Réflexion coranique No 383. Āyāt 16 :78 – Les sens et la prise de conscience

وَاللَّهُ أَخْرَجَكُم مِّن بُطُونِ أُمَّهَاتِكُمْ لَا تَعْلَمُونَ شَيْئًا وَجَعَلَ لَكُمُ السَّمْعَ وَالْأَبْصَارَ وَالْأَفْئِدَة لَعَلَّكُمْ تَشْكُرُونَ

Wallāhu akhrajakum min butūni ummahātikum lā ta‘lamūna shay’an waja‘ala lakumus-sam‘a wal-abasāra wal-af’idah, la‘allakum tashkurūn.
Et Allah vous a fait sortir des ventres de vos mères, dénués de tout savoir, et vous a donné l’ouïe, les yeux et les cœurs (l’intelligence), afin que vous soyez reconnaissants.(Sūrat al-Nahl, No 16, Āyat 78) 
Le Coran rappelle aux êtres humains les diverses bénédictions qui leur sont accordées par le Tout-Puissant Allah. Ces rappels ont pour but de faire prendre conscience de l’existence et de l’unicité d’Allah, ainsi que de la réalisation de Sa miséricorde à leur égard. Dans ce verset, Allah ‘azza wajall parle des bienfaits de la connaissance et de la compréhension, dérivés des sens et de l’intellect. L’être humain dans le ventre de sa mère n’a aucune connaissance. Dans cet environnement petit et confiné, cela est acceptable. Mais lorsque le bébé entre dans le vaste monde, l’ignorance doit être combattue par la connaissance. La prise de conscience est nécessaire pour vivre en tant qu’être humain. Il est donc doté des sens et de l’intellect qui l’aident à connaître le monde.
Une question qui se pose est que ce verset dit que l’être humain n’a aucune connaissance lorsqu’il vient dans ce monde. Pourtant, nous savons qu’il possède une certaine forme de connaissance instinctive ou fitrah avec laquelle il naît. Cela inclut l’inclination à adorer et à connaître Dieu, la compréhension innée du bien et du mal, etc. Si nous avions cette connaissance dès le départ, pourquoi le verset ne le mentionne-t-il pas ? Selon Tafsīr-e Namūneh, la connaissance accompagnant la fitrah de l’être humain n’est actualisée ou mise en action qu’après sa venue au monde. Son potentiel est présent dans l’être humain, mais il ne s’épanouit pleinement qu’après sa venue au monde. En voyant et en entendant des choses, une image de la réalité se forme et est transmise à l’intellect. Lentement, cette compréhension de la réalité se renforce tout au long de la vie.
Le verset mentionne d’abord l’ouïe et ensuite la vue, bien que la vue ait un rôle apparemment plus important dans l’activité humaine. Cela s’explique par le fait que l’ouïe est activée en premier chez le bébé. Il commence par entendre et après un certain temps, il commence à voir. Habitués à l’obscurité de l’utérus, les yeux ne sont pas prêts à voir la lumière et seront donc fermés au moment de la venue au monde. Les oreilles quant à elles, peuvent entendre pendant qu’elles sont dans l’utérus. Elles perçoivent les battements du cœur de la mère ainsi que d’autres sons. L’ouïe est également plus complète que la vue. Un être humain ne peut voir que ce qui l’entoure mais peut entendre ce qui est loin. Même ceux qui ne savent ni lire ni écrire sont toujours capables d’entendre ce que disent les autres et d’apprendre.
La bénédiction de la conscience est l’un des dons les plus importants d’Allah (swt). Non seulement elle ouvre la voie à une compréhension réelle et spirituelle de la vie, mais elle aide aussi à bien vivre sur terre. Les bienfaits de la perspicacité apportés par la vue, l’ouïe et l’intellect différencient l’être humain des autres créations. Ainsi, le verset se termine par le concept de gratitude. Peut-être l’être humain prendra-t-il conscience de l’immensité des bienfaits d’Allah et sera-t-il reconnaissant, bien que de manière insuffisante.
Ce verset est un puissant rappel de la nécessité d’être reconnaissant pour les sens que nous considérons comme acquis chaque jour. C’est grâce à eux que nous pouvons être le meilleur de la création.
Source : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.