Réflexion Coranique No. 338 Āyat 23 :106 – L’excuse d’une vie misérable

قَالُوا رَبَّنَا غَلَبَتْ عَلَيْنَا شِقْوَتُنَا وَكُنَّا قَوْمًا ضَالِّينَ  

Qālū rabbanā ghalabat ‘alaynā shiqwatunā wakunna qawman dāllīn  

Ils dirent : « Seigneur ! Notre malheur nous a vaincus, et nous étions des gens égarés. »

 (Surat al-Mu’minūn, No 23, Āyat 106)

Au Jour du Jugement, les gens donneront de nombreuses excuses pour le mal qu’ils auront commis dans ce monde. Ils blâmeront Shaytan, les gens, leur situation géographique et d’autres circonstances qui, selon eux, les ont empêchés de suivre le droit chemin. Ce sera une vaine tentative d’éviter les conséquences de leurs actes. Leurs excuses ne seront bien sûr pas acceptées.

L’une de ces excuses consistera à reporter la responsabilité de leurs actions personnelles sur leur misère ou une malchance intérieure, mentionnée dans le verset ci-dessus par le terme de ‘shiqwah’. Ces personnes reconnaissent leur égarement mais refusent d’admettre leur culpabilité. Elles blâment leur misère ou un état intérieur de malheur. Shiqwah (qui peut également se traduire par le terme malchance) est l’opposé de « sa‘adah » (chance). Le terme Shiqwah fait référence à une situation qui mène à une conséquence négative, à des problèmes et à des difficultés. D’autre part, le terme Sa‘adah fait référence aux causes qui permettent aux évènements favorables de se mettre en place. Il semblerait que le sa‘adah et le shiqwah échappent tous les deux au contrôle de l’être humain. Certains pensent qu’il s’agit d’une chose avec laquelle on naît. Cependant, cela est faux. Cette croyance va à l’encontre des enseignements de nos Prophètes concernant le libre arbitre et la responsabilité de l’Homme.

Selon Allāmah Tabātabā’ī, sa‘adah fait référence à tout ce qui arrive de bon à l’être humain et shiqwah serait l’absence de cela. Il dit que comme les gens attribuent leurs misères à leur propre personne (notre malheur dans le verset ci-dessus), cela est un signe qu’ils réalisent qu’ils ont joué un rôle dans ce malheur. Ce serait le résultat des mauvais choix faits par le passé. Cependant, ils pensent également qu’ils ont été dominés par leur malchance comme si leur âme était une feuille de papier prenant la couleur de la chance ou de la malchance. Ils prétendent que le malheur est arrivé jusqu’à eux et a pris une grande place dans leur vie. Alors qu’en réalité cette malchance n’est que la conséquence du tort qu’ils ont commis. Le fait d’avouer que cet état de malchance les a dominés est une reconnaissance du fait que cela ne faisait pas partie intégrante de leur personne mais que cela venait plutôt de l’extérieur. Ils l’ont invité à eux par leurs actions.

Sa‘adah et shiqwah ne sont rien de plus que le résultat des pensées, des paroles et des actions de l’être humain. Lorsque le Prince des Croyants Imam Ali ‘alayhis-salam écrivit à Malik al-Ashtar, le gouverneur qu’il avait envoyé en Egypte, il commença sa lettre ainsi :

 Voici ce que le serviteur d’Allah, ‘Ali, Amīrul Mu’minīn, a ordonné à Malik ibn al-Harith al-Ashtar en le nommant Gouverneur d’Egypte pour la collecte de ses revenus, la lutte contre ses ennemis, la recherche du bien parmi ses gens ainsi que dans le but de rendre la ville prospère. Il lui a ordonné de craindre Allah, de préférer Lui obéir à toute chose et de suivre ce qu’Il a commandé dans Son Livre (Coran), que ce soit ce qu’Il a rendu obligatoire ou facultatif. Personne ne peut atteindre la réussite (yas’adu) sans suivre cela, et on ne peut être malheureux (yashqa) qu’en s’y opposant ou ignorant cela. (Lettre 53, Nahjul Balāgha – traduit de l’anglais).

Les fondements du bonheur ou du malheur d’une personne se trouve dans son attitude envers Allah ‘azza wajall. Dans le Du‘ā ‘Arafah, l’Imam Husayn (a) dit : Ô Allah, fais en sorte que je Te craigne comme si je Te voyais, rends-moi heureux par ma piété à Ton égard, ne me fais pas souffrir à cause de ma désobéissance à Toi. Il peut donc y avoir certains facteurs dans la vie qui augmentent les difficultés comme les gènes, l’éducation, certaines personnes dans notre entourage, etc… Mais il a été donné à l’être humain la possibilité de surmonter tout cela et de transformer la misère. Cela constitue un défi et un test et ne détermine en rien l’éventuel dénouement.

Rappelons-nous grâce à ce verset que rien ni personne ne peut être responsable de nos mauvaises actions. La misère et les difficultés ne dépendent que de nos actions et par les bonnes actions et le tawfīq d’Allah, nous pouvons éviter qu’ils nous égarent.

Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al Mīzān ; 

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