Réflexion Coranique N°208. Āyat 100 : 6 et 7 – L’ingratitude de l’être humain

إِنَّ الْإِنْسَانَ لِرَبِّهِ لَكَنُودٌ وَإِنَّهُ عَلَىٰ ذَٰلِكَ لَشَهِيدٌ
Innal-insāna lirabbihi lakanoūd, wa-innahoū ‘alā dhālika lashahīd
L’homme est, certes, ingrat envers son Seigneur ; et pourtant, il est certes, témoin de cela.
(Sūratِ al-‘Āadiyāt No.100, Āyāt 6-7)

Ce verset parle de l’être humain qui ne s’est ni purifié ni éduqué en son for intérieur. Il ne limite pas ses désirs et se soumet aux pulsions qui régissent l’âme humaine.  Une telle personne est sujette à l’ingratitude et à l’égoïsme. Les serments avant ce verset se réfèrent aux guerriers musulmans et à leurs efforts pour défendre l’Islam. Voilà pourquoi l’ingratitude dont il est question dans ce verset concerne en particulier, le rejet de la bénédiction de la guidance, la plus grande des bénédictions. Mais cela comprend également toutes les autres formes d’ingratitude.

Le mot kounoūd a été interprété de plusieurs façons. Selon le Tafsīr Majma’ al-Bayān, il signifie négliger les bénédictions et se concentrer sur les imperfections. Le Tafsīr Namūne donne à ce mot ou comportement, rapporté par de nombreux commentateurs du Coran, les explications suivantes :
1. Une personne qui énumère dans les moindres détails ses problèmes mais oublie toutes les bénédictions dont elle jouit.
2. Celle qui jouit égoïstement des bénédictions d’Allah subhānahu wata‘ālā et en prive les autres.
3. Celle qui ne montre pas de compassion envers ceux qui sont dans le malheur et dans la souffrance.
4. Celle qui fait du bien au minima.
5. Celle qui, quand elle reçoit une bénédiction dénigre les autres, et quand elle est dans la difficulté se plaint et se lamente.

Ces significations indiquent toutes le même genre d’ingratitude et d’égoïsme.

Le prophète sallallāhou ‘alayhi wa-ālihi wasallam demanda un jour à ses compagnons : « Savez-vous qui est le kounoūd ? » Ils répondirent : « Allah et Son Messager savent mieux ». Le prophète expliqua alors : “C’est une personne qui mange seule, refuse de donner aux autres et maltraite ses esclaves (ceux qui sont sous son commandement).”

Tous les êtres humains ne sont pas comme cela. Ceux qui cultivent de bonnes qualités en eux et pratiquent l’auto-discipline ne présentent pas de tels vices. Nombreuses sont ces personnes pour qui la gratitude et la générosité sont devenues une seconde nature. Celles qui croient en Dieu puisent dans les profondeurs de l’auto-indulgence. Elles reprennent les qualités d’Allah, le Compatissant, le Généreux. Ces personnes vivent en paix sur Terre. Elles plaisent également au Seigneur, atteignant ainsi le bonheur dans ce monde et dans l’Au-delà.

La seconde partie de ce verset énonce que l’être humain est parfaitement conscient de posséder ces vices. Au plus profond de lui, il sait qui il est réellement. Il peut certainement duper les gens, mais ne peut pas tromper Dieu ou sa propre conscience. S’il réfléchit un peu, il saura qu’il est ingrat et égoïste. Même si shaytān donne souvent l’impression que son mal est justifié voire bénéfique pour l’être humain, le caractère du ‘kounoūd’ est manifestement si mauvais qu’il paraît telle une évidence pour la personne. Cela se manifeste s’il prend le temps de réfléchir et de se remettre en question.

Laissons ce verset nous rappeler la gravité de l’ingratitude. C’est un caractère vil et doit fréquemment être contrecarré par des actes de générosité et de gratitude. Voilà comment l’être humain élève son âme.

Sources : Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma’ al-Bayān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh