Réflexion coranique 111. Āyat 2:3 – La croyance en l’invisible

اَلَّذِينَ يُؤْمِنُونَ بِالْغَيْبِ
Alladhīna yu’minūna bilghayb
Qui croient à l’invisible
(Souratoul Baqarah, No.2, Āyat 3)

La croyance en l’invisible est décrite dans ce verset comme étant la première qualité essentielle des croyants pieux (les Mouttaqin). Cette qualité représente le fondement même de la religion et la base de toutes ses racines et de ses branches. Bien que l’intellect et la compréhension soient importants en Islam, il ne peut y avoir de foi sans la croyance de l’invisible. Le rejet de tout ce qui est invisible équivaut au rejet de la foi toute entière.

Selon Shahid Moutahhari, dans ce monde, il y a des choses qui peuvent être appréhendées à travers les sens que sont la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Nous appelons cela des éléments perceptibles, que nos sens sont capables de percevoir. Les animaux possèdent également ces sens qui sont, parfois même, plus affûtés que ceux des hommes… La croyance en l’invisible signifie l’acceptation de l’existence dans ce monde de certaines choses qui ne peuvent être perçues par nos sens, mêmes si elles se trouvent être devant nous.  (Discours Spirituels, Discours n°12, traduit de l’anglais.)

La croyance en l’invisible est différente du savoir et des autres sciences. Elle est plus profonde et plus riche, allant au-delà des informations et des preuves tangibles. La croyance inclut l’acceptation du cœur, qui contient également l’amour, l’adoration, la crainte révérencielle et le lien de proximité – toutes ces qualités ne peuvent être mesurées ou vues. La vie ne peut pas se baser uniquement sur la foi aux sciences tangibles car elles ne peuvent être acceptées inconditionnellement. Elles n’apportent pas la paix et la satisfaction du fait qu’elles évoluent et changent constamment. Avoir foi en elles revient à se mettre dans une situation de frustration. Ce qui est accepté aujourd’hui peut très bien être rejeté demain, en fonction des nouvelles découvertes.

Ghayb est l’opposé de shahadah. Ghayb fait référence à ce qui se trouve au-delà de nos cinq sens, ce qui est caché et invisible. Shahadah est ce qui peut être vu et dont nous pouvons témoigner. Allah le Tout-Puissant est Celui qui connaît les deux mondes, du shahadah et du ghayb – ‘C’est Lui Allah. Nulle divinité autre que Lui, le Connaisseur de l’Invisible tout comme du visible. C’est Lui, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux.’ (Q 59 :22)

La croyance en l’invisible inclut également la croyance en Dieu, des révélations envoyées par Dieu, la croyance aux anges, au Jour du Jugement dernier, la croyance en l’au-delà etc… Selon un Hadith de notre Saint Prophète (s), la croyance au Prophète sans l’avoir vu, fait partie également de la croyance en l’invisible. Il dit : Seront mes frères, ceux qui viendront après moi et qui croiront en moi sans m’avoir vu. Il récita ensuite le verset cité en haut : ‘qui croient à l’invisible et qui accomplissent la Salat…’

La croyance au ghayb a également été présentée comme la croyance en l’Imam al-Mahdi (a) qui est caché des croyants et qui réapparaîtra par le commandement d’Allah. Imam al-Sadiq (a) fut questionné concernant les cinq premiers versets de la Souratoul Baqarah et il dit que les pieux ici font référence aux Shi’ites de Ali et la croyance en l’invisible se réfère, elle, à la croyance en l’Imam caché du Temps, Sahhibouz Zaman (a). Pour appuyer son point de vue il récita le verset 20 de la Sourate Younouss :
Et ils disent: «Que ne fait-on descendre sur lui (Muḥammad) un miracle de son Seigneur? » Alors, dis: «L’inconnaissable relève seulement d’Allah. Attendez donc; je serai avec vous parmi ceux qui attendent. »
(Biharoul Anwar, v. 51, p.52)

Ce verset nous rappelle que la croyance en l’invisible est une part essentielle de la foi. Elle n’est ni insensée ni illusoire. Nous devons accepter que les sens de l’être humain sont limités et que tout ne peut être perçu à travers eux. Récitons ce verset pour renforcer notre croyance en l’invisible, qualité intrinsèque des pieux.

Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirazi (ed.), Tafsīr-e Namūne
http://www.tebyan.net/newindex.aspx?pid=318089
http://www.al-islam.org/spiritual-discourses-murtadha-mutahhari/discourse-12-belief-unseen