Réflexion Coranique No. 334 Āyat 18 :51 – Les aides qui égarent


وَمَا كُنتُ مُتَّخِذَ الْمُضِلِّينَ عَضُدًا 

Wamā kuntu muttakhidhal-mudhillīna ‘adudā
Et Je n’ai pas pris comme aides ceux qui égarent. (Soūrat al-Kahf, No 18, Āyat 51)


Les versets 50 et 51 de la Soūrate al-Kahf condamnent ceux qui prennent Shaytān et les siens comme protecteurs à la place d’Allah. Ils ne jouent aucun rôle dans le processus de création et ne sont dignes de rien.

L’idée de suivre le Shaytān ou les personnes sataniques, va à l’encontre de la sagesse. Shaytān est un ennemi déclaré qui a juré d’égarer les êtres humains et œuvre pour provoquer leur perte. Se lier d’amitié avec une telle créature et la suivre est une folie de la part de l’être humain.


Puis Allah ‘azza wajall précise qu’Il ne prend pas l’aide des shayātīn (pluriel de shaytān) pour faire fonctionner Son système. Les assistants ici ne font pas référence aux aides sans lesquels le travail ne peut être fait, car Allah est libre de tout besoin. Il s’agit des travailleurs par lesquels l’œuvre d’Allah est accomplie. Cela va à l’encontre de la raison qu’un système basé sur la droiture et le progrès, prenne les shayātīn comme travailleurs en son sein. Cela décrédibiliserait tout l’objectif du système. Ainsi, selon la Sounnah d’Allah (Pratique Divine), les mauvais qui égarent les autres ne font pas partie de son équipe de travailleurs.


Cette Sounnah d’Allah doit également être appliquée aux actions humaines. Un groupe qui travaille ensemble pour atteindre un objectif vertueux ne peut pas prendre comme membres de l’équipe ceux qui ont des objectifs sournois et corrompus pour égarer les gens. De telles personnes réduiraient à néant tout progrès réalisé par le groupe. Au lieu d’aider, ils feraient du tort. Il est important de choisir les bonnes personnes pour faire du bon travail. Celles qui sont vertueuses et sont elles-mêmes guidées et invitent les autres à faire de même. Choisir les mauvaises personnes peut conduire à la frustration et à la défaite, et peut même aboutir à l’égarement de tout le groupe.


Dans l’histoire de Karbala, nous voyons que lorsque l’Imam al-Hussayn ‘alayhis-salām quitta Makkah et voyagea vers Kūfa, il s’arrêta à plusieurs endroits pour y rencontrer différentes personnes. Les conversations qui y ont eu lieu comportent de nombreuses leçons importantes pour nous. Lors de son arrêt à un endroit appelé Qasr Banū Maqātil, l’Imam rencontra ‘Ubaydullāh bin Hurr al-Ju‘fī. L’Imam invita ‘Ubaydūllah à le rejoindre mais l’homme refusa son offre. Il dit qu’il avait quitté Kūfa pour éviter de rencontrer l’Imam et qu’il n’était pas prêt à mourir avec l’Imam. Bien que l’Imam connût son passé de pécheur, il lui offrit une voie vers le repentir en disant : Ô ami, tu es coupable de péché et d’erreur, et Dieu te demandera certainement des comptes pour ce que tu as fait, à moins que tu ne te tournes vers Lui, le Très Béni et Exalté, en te repentant à l’instant même, et que tu t’engages à me soutenir. [Alors] tu gagneras l’intercession de mon grand-père auprès de Dieu, le Béni et l’Exalté. Mais ‘Ubaydullāh s’entêta dans son refus de changer. Il offrit alors son cheval à l’Imam en disant que c’était un cheval qui pouvait accomplir beaucoup. L’Imam détourna son visage de lui et dit : Nous n’avons pas besoin de toi, ni de ton cheval ; Et Je n’ai pas pris comme aides ceux qui égarent. (Q 18 :51). Maintenant, quitte ce lieu, puisque tu n’es ni avec nous, ni contre nous. [Attention] quiconque entend l’appel de l’un d’entre nous, les Ahlul Bayt, mais ne nous répond pas, sera jeté tête baissée dans le feu de l’enfer par Dieu. (Chronicles, pp. 359 & 360 – Traduit de l’anglais).


Alors que nous commémorons le martyre de l’Imam al-Hussayn (a) pendant les jours de Muharram, tirons des leçons de l’histoire de Karbala et rappelons-nous les valeurs coraniques qui y sont si évidentes. Ce verset que l’Imam a récité nous enseigne les critères stricts qui doivent être mis en place lors de la recherche d’aide pour une bonne cause. Il est préférable de ne pas avoir d’aides, ou du moins pas beaucoup d’aides, plutôt que d’avoir celle de ceux qui égarent les autres.


Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Muhammad Rayshahrī, Chronicles of the Martyrdom of Imam Husayn, Tr. Abbas Jaffer, ICAS, London, 2020