Réflexion coranique No. 200. Āyat 17:36 – Suivre sans savoir

وَلَا تَقْفُ مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ
Walā taqfu mā laysa laka bihi ‘ilm
Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance.
(Sūrat al-Isrā, No.17, Āyat 36)

Il est intrinsèque à la nature humaine de poursuivre ce qu’il connaît. Une personne dont l’instinct naturel n’a pas été corrompu, suit les affaires qu’il sait être une réalité extérieure. Les idées vagues, les suppositions et les affaires douteuses diffèrent de la réalité. Elles ne peuvent être suivies et en aucun cas, nous ne devons agir en se basant sur celles-ci. Nous suivons la réalité que nous pouvons discerner nous-même. Les autres réalités méconnues sont dérivées par ceux qui détiennent les connaissances dans ces domaines. Il est important d’acquérir ces réalités à partir de sources qui ont elles-mêmes une véritable connaissance à leur sujet. La vérité sur cette réalité est assimilée et devient alors notre propre savoir.

Beaucoup de tels exemples peuvent être observés dans la vie quotidienne. Lorsque nous ne connaissons pas le chemin vers une certaine destination, nous demandons à ceux qui le connaissent. Nous apprenons d’eux. Ensuite, nous le suivons. Nous ne pouvons errer sur une voie sans savoir où nous allons. Nous avons besoin d’être dirigés par ceux qui savent, au lieu de nous fier à notre connaissance insuffisante ou de demander à ceux qui eux-mêmes n’ont pas une connaissance certaine à ce sujet.

Ce verset dit au croyant de s’abstenir de s’engager sur une voie à propos de laquelle il ne sait rien. Allama Tabātabā’ī dans Tafsīr al-Mīzān dit que ce verset ordonne ce qui suit:
Ne croyez pas une chose dont vous n’êtes pas sûrs
Ne parlez pas de quelque chose que vous ne connaissez pas
Ne faites pas quelque chose que vous ne maîtrisez pas
Ce sont là des ordres compréhensifs qui s’appliquent aussi bien à nos actions individuelles qu’à nos échanges et jugements sur autrui. Ils couvrent beaucoup d’actes répréhensibles tels que la médisance, donner un faux témoignage, répandre des rumeurs etc.

Les Ma‘sūmīn (a) conseillaient à leurs compagnons d’éviter d’écouter et de parler sans savoir. Ils les encourageaient à préserver leurs oreilles et leur cœur. La seconde partie du verset ci-dessus dit : L’ouïe, la vue et le cœur : sur tout cela, en vérité, on sera interrogé. (Q 17:36) Lorsqu’un compagnon de l’Imam Ja‘far al-Sādiq (a) écouta indiscrètement une dispute dans la maison voisine, l’Imam récita le verset ci-dessus pour lui. C’était un message pour lui recommander de ne pas faire de suppositions sans avoir une véritable sans être pleinement au courant de l’affaire. Imam Zaynul ‘Ābidīn (a) dit: Un être humain n’a pas le droit de dire ce qu’il souhaite [sans connaissances/savoir] (Tafsīr Nūr al-Thaqalayn).

Laissons ce verset nous rappeler qu’il n’est pas correct de suivre une chose au sujet de laquelle nous n’avons aucune connaissance. Toute chose dans la vie doit se baser sur des réalités sûres. Celles-ci sont tirées de nous ou de ceux qui ont un savoir fiable et authentique. C’est ainsi que la société humaine fonctionne le mieux.

Sources: Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr.