تِلْكَ الدَّارُ الْآخِرَةُ نَجْعَلُهَا لِلَّذِينَ لَا يُرِيدُونَ عُلُوًّا فِي الْأَرْضِ وَلَا فَسَادًا ۚ وَالْعَاقِبَةُ لِلْمُتَّقِينَ
Cette Demeure dernière, Nous la réservons à ceux qui ne recherchent, ni à s’élever sur terre, ni à y semer la corruption. Cependant, l’heureuse fin appartient aux pieux.
(Sūratul Qasas, No. 28, Āyat 83)
Ce verset, qui pousse à la réflexion, contient le secret d’une grande vérité. Le bonheur et la gloire dans l’au-delà sont réservés à ceux qui ne désirent aucunement s’élever sur terre. Un vrai croyant ne souhaite pas être considéré meilleur que les autres, ou être loué et reconnu dans ce monde. Un Hadith de l’Imam Sadiq (a) dit : Si cela est possible pour vous, restez discrets. Tant pis si les gens ne tarissent pas d’éloge sur vous. Qu’importe si vous êtes simples aux yeux des gens tant que vous êtes dignes d’éloges auprès d’Allah.
Les êtres humains ressentent souvent le désir d’être meilleur que les autres. Ce désir de supériorité provient du Nafsoul Ammarah qui nous pousse continuellement vers le mal et qui pourrait s’intensifier par les murmures de Shaytan, qui lui-même fut coupable d’un sentiment inadéquat de supériorité. Le désir de supériorité peut apparaître dans divers aspects de la vie: la gloire, la richesse, les biens, le savoir, la beauté, la popularité etc… Ce sentiment peut s’exprimer par la volonté de posséder une meilleure voiture que les autres, d’avoir le dessus sur les autres lors d’une discussion. Quelle qu’en soit l’ampleur, considérable ou minime, ce désir est fortement condamné par l’Islam. L’Imam Ali (a) dit que même un homme satisfait de posséder une meilleure sangle de chaussure que celle de son compagnon, serait concerné par ce verset.
Le plus grand danger de ce désir de supériorité est qu’il passe souvent inaperçu. Il se cache sous les apparences du gain, de la réussite et du progrès. Sous cette façade de vouloir bien faire dans ce monde, l’homme cherche à prouver qu’il est meilleur que les autres. Cette quête peut lui offrir une réussite éphémère dans ce monde, mais ruine ses chances d’atteindre le bonheur éternel. L’Islam encourage l’usage des talents et moyens, offerts par Dieu, pour réussir et progresser, mais condamne l’ignoble motivation à vouloir surpasser les autres.
Voici quelques symptômes de ce dangereux mal qu’est l’exaltation de soi :
1. Déception face aux progrès et à la réussite des autres, dans les domaines qui nous sont chers comme le savoir, la réussite professionnelle, la richesse etc…
2. Réticence à vanter et à apprécier les qualités et les performances des autres.
3. Être toujours dans l’expectative d’être loué par les autres et d’être traité avec beaucoup de respect.
4. Profiter de chaque opportunité pour afficher et se vanter de ses réussites.
Il est raconté que durant la période de califat de l’Imam Ali (a), l’Imam allait souvent au marché pour aider les gens. Mis à part le fait de guider les égarés et d’aider les plus faibles, l’Imam profitait de l’opportunité pour conseiller et avertir le peuple. Il s’approchait des marchands et des commerçants et leur récitait le verset cité plus haut. Penser à ce verset dissuade les plus riches de se sentir supérieurs aux plus démunis. L’Imam lui-même, était un modèle dans l’application de ce verset. Sa position d’Imam et de Calife ne l’empêchait pas d’aller au marché et d’aider les nécessiteux.
L’Imam Jaffar al-Sadiq (a) pleurait en récitant ce verset et disait : Par Allah, tous mes espoirs en ce monde ont été refoulés par ce verset. Ceci nous démontre que toutes les espérances que l’on pourrait avoir pour ce monde, désir de réussite et d’accumulation de biens, pour acquérir une certaine supériorité sur les autres sont en contradiction avec ce verset. Le Paradis dans l’au-delà est strictement réservé pour ceux qui n’ont aucun désir d’exaltation en ce monde.
Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (ed.), Tafsīre Namune; Aghā Muhsin Qarā’atī Kāshānī, Tafsīre Nūr