Réflexion Coranique n°399 Āyāt 35-10 – La nature de l’action

إِلَيْهِ يَصْعَدُ الْكَلِمُ الطَّيِّبُ وَالْعَمَلُ الصَّالِحُ يَرْفَعُهُ

Ilayhi yas‘adul-kalimut-tayyibu wal-‘amalus-sālih yarfa‘uh

À lui s’élève la bonne parole [la croyance], et la conduite vertueuse l’élève [la croyance].

(Sūra al-Fātir, No. 35, Āyat 10)

Dans l’éthique islamique, une question d’importance concerne la corrélation entre la foi et l’action, et comment elles se conditionnent mutuellement. Dans de nombreux passages, le Coran suggère que l’action basée sur la connaissance renforce la croyance. Généralement, nous comprenons pourquoi la croyance nécessite l’action, et ce verset suscite une intéressante discussion sur la relation symbiotique entre la foi et l’action et comment elles se renforcent mutuellement et constamment.

Dans ce verset de la Sourate al-Fātir, ‘Allāmah Tabātabā’ī propose dans son Tafsir al-Mīzān une analyse intéressante du verset pour évoquer ce point. Il existe quelques interprétations différentes de ce verset, basées sur sa lecture grammaticale, ce qui en fait une étude de cas intéressante sur ce sujet.

Le premier point est que l’expression “kalim at-tayyib” ou “une parole saine” signifie ce qui est en harmonie entre la croyance et la parole de quelqu’un. Encore plus, c’est lorsque la croyance est basée sur la Vérité et la réalité ; c’est alors qu’une parole est vraiment “tayyib” ou saine. C’est une utilisation similaire aux mêmes mots utilisés dans la Sourate Ibrāhīm, où l’expression “une parole saine” est comparée à un arbre fructueux

أَلَمْ تَرَ كَيْفَ ضَرَبَ اللَّهُ مَثَلًا كَلِمَةً طَيِّبَةً كَشَجَرَةٍ طَيِّبَةٍ أَصْلُهَا ثَابِتٌ وَفَرْعُهَا فِي السَّمَاءِ

N’as-tu pas remarqué comment Allah a dressé une parabole ? Une bonne parole est comme un bon arbre : ses racines sont solides et ses branches s’élèvent dans le ciel. (Q 14 :24)

Ainsi, lorsque l’expression “parole saine” est utilisée, cela ne se réfère pas seulement aux mots eux-mêmes, mais plutôt à des mots qui sont fondés sur un système de croyance solide.

Le second point abordé concerne l’autre partie du verset qui dit : “et la conduite vertueuse l’élève” ou “et Il élève l’action vertueuse”. Selon la lecture et l’interprétation de certains pronoms, ce verset a historiquement été lu et compris de deux manières différentes par divers commentateurs, et les deux sont grammaticalement plausibles.

La première possibilité est que la conduite vertueuse, associée à une croyance correcte, s’élève vers Allah ‘azza wajall et fait partie de notre parcours pour nous rapprocher de Lui. Cela signifie qu’Il accepte ce type d’action lorsqu’il est accompagné d’une croyance saine et d’une intention pure.

La deuxième possibilité est que la conduite vertueuse élève et majore nos croyances. En tant que telle, la conduite vertueuse peut être quelque chose qui renforce notre foi. C’est l’inverse de ce que nous savons déjà, à savoir que la foi entraîne l’action et cela suggère une relation plus symbiotique entre les deux. C’est la possibilité qu’Allāmah Tabātabā’ī estime la plus probable dans son analyse de la grammaire et du contenu.

Il y a différentes façons de comprendre comment l’action renforce la foi ; une façon importante est qu’il s’agit d’un Tawfiq ou don d’Allah subhānahu wata‘ālā. Lorsque nous suivons sa guidance, il nous renforce dans notre guidance (Q29 :69) et guide nos cœurs (Q64 :11)

Ceci est une conséquence du fait que nous agissons par bonté et que nous essayons de nous rapprocher de Lui. Dans sa miséricorde, Il veille à ce que nous atteignons notre destination qui est Sa proximité.

Il peut arriver que nous cherchions à renforcer notre foi et que nous soyons pris au piège en voulant que notre foi augmente avant même de prendre des mesures ou de suivre une certaine partie des conseils divins. Cependant, il se peut que nous travaillions à l’envers. Ce verset et d’autres apparentés, nous montrent que le fait de nous encourager à agir sainement dans l’intention de rechercher la proximité de Dieu peut être la clé qui nous aidera à renforcer notre foi et à l’enraciner dans nos cœurs.

 Référence : Tafsīr al-Mīzān – Sayyid M. H. Tabātabā’ī