a refusé d’obéir au commandement d’Allah : Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l’exception d’Iblis qui refusa, s’enfla d’orgueil et fut parmi les infidèles. (Q 2:34) Ils ont plutôt esquivé cette offre parce qu’ils n’étaient pas en mesure de l’assumer et de l’honorer. Ils éprouvaient de la crainte et de la frayeur vis-à-vis de la responsabilité qui allait avec.De quelle manière la terre, les cieux et les montagnes ont-ils refusé cette offre exactement ? Avaient-ils l’intelligence de comprendre l’ampleur de la responsabilité pour refuser de la prendre en charge ? Ou étaient-ils tout simplement incapables d’atteindre ce niveau ? Selon Āyatullāh Nāsir Makārim Shīrāzī, cela signifie que leur état était tel qu’ils ne pouvaient prendre en charge cette responsabilité de manière innée. Ils n’avaient ni la capacité, ni le potentiel pour une telle tâche. Elle était hors d’atteinte pour eux.La responsabilité que les êtres humains ont acceptée, consiste à être le Wali – représentant – d’Allah sur Sa terre. Il s’agit d’assumer les qualités d’intelligence et de libre arbitre et de les utiliser (à bon escient) pour être de bons serviteurs d’Allah. Cela signifie accepter d’avoir une forme composée de différentes parties, chacune des parties étant un dépôt de la part d’Allah. Les yeux, les oreilles, le cœur, etc. ont été octroyés à l’être humain par Allah pour atteindre un objectif. Toutes ces qualités permettent à l’être humain de connaître Allah et de refléter Ses qualités. Cela ouvrirait la voie vers la perfection. La terre, les cieux et les montagnes, comme tout autre création, ont leur propre forme de conscience et accomplissent la glorification d’Allah. Mais cela leur est inné et n’est pas accompli par le biais du libre arbitre ou du choix personnel, comme le font les êtres humains. Ainsi, il n’y a aucune perfection à cela. La responsabilité d’être les représentants d’Allah est de grande envergure : obéir aux commandements d’Allah, éviter tout ce qu’Il a interdit, guider les autres vers Lui, se comporter en adoptant les niveaux les plus élevés de moralité et d’intégrité, etc.

En d’autres termes, être un rayon de lumière qui s’illumine par la guidance d’Allah et qui fournit également de la lumière aux autres. Cette illumination et cette guidance découlent de l’acceptation de l’autorité du Prophète (s) et de sa noble famille, en commençant par la wilāyah d’Imam Ali (a). Imam Al-Sādiq ‘alayhis-salām fût questionné à propos de cette responsabilité, ce à quoi il répondit : Cela fait référence au leardership par l’autorité Divine d’Amir al-Mu’minīn (a). (Al-Kāfī, v. 1 p. 413 – Traduit de l’anglais)

C’est l’acceptation de cette responsabilité et la consécration subséquente des responsabilités qui en découlent, qui permet aux êtres humains d’atteindre les plus hauts niveaux de perfection et de proximité avec Allah. Mais parce que les êtres humains ne réalisent pas la valeur de ce dépôt, et échouent à saisir le statut qu’ils peuvent acquérir auprès d’Allah à travers son accomplissement, Allah termine le verset en disant : car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. L’être humain n’est pas ignorant parce qu’il a accepté la responsabilité que les cieux, la terre et les montagnes ont refusé. Non, il est ignorant parce qu’il ne se rend pas compte que son succès est lié à cette responsabilité. Cette ignorance est une injustice envers soi-même. Nous demandons à Allah qu’Il nous accorde la capacité d’assumer cette responsabilité afin que nous puissions atteindre le succès et Sa proximité.
Source : Āyatullāh Nāsir Makārim Shīrāzī, Al-Amthal fi Tafsīr Kitāb Allah al- Munzal.