Réflexion Coranique n° 202. Āyat 6:38 – Les communautés animales

وَمَا مِنْ دَابَّةٍ فِي الْأَرْضِ وَلَا طَائِرٍ يَطِيرُ بِجَنَاحَيْهِ إِلَّا أُمَمٌ أَمْثَالُكُمْ
Wamā min dābbatin fil-ardhi walā tā’irin yatīru bijanahayhi illā oumamun amthālakum
Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté.
(Soūrat al-An‘ām, N°6, Āyat 38)

Ce verset s’adresse aux gens et leur présente la création sous une différente perspective. Il parle de deux types de créatures – l’animal qui marche sur terre et l’oiseau qui utilise ses ailes pour voler. Le mot ‘dābba’ vient de ‘dabab’ qui signifie marcher doucement à petits pas. Les deux expressions regroupent l’ensemble des différentes formes de créatures de la terre et du ciel. Ces créatures forment des groupes et vivent avec leur espèce, interagissant entre elles de manière parfois complexe, exactement comme l’être humain.

Le mot ‘oumam’ est le pluriel d’oummah. Une oummah est définie comme un groupe qui est uni par un facteur – un même objectif, une même voie qu’ils suivent, ou le fait d’être unis par le lieu ou le temps. Chacun de ces derniers pourrait être un facteur commun qui unifie le groupe. Il les fait paraître un, malgré le fait qu’ils soient nombreux. Ce facteur qui les unit pourrait être un facteur involontaire, quelque chose qui leur vient par instinct, ou celui-ci pourrait avoir été choisi en connaissance de cause.

En quoi les animaux et les hommes sont-ils similaires ? Les Tafāsīr présentent les similarités suivantes :
1. Ils possèdent tous les deux une compréhension et une conscience du monde qui les entoure. Les exemples dans le Quran comme celui de la fourmi et du Prophète Soulayman (a), et de la huppe (Q 27 : 17 – 26), etc., montrent qu’il existe une forme de conscience dans les communautés animales. Le fait que l’Islam n’autorise pas l’abattage d’un animal à la vue d’autres animaux démontre également que les animaux sont sensibles et qu’ils répondent aux stimuli qui les entourent.
2. Ils possèdent tous deux une certaine connaissance bien qu’il soit propre à leur niveau. Les animaux peuvent identifier les membres de leur groupe, trouver de la nourriture, se protéger et protéger leur groupe, construire des abris, etc.
3. Ils glorifient et adorent Dieu chacun à leur façon. Beaucoup de versets du Quran mentionnent cela. Allah parle de la glorification des créatures : Les sept cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. (Q 17 :44), de la prosternation de toutes les créatures : Et c’est devant Allah que se prosterne tout être vivant dans les cieux, et sur la terre ; ainsi que les Anges qui ne s’enflent pas d’orgueil.’(Q 16:49) et même de leur prière : N’as-tu pas vu qu’Allah est glorifié par tous ceux qui sont dans les cieux et la terre ; ainsi que par les oiseaux déployant leurs ailes ? Chacun, certes, a appris sa façon de L’adorer et de Le glorifier. Allah sait parfaitement ce qu’ils font. (Q 24 :41) Les cris stridents des oiseaux constituent leur façon de glorifier Allah ‘azza wajall (Enlightening Commentary, v. 8 tiré du Bihār 4 :27).

Les communautés animales possèdent des structures différentes. Certaines ont une vie communautaire plus sophistiquée que d’autres. Elles fonctionnent avec un partage des responsabilités, une assignation des tâches, une satisfaction mutuelle des besoins, etc. comme c’est le cas pour les colonies organisées de fourmis et d’essaim d’abeilles. D’autres travaillent en équipes pour que cela soit plus facile pour elles de trouver de la nourriture et de se protéger.

Shahīd Murtadhā Mutahharī dans son livre Islam and the Needs of the Time dit que malgré les similarités entre les communautés animales et humaines, il existe une grande différence entre les deux. Les communautés animales depuis le début de la création, vivent de la même manière. Elles font les choses en fonction de ce que leur dicte leur instinct. Il n’y a pas de place pour l’innovation et la créativité dans ces communautés contrairement aux communautés humaines qui ont progressé au fil du temps. L’homme est passé par différentes phases et a évolué dans la complexité de la vie qu’il mène avec les autres. Cela démontre la supériorité de l’être humain ainsi que du niveau d’intelligence et de liberté dont il a été béni.
Ce verset nous rappelle la complexité naturelle du monde dans lequel nous vivons. Il se passe beaucoup de choses dans la vie de toutes les créatures qui sillonnent la terre. Garder cela à l’esprit rend humble et est enrichissant.

Sources: Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān
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