Réflexion Coranique n°395. Āyāt 2 :102 – L’Islam et la Magie

وَاتَّبَعُوا مَا تَتْلُو الشَّيَاطِينُ عَلَىٰ مُلْكِ سُلَيْمَانَ ۖ وَمَا كَفَرَ سُلَيْمَانُ وَلَٰكِنَّ الشَّيَاطِينَ كَفَرُوا يُعَلِّمُونَ النَّاسَ السِّحْرَ

Wattabaʿū mā tatlū ash-shayātīnu ʿalā mulki sulaymān, wa mā kafara sulaymānu wa lākinna ash- shayātīna kafarū, yuʿallimūna an-nās as-sihr

Et ils suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Solayman. Alors que Solayman n’a jamais été mécréant mais bien les diables : ils enseignent aux gens la magie.

(Sūrat al-Baqarah, No 2, Āyat 102)

Ce verset béni s’inscrit dans le contexte d’une centaine de versets de la sourate al-Baqarah qui traitent des Banū Isrā’īl et de leur histoire. Dans ce verset spécifique, le récit de la façon dont la magie était répandue à l’époque du Prophète Sulaymān ‘alayhis-salām et après sa disparition est mentionné, et comment un groupe des Banū Isrā’īl a accusé Sulaymān (a) d’être un magicien. Ils ont rejeté ses miracles divins et les ont jugés comme étant de la magie, une affirmation équivalant à le traiter de mécréant ! Par conséquent, Allah légitime Sulaymān. Dans ce qui suit ci-dessous sont mentionnés quelques points concernant l’approche de l’Islam quant à la magie et d’autres domaines d’études similaires.

Premièrement, de tels versets montrent clairement que la magie est une réalité qui ne peut être niée. Par magie, ce qui est visé n’est pas seulement un tour de passe-passe ou l’habile conjuration d’un tour que les autres ne comprennent pas. Par exemple, retirer une carte spécifique d’un jeu de cartes mélangées sans les regarder. C’est une action naturelle qui peut être enseignée et apprise avec un peu de pratique. Au contraire, ce qui est visé par la magie est la capacité d’effectuer des actions surnaturelles, apparemment au travers de l’interaction avec les djinns.

Parfois, de tels pouvoirs sont obtenus par quelqu’un qui commet des péchés horribles. (Vous pouvez vous référer à Greater Sins par Āyatullāh Dastghayb sur la manière dont quelqu’un devait s’abstenir de tout culte et de toute bonne action pendant quarante jours pour que sa magie fonctionne). Les livres de jurisprudence islamique discutent de la définition et de l’interdiction de la magie sous le nom arabe sihr. De plus, cela est discuté avec d’autres sujets similaires tels que shaʿbadhah (tour de passe-passe), tanjīm (astronomie), qiyāfah (affirmer que les gens sont liés les uns aux autres en fonction de caractéristiques externes telles que leur visage) et kahānah (prédire l’avenir en utilisant le pouvoir des djinns). Reportez-vous au livre des lois de votre marjaʿ pour voir exactement comment a été traité le sujet et les fatawa s’y rapportant.

Malgré la nature réelle de la magie, il est indéniable que dans les cultures qui acceptent et croient en la magie, de nombreuses traditions sans fondement et d’étranges superstitions peuvent émerger. Sans aucune recherche ni raison logique, les états d’esprit et les événements qui touchent les gens peuvent être attribués à la magie. Ceci est déconseillé et inutile. Un musulman doit vivre sa vie et agir sur la base de l’intellect et de la chari’ah, et non sur la base des caprices et de l’imagination. Comme le diront les mécréants au Jour du Jugement :

وَقَالُوا لَوْ كُنَّا نَسْمَعُ أَوْ نَعْقِلُ مَا كُنَّا فِي أَصْحَابِ السَّعِيرِ

Si nous avions écouté ou raisonné, nous ne serions pas parmi les gens de la Fournaise. (Q 67 :10)

Un deuxième point à garder à l’esprit est que l’Islam considère la magie comme un des plus grands péchés, quelque chose qui a été assimilé à l’incrédulité. Dans le sermon numéro 79 de Nahj al-Balāgha le Commandeur des Croyants, l’Imam Ali ‘alayhis-salām avertit les gens de prédire l’avenir en utilisant l’astrologie. Il dit : … un astrologue est un devin. Le devin est comme le sorcier. Le sorcier est comme le mécréant. Et le mécréant sera en enfer !

Encore une fois, pour les détails de cette affaire, il faut se référer à son marjaʿ. Par exemple, certains marājiʿ comme Āyatullāh Sistānī (qu’Allah le protège) ne considèrent pas la shaʿbadhah (tour de passe-passe) en soi comme interdite. Cependant, d’autres considèrent qu’il s’agit d’un type de sihr qui est toujours interdit.

Sur une note finale, l’un des aspects importants de la vision de l’islam sur la magie est celui qui est mentionné dans la dernière partie du verset ci-dessus, dans lequel il est dit que la magie n’aurait aucun effet néfaste, “sauf avec la permission d’Allah”. De même, à la fin du même sermon 79 mentionné ci-dessus, l’Imam Ali ordonne à son armée d’ignorer la prédiction de l’astronome et d’aller vers la guerre, “au nom d’Allah”.

Tout cela indique la perspective islamique, monothéiste, de la façon dont toutes les affaires sont entre les mains d’Allah à la fin de la journée. Même si la magie est une réalité, la principale recommandation de l’Islam pour s’en protéger est de renforcer notre relation avec Allah en Lui obéissant, en étant des gens de taqwā. Par la suite, il est nécessaire d’effectuer des actions recommandées pour éviter le mal, comme faire l’aumône, rechercher Son aide en récitant des supplications du Saint Prophète (s) et de ses Ahl al-Bayt (a), réciter le verset puissant connu sous le nom de Āyatul Kursī, etc., actions qui ont été conseillées dans l’Islam.

A l’occasion bénie de l’anniversaire du dernier Messager d’Allah (paix et bénédictions sur lui et sa noble famille), nous demandons à Allah au nom de Sa plus chère création et du sceau de tous les prophètes de nous donner le succès dans l’apprentissage des nobles enseignements de l’Islam et les suivre dans notre vie. Nous Lui demandons de nous protéger des effets néfastes de la magie et d’être inutilement pris dans notre propre imagination, afin que nous puissions vivre des vies de servitude et d’obéissance, conformément à l’intellect et à la sharī’ah lumineuse.

Ressources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh