مَا يَكُونُ لِي أَنْ أَقُولَ مَا لَيْسَ لِي بِحَقٍّ
Mā yakūnu lī an aqūla mā laysa lī bihaqq
Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire !
(Sūrat al-Mā’idah, No 5, Āyat 116)
Lorsque Allah ‘azza wajall demande au Prophète ‘Īsā/Jésus ‘alayhis-salām s’il a demandé aux gens de le prendre lui et sa mère pour des divinités en dehors d’Allah, Jésus répond avec la plus grande humilité. La question bien sûr, est posée uniquement en guise de témoignage pour les gens au Jour du Jugement. Allah le Tout-Puissant sait déjà que le Prophète Jésus n’a pas dit une telle chose. Mais la conversation est une déclaration ouverte pour démentir ce mensonge par le Prophète lui-même.
L’étiquette dans la réponse du Prophète est remarquable. Il ne se contente pas de renier avoir dit cela, mais va jusqu’à réfuter les prémices mêmes d’une telle possibilité. Il déclare qu’il ne lui conviendrait pas de dire ce qui n’est pas son droit. Cela démontre l’exaltation d’Allah subhānahu wata‘ālā à travers son impossibilité de proférer de telles déclarations polythéistes. Cela exprime le haut degré de révérence et de servitude du Prophète Jésus (a) envers Allah.
‘Allāmah Tabātabā’ī souligne que l’on peut percevoir la connaissance de Dieu dans cette déclaration en expliquant que si le Prophète ‘Īsā (a) avait dit : ‘Je n’ai pas dit une telle chose’, cela signifierait qu’il était possible pour lui de dire de telles choses, mais il a choisi de ne pas s’exprimer de la sorte. Lorsqu’il renie la cause derrière une telle déclaration – l’audace de l’être humain d’oser demander aux autres de l’associer à Dieu – il a non seulement renié la véracité de ces mots mais également le droit de dire quoi que ce soit de ce genre. ‘Allāmah donne l’exemple d’un maître qui demande à son esclave s’il a commis un certain acte. Si l’esclave répond qu’il ne l’a pas fait, il renie la responsabilité de cette action particulière. Mais s’il dit qu’il ne lui est pas possible de commettre un tel acte de désobéissance, il renie non seulement l’action mais également la possibilité qu’il puisse jamais commettre une telle chose. Il a montré le statut élevé du maître à ses yeux, à travers sa réponse.
La conversation de Jésus (a) avec Allah rapportée dans le Coran montre un même degré de servitude dans son étiquette. Lorsque les gens lui disent de demander à Allah (swt) une table de nourriture venant du ciel, il est horrifié par le caractère irrespectueux de leurs paroles. Il leur demande d’avoir plus de crainte à l’égard de Dieu. Lorsqu’ils insistent et expliquent leur requête, il se tourne vers Allah ‘azza wajall et s’exprime avec beaucoup de bienséance. Il dit : “Ô Allah, notre Seigneur, dit Jésus, fils de Marie, fais descendre du ciel sur nous une table servie qui soit une fête pour nous, pour le premier d’entre nous, comme pour le dernier, ainsi qu’un signe de Ta part. Nourris-nous : Tu es le meilleur des nourrisseurs.” (Q5 :114) Subhānallāh, quelle révérence pour le Seigneur !
En tant que serviteurs d’Allah – l’Exalté et le Sublime, nous n’avons aucun droit de dire des choses qui vont à l’encontre de Ses attentes envers nous. Avant de dire quoi que ce soit, ou d’écrire quelque chose, nous devons nous demander si nous avons le droit de nous avancer. Certains types de déclarations dépassent les limites puisque nous ne pouvons pas dire ce qui ne provient pas de Lui ou ce qui n’est pas en phase avec Sa guidance. Cela inclut le fait d’exposer aux gens nos propres interprétations de Son message, qui ne sont pas basées sur des enseignements fiables et authentiques transmis par les guides qu’Il a choisis. Cela inclut également des paroles qui ne sont pas appropriées de la part d’un serviteur de Dieu, des paroles fausses, des paroles blessantes, des paroles négatives, etc. Allah (swt) a établi des standards élevés pour le discours de l’être humain. Les paroles de Jésus dans le Coran peuvent être un bon rappel pour nous, afin que nous nous retenions d’exprimer ce que nous n’avons pas le droit de dire. Qu’Il nous place sous Sa guidance éternelle !
Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.