وَإِذَا لَقُوكُمْ قَالُوا آمَنَّا وَإِذَا خَلَوْا عَضُّوا عَلَيْكُمُ الْأَنَامِلَ مِنَ الْغَيْظِ ۚ قُلْ مُوتُوا بِغَيْظِكُمْ
Wa-idhā laqūkum qālū āmannā wa-idhā khalaw ‘addū ‘alaykumul-anāmila minal-ghayzi. Qul mūtū bighayzikum Et lorsqu’ils vous rencontrent, ils disent : « Nous croyons » et une fois seuls, de rage contre vous, ils se mordent le bout des doigts.
Dis : « mourrez de votre rage ».
(Sūrat Āli Imrān, No 3, Āyat 119)
Les hypocrites de Médine nourrissaient beaucoup de haine contre les croyants. Lorsqu’ils
les rencontraient, ils faisaient semblant d’être avec eux mais lorsqu’ils se retrouvaient seuls
ou dans leurs propres groupes, ils déclaraient ouvertement leur haine. L’intensité de leur
haine était telle que ce verset la décrit par l’expression se mordre le bout des doigts. Selon
le Tafsir Majma ‘al-Bayan, ce n’est qu’une analogie, cela ne signifie pas qu’ils se mordaient
réellement le bout des doigts, mais leur rage était la même que celle d’une personne qui
ferait cela.
Il est nécessaire de comprendre certains termes utilisés dans ce verset.
Le mot ‘addu fait référence au fait de mordre avec pression. Le mot anamila signifie le
bout des doigts. Ghayz est plus qu’un simple ‘ghadab’. Ce dernier signifie colère, alors que
le premier serait un mélange de colère, de haine, de dépit, etc… Ici, il renvoie à une
émotion perverse et intense qui réside dans un cœur dépourvu de tout bien. Un cœur
scellé, qui ne peut percevoir la vérité et endurci, qui ne peut ressentir de l’empathie pour
les autres. Il y a un désir de nuire et un sentiment de fureur en voyant les autres
progresser. Cette analogie représente donc une personne si énervée et frustrée qu’elle
serait capable de se blesser. L’origine de cette émotion vient du fait de voir le succès des
croyants. Allāmah Tabātabā’ī dit que cette analogie est utilisée pour exprimer le regret et le
chagrin extrêmes d’une personne, sentiments qui découlent de la rage.
Le mot ghayz est utilisé à quelques reprises dans le Coran pour montrer les différentes
nuances de cette émotion :
1. Qui dominent leur rage (Q 3 : 134). Ce verset décrit ceux qui font le bien, l'une de
leurs qualités étant la capacité de contrôler la rage.
2. Et Il fera partir la colère de leurs cœurs (Q 9 :15). Ce verset parle de la victoire au
combat. Le succès contre les ennemis dissipa la douleur et la colère ressenties par
ceux qui avaient souffert de leurs mains.
3. Et Allah a renvoyé, avec leur rage, les infidèles (Q 33 :25). Lors de la bataille d’Ahzāb, les
ennemis ont été forcés d'accepter la défaite et la retraite. Ils l'ont fait avec un
sentiment de colère et de regret.
Dans le verset 3 : 119, il est demandé au Prophète (s) de dire aux hypocrites : «
Mourrez de votre rage ». C'est un message pour les croyants. Au lieu d'être
intimidés par une telle rage, les croyants devraient la déprécier. La déclaration forte
de « continuer à être en colère » ne concerne que les personnes dotées de cette
faible et perverse caractéristique. Cela signifie que leur rage n’arrêtera pas le
progrès des croyants – si Allah ‘azza wajall le veut. Ils pourraient conserver leur rage
et rester dans cet état jusqu'à la fin de leurs jours, mais cela ne fera aucune
différence pour les croyants. Au contraire, cela ne ferait que ruiner les hypocrites.
Ce verset est une indication importante de l'intensité de la rage que les hypocrites ont
pour les croyants. Ils ont de la haine et de la rancune contre eux et complotent
constamment pour les affaiblir. Cela n'est vrai que pour un peuple qui déteste activement
les croyants et leur religion, pas pour tous ceux qui ne croient pas. Mais c'est un
avertissement pour les croyants de ne pas se montrer complaisants. Nous devons être
attentifs à cela et reconnaître les signes si présents dans notre société aujourd'hui. Il y a
beaucoup de haine contre les croyants et la force et l'unité de la Oumma ne font que
l'augmenter. Rappelons-nous de cette analogie et soyons prêts à contrer les complots des
ennemis.
Sources : Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma‘ al Bayān ; Allāmah Muhammad Husayn
Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Agha
Muhsin Qarā’atī, Tafsīr-e Nūr