Réflexion Coranique N°241. Āyat 41 :5 – Concourir en mécréance

يَا أَيُّهَا الرَّسُولُ لَا يَحْزُنْكَ الَّذِينَ يُسَارِعُونَ فِي الْكُفْرِ مِنَ الَّذِينَ قَالُوا آمَنَّا بِأَفْوَاهِهِمْ وَلَمْ تُؤْمِنْ قُلُوبُهُمْ
Ya ayyuhar-rasūlu lā yahzunkal-ladhīna yusāri‘ūna fil-kufri minal-ladhīna qālū āmannā biafwāhihim walam tu’min qulūbihum
O Messager ! Que ne t’affligent point ceux qui concourent en mécréance ; parmi ceux qui ont dit : “Nous avons cru” avec leurs bouches sans que leurs cœurs aient jamais cru.
(Sūrat al-Mā’idah, No 5, Āyat 41)

Ce verset commence par une exhortation directe au Prophète : yā ayyuhar-rasūl. Cette exhortation particulière n’apparaît que deux fois dans le Coran ; dans ce verset et dans le verset 67 de la sourate al-Mā’idah où Allah ‘azza wajall dit au Prophète sallal-lāhu‘ alayhi wa-ālhi wasallam de faire son annonce de la wilāyah de l’Imam Ali ‘alayhis salām. Cela souligne l’importance du sujet malgré l’appréhension du Prophète.

Dieu rassure alors le Prophète en lui disant de ne pas pleurer ceux qui mécroient activement. Ce chagrin venait de sa préoccupation pour son peuple. Le Prophète dirigeait avec amour et l’impureté des âmes des personnes qui venaient le voir, le touchait, en particulier lorsqu’elles persistaient malgré ses prédications. Allah subhānahu wata‘ālā lui dit qu’il n’y a aucune raison de se chagriner pour de telles personnes.

Ce groupe qui dit croire, mais qui ne possède une once de foi dans leur cœur, est décrit comme suit : yusāri‘ūna fil-kufr. Traduit littéralement, cela signifie qu’ils rivalisent ou s’affrontent dans la mécréance. Cela montre l’immersion du groupe dans la mécréance et leur empressement à se surpasser les uns par rapport aux autres. Ils s’efforcent ensemble à atteindre un état de mécréance ultime. Notons que lutter dans la mécréance est différent de lutter vers la mécréance. Le premier montre que l’incrédulité est déjà présente et augmente.

L’hypocrisie et la mécréance sont liées dans ce verset. Bien que le groupe ait dit qu’ils avaient foi, leurs paroles et leurs actions montraient le contraire et celles-ci étaient à l’origine de la mécréance dans leur cœur. Allah (swt) ne donne pas le nom d’hypocrites au groupe. Dieu décrit plutôt leurs caractéristiques. Cette description est destinée à permettre au Prophète de comprendre pourquoi il a n’a vraiment pas besoin de pleurer pour eux. On trouve une situation similaire dans la Sourate al-Baqarah où Allah décrit les qualités et les attitudes de telles personnes sans les nommer « hypocrites » (voir Q 2 : 8 à 20) car leurs actions sont plus préjudiciables aux musulmans que leurs noms !

La cause de la révélation du verset 5 de la sourate 41 raconte l’histoire d’un groupe de gens du Livre qui s’adresse au Prophète à propos d’une décision de la Torah. Ils avaient espéré que le Prophète rendrait un jugement différent et qu’ils seraient libérés de suivre leurs propres Écritures. Mais le Prophète leur a demandé de se référer à la décision de la Torah et ils se sont donc détournés de lui. Les hypocrites souhaitaient également que le Prophète règne selon leurs désirs, en les favorisant, comme cela se faisait au temps de l’ignorance. Mais le Prophète n’allait pas faire cela.

Laissons ce verset nous rappeler que l’hypocrisie est un vice terrible. Elle est liée à la mécréance et l’augmente. Nous devrions nous méfier des personnes qui possèdent cette caractéristique et qui continuent à conspirer avec les autres pour se surpasser dans leurs maladies spirituelles.

Sources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh