Réflexion Coranique n°409 Āyāt 10 :7 – Le manque d’espoir en l’Au-delà

Bismillah

إِنَّ الَّذِينَ لَا يَرْجُونَ لِقَاءَنَا وَرَضُوا بِالْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَاطْمَأَنُّوا بِهَا وَالَّذِينَ هُمْ عَنْ آيَاتِنَا غَافِلُونَ 

Ceux qui n’espèrent pas Notre rencontre, qui sont satisfaits de la vie présente et s’y sentent en sécurité, et ceux qui sont inattentifs à Nos signes [ou versets],

(Surat Yūnus, No.10, Āyat 7)

Ce verset parle d’un groupe de personnes qui n’espèrent pas la rencontre avec Allah ‘azza wajall. La rencontre fait référence au retour à Allah dans l’Au-delà et à la vie qui nous sera insufflée de nouveau le Jour de la Résurrection. Cette rencontre a été mentionnée à plusieurs reprises dans le Coran. Allah dit : وَاتَّقُوا اللَّهَ وَاعْلَمُوا أَنَّكُم مُّلَاقُوهُ – Craignez Allah et sachez que vous Les rencontrerez. (Q 2 :223). Il mentionne l’espoir dans cette rencontre : 

فَمَن كَانَ يَرْجُو لِقَاءَ رَبِّهِ فَلْيَعْمَلْ عَمَلًا صَالِحًا وَلَا يُشْرِكْ بِعِبَادَةِ رَبِّهِ أَحَدًا

Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur ». (Q 18 :110)

L’espoir dans cette rencontre mène à la droiture tandis que le manque d’un tel espoir mène à l’attachement et à la satisfaction avec ce monde.

Tafsīr Majmaʿ al-bayān explique cette rencontre avec Allah subhānahu wata’ālā comme le témoignage d’une récompense et d’une punition dans l’Au-delà. Selon ‘Allāmah Tabātabā’ī dans Tafsīr al-Mīzān, il se réfère au Jour du Jugement qui sera le résultat de la lutte de l’être humain. Ce jour-là, Allah sera le seul Juge et rendra Son jugement sur l’humanité. La compréhension correcte de la puissance complète d’Allah (swt) deviendra évidente pour tous. Ce sera la rencontre avec la réalité de la grandeur d’Allah. 

Rejeter la croyance en l’Au-delà signifie nier toute forme de responsabilité. Ces personnes ne croient pas au système de récompense ou de punition en conséquence des actes. La prophétie et la guidance qui en découlent n’auraient aucun sens pour eux. Pour la formation d’une société juste et vertueuse, il faut croire en Dieu et en un Au-delà. Cela donne un sens et une motivation aux actes désintéressés et au comportement juste. Le faux sentiment de sécurité que ce groupe tire du monde est dû à son ignorance d’une vie beaucoup plus grande à venir. Le monde les berce en leur faisant croire qu’il sera toujours là, et ils ne voient pas la nécessité de chercher quelque chose au-delà.

Qu’est-ce qui a rendu ce groupe inconscient de la rencontre avec Allah et du monde de l’Au-delà ? C’est leur satisfaction avec la vie de ce monde et le faux sentiment de sécurité qu’elle leur donne. Ils apprécient ce que le monde leur offre et essaient d’en tirer tout leur plaisir. Tous leurs espoirs et attentes, leurs déceptions et leurs peurs tournent autour du monde. Il n’y a vraiment rien d’autre. L’Imam Ali ‘alayhis-salām s’étonne de telles personnes dans ses sermons dans le Nahjul Balāgha

Il dit : Quelle est votre condition ? Vous ressentez de la satisfaction avec le peu de choses que vous avez obtenu dans ce monde, alors que la multitude de choses du monde prochain desquelles vous êtes privés ne vous peinent pas. Le peu que vous perdez de ce monde vous chagrine à tel point que cela se voit sur votre visage et dans votre manque de patience face à ce qui est pris de vous, comme si ce monde était votre demeure permanente, et comme si ses biens allaient rester auprès de vous pour de bon. (Sermon 113). 

Et il conseille aux croyants de s’abstenir de cet attachement, en disant :

Sachez que ce monde que vous avez commencé à convoiter et par lequel vous êtes intéressés, et qui parfois vous exaspère et parfois vous plaît, n’est pas votre demeure, ni le lieu de votre séjour pour lequel vous avez été créés, ni l’endroit où vous avez été invités. Sachez qu’il ne durera pas pour vous et que vous n’allez pas vivre avec lui. (Sermon 173)

Instinctivement, l’être humain souhaite l’immortalité. Il souhaite rester en vie et ne pas cesser d’exister. Quand une personne croit en ce monde et en l’Au-delà, elle est en paix car il y a une éternité après ce monde. Mais pour une personne qui n’y croit pas, il y a une urgence impérieuse à s’immortaliser d’une manière ou d’une autre dans ce monde, par la richesse, le pouvoir, la renommée, etc. Ces désirs lient la personne au monde et limitent sa vision du monde. Il est satisfait du relativement peu que le monde a à offrir.

Ce verset est un rappel de la façon dont le manque d’espoir dans l’Au-delà et les attachements mondains sont liés. En tant que croyants, nous devons renforcer notre espoir dans l’Au-delà et être capables de voir le monde tel qu’il est réellement ; une demeure transitoire pour sécuriser l’Au-delà.

Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shīrāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh. http://hadith.net/post/6022

https://www.al-islam.org/nahjul-balagha-part-1-sermons