Réflexion coranique No. 194. Āyat 13 :24 – Comprendre la patience

سَلَامٌ عَلَيْكُمْ بِمَا صَبَرْتُمْ 
Salāmun ‘alaykum bimā sabartum
Paix sur vous, pour ce que vous avez enduré !
(Sūrat al-Ra‘d, No.13, Āyat 24)

Lorsque les croyants entreront au Paradis, accompagnés de leurs familles, ils seront salués par les anges qui viendront à eux par les différentes portes du Paradis. Ces anges les accueilleront, les saluant avec respect. Différents versets du Qur’an nous rapportent ce que ces anges diront :
Paix sur vous, pour ce que vous avez enduré !’ (Q 13 :24)
Entrez-y-en paix et en sécurité.’ (Q 15 :46)
Salut à vous ! Vous avez été bons : entrez donc, pour y demeurer éternellement.’ (Q 39 :73)
Entrez-y-en toute sécurité. Voilà le jour de l’éternité !’ (Q 50 :34)

Ces salutations témoignent du respect pour les croyants et seront une reconnaissance de ce qu’ils auront accompli. La vie éphémère de ce monde, avec toutes ses épreuves et ses difficultés aura désormais pris fin. Le foyer où ils seront alors accueillis, sera celui de la paix et de la joie et durera à tout jamais.

Dans le verset ci-dessus, les anges précisent la raison derrière la victoire des croyants. Il est intéressant de noter que dans les versets précédents celui-ci (versets 13 : 20-22), Allah subhānahu wata‘āla mentionne huit différentes qualités des croyants qui font d’eux des ulul-albāb, i.e. des gens doués d’intelligence. Parmi celles-ci, la vertu de la patience est mise en exergue par les anges. C’est comme si elle était la couronne de toutes les qualités, le joyau qui rend la personne digne du Paradis.

Tafsīr Namūne explique pourquoi cette qualité est mentionnée par les anges :
1. La patience est le résultat automatique de la foi véritable. Imam Ali ‘alayhis salām dit : ‘Vous devez pratiquer la persévérance, parce que la persévérance est pour la croyance ce que la tête est au corps.’ De la même manière qu’il n’y pas de bien dans un corps sans la tête, il n’y a pas de bien dans la croyance sans persévérance.  (Nahjul Balāgha, Hadith 82).
2. La base de la croissance et de la perfection, que ce soit sur le plan individuel ou collectif, est la patience. Aucun programme de croissance ne peut avoir lieu sans certains défis qu’il faut affronter et surmonter.
3. Toutes les autres qualités demandent un certain degré de persévérance. Remplir son engagement envers Allah, établir la prière, repousser le mal par le bien, tout cela requiert le contrôle de soi. Cette maîtrise résulte de la patience.

La patience a acquis une mauvaise réputation dans la société moderne. Il évoque une image de faiblesse, de capitulation et d’acceptation avec une certaine rancœur. L’impatience est perçue comme un signe de privilège et de puissance. Ce que nous n’avons pas réussi à comprendre est que la patience est en réalité une force. Elle témoigne d’une maîtrise de soi, très difficile à atteindre.  Il est tellement plus facile de se laisser emporter – un fait très courant dans le monde d’aujourd’hui. La patience c’est espérer quelque chose de meilleur. Renoncer à une satisfaction immédiate pour un bonheur anticipé. Cela montre qu’on a de la vision, de la sagesse et de la maturité.

Il est important de comprendre que la patience ne signifie pas attendre misérablement. Une bonne compréhension de la patience peut être trouvée dans Jāmiʿ al-saʿādāt – un livre sur l’éthique théorique et pratique en Arabe écrit par Mulla Muhammad Mahdī al-Naraqī (d. 1795), un philosophe et un juriste du dix-huitième siècle. Il s’agit d’un livre excellent sur les aspects pratiques de l’éthique. L’auteur y explique que la patience est la sérénité de l’âme et une absence d’agitation durant les temps difficiles, ainsi l’âme ne s’éloigne pas vraiment de son ancien état de paix intérieure et de bonne humeur. Maintenir cet état ou le retrouver rapidement illustre une véritable patience.

Laissons ce verset nous rappeler que la gloire de la patience, du contrôle de soi et d’une large capacité interne est synonyme d’une ascension vers des royaumes plus élevés où les anges attendent pour nous accueillir.

Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh
http://alhawzaonline.com/almaktaba-almakroaa/book/170-akhlaq/0001-jame3-Aal-sa3adat/03/07.htm#12-1