Am anā khyarun min hādhal-ladhī huwa mahīnun walā yakādu yubīn
Ne suis-je pas meilleur que ce misérable qui sait à peine s’exprimer ?
(Sūrat al-Zukhruf, No.43, Āyat 52)
Ce verset fait partie de la réponse que Fir’awn a donné au Prophète Moussa ‘alayhis Salām. Quand le prophète vint à sa cour et l’invita à croire en un seul Dieu, Fir’awn se moqua de lui. Il montra son royaume et les rivières qui coulaient sous ses pieds. Il se tourna ensuite vers Moussa (a) et se moqua de l’apparence modeste du prophète.
Dans ce verset, Pharaon dénigre le prophète en soulignant deux prétendues faiblesses en lui:
1) « Mouhīn » signifie indigne ou méprisé – c’était une référence aux classes sociales de cette époque. Les riches et les puissants appartenaient à la classe supérieure, tandis que les travailleurs et les pauvres appartenaient à la classe inférieure. Cela pourrait aussi faire référence au fait que le prophète Moussa appartenait à la tribu des Banou Israël, les esclaves de Fir’awn. Pour Fir’awn, ces critères déterminaient la supériorité ou l’infériorité d’une personne. Le verset d’après renforce le propos qu’il essaie de faire valoir. Il demande pourquoi le prophète n’a pas de bracelets en or. Ou des anges pour l’escorter s’il est vraiment le prophète de Dieu. Ce sont ces signes apparents et superficiels qui importent, selon Firawn.
2) « Yakādou youbīn » – il ne peut pas parler clairement ou balbutie. Cet «défaut» de Moussa, souligné par Fir’awn, est qu’il ne peut pas s’exprimer clairement. Ceci fait référence au bégaiement du prophète Moussa. Il l’avait reconnu lorsqu’il avait été chargé de la mission et avait prié pour que sa langue soit fluide. Il avait prié son Seigneur : ‘Et détache le nœud de ma langue, afin qu’ils comprennent mieux mon discours.’ (Q 20:27 et 28) Selon le Tafsīr Namūne, cette prière du prophète Moussa avait été exaucée et il était capable de parler clairement devant le parvis de Pharaon, car Allah «azza wajall » répond: ‘Tout ce que tu as demandé a été accordé, O Moussa!’ (Q 20 :36) La référence pourrait pointer son défaut de locution antérieur. Une autre possibilité est que ce soit une référence aux différents dialectes parlés par le prophète Moussa.
La phrase « Je suis meilleur que. . . » est attribuée dans le Coran à Shaytān et à Fir’awn. Ce sont les mots de ceux dont le jugement intérieur est assombri par la cupidité, l’égocentrisme et l’égoïsme. Ils sont incapables de discerner les vrais signes de supériorité. Avoir des richesses provenant de sources illégales et un pouvoir dérivé de l’oppression sur les autres est en réalité une question d’humiliation et de disgrâce, si seulement les gens se rendaient compte !
Ce verset nous montre la tactique de ceux qui se considèrent comme des “superpuissants”. Ils comptent sur la richesse, le pouvoir, les vantardises et les menaces pour tenter de maîtriser les autres. Ils dédaignent les autres et méprisent les aspects intrinsèquement et essentiellement humains. Ils font appel aux instincts de base de leurs adeptes et exploitent leur crédulité. Ce qu’ils ne réalisent pas, c’est que leurs stratégies reposent sur des bases fragiles qui finissent par s’effondrer.
Laissons ce verset nous rappeler de ne pas être pris au piège des intimidations des puissants. Ce n’est pas une nouvelle tactique. L’Histoire présente de nombreux exemples. Leur fin montre que la victoire ultime est pour Dieu et les pieux.
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr ; http://www.alketab.org/