Réflexion Coranique N°141 Āyat 4: 114 – Les Conversations secrètes

لَا خَيْرَ فِي كَثِيرٍ مِنْ نَجْوَاهُمْ إِلَّا مَنْ أَمَرَ بِصَدَقَةٍ أَوْ مَعْرُوفٍ أَوْ إِصْلَاحٍ بَيْنَ النَّاسِ
lā khayra fī kathīrin min najwāhum illā man amara bi-sadaqatin
aw ma’rūfin aw islāhin baynan-nās.
Il n’y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs conversations secrètes, sauf si l’un d’eux ordonne une charité, une bonne action, ou une conciliation entre les gens.
(Souratoun Nissā, N°4, Āyat 114).
Le terme najwa fait référence aux discussions secrètes que peuvent tenir deux ou plusieurs personnes à l’écart des autres. A l’origine, ce mot correspond à un lieu où quelqu’un peut avoir une conversation sans que les autres ne le sachent. Najwa est considéré comme un acte de Shaytan (Q 58:10) sachant qu’il est souvent accompagné d’intentions mauvaises ou négatives. Le but est de ne pas dévoiler ce qui est dit des autres. Normalement, une conversation positive ne nécessite pas de cachotteries.

D’un point de vue social, najwa est une conversation secrète tenue avec une autre personne tout en étant entouré des autres. Cela est détestable sauf dans les cas d’exceptions précitées dans le verset. De telles conversations secrètes peuvent entraîner des ressentiments ou de mauvaises suspicions chez les gens.
A l’époque du Prophète (s), les hypocrites se rassemblaient en petits groupes, pour se parler secrètement et à voix basse entre eux. Durant ces discussions, ils complotaient  contre le Prophète (s). Bien qu’il leur eût été demandé de cesser d’agir ainsi, ils continuèrent. Un verset fut révélé suite à cela : Ne vois-tu pas ceux à qui les conversations secrètes ont été interdites ? Puis, ils retournèrent à ce qui leur a été interdit, et se concertent pour pécher, transgresser et désobéir au Messager. (Q 58:8)

Dans le verset cité tout en haut, trois exceptions sont mentionnées. Parfois, les circonstances nécessitent qu’une conversation soit tenue en secret, non pas pour de mauvaises intentions mais au contraire, pour préserver la dignité des gens.
Les conversations secrètes suivantes ne sont pas blâmables :
1. Faire secrètement acte de charité envers une personne. Cela permet de préserver le respect de la personne aidée et montre de la considération et de la délicatesse envers les sentiments des autres. Amiroul Mo’minines Ali (a) dit: Le meilleur acte de charité est celui qui est fait dans le plus grand secret. (Ghourar al-Hakim, traduction anglaise, p.562)
2. Encourager quelqu’un à faire une bonne action. Il est nécessaire de rappeler aux gens de faire de bonnes actions et de s’éloigner du mal. Le Saint Prophète (s) dit: Celui qui ordonne le bien et interdit le mal est le Khalifa d’Allah sur Sa Terre et le Khalifa du Messager d’Allah. (Tafsir Majma’oul Bayan, v.1, p.484) Le faire en public peut offenser la personne concernée ou nuire à sa réputation. Il est primordial de le faire avec respect pour obtenir l’effet escompté.
3. Réconcilier les gens. Lorsqu’il y a un conflit entre deux personnes, les réconcilier est une action positive fortement conseillée en Islam. Imam al-Sadiq (a) dit: Une charité aimée d’Allah est le fait de réconcilier les gens lorsque leurs relations sont tendues, les rapprocher lorsqu’ils se sont éloignés. (al-Kafi, v.2, p.209). La réconciliation devrait se faire à l’écart des gens de manière à ce que le problème puisse être résolu sans que tout le monde soit au courant. Il pourrait même être nécessaire de s’adresser séparément à chaque partie en privé, et ensuite les réunir pour une réconciliation mutuelle.

Rappelons-nous régulièrement par ce verset que les conversations secrètes et les messe-basses ne devraient avoir lieu que lors de situations spécifiques comme précitées dans le verset. En dehors de ces exceptions, il n’est pas respectueux d’avoir des discussions privées au milieu des gens. Cela est une source de conflits entre les gens et met à mal l’unité et la bienveillance au sein d’une société.

Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh;https://article.tebyan.net/209732/