وَمَنْ يُوقَ شُحَّ نَفْسِهِ فَأُولَٰئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ
Waman youqa shouhha nafsihi faulā’ika houmoul-muflihoū
Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent.
(Sūrat al-Hashr No.59, Āyat 9)
Ci-dessus une partie d’un verset qui décrit les personnes désintéressées, disposées à donner aux autres même lorsqu’elles sont elles-mêmes dans le besoin. À la fin du verset Allah ‘azza wajall dit que celui qui se préserve de la convoitise de l’âme a réussi.
Certains éléments à comprendre dans ce verset :
1) ‘Shouhha’ – souvent traduit par avidité, négligence, convoitise, etc. Il s’agit d’une âme cupide et avare. Non seulement la personne veut tout pour elle-même, mais en plus ne tolère pas d’avoir à le partager avec autrui. Cette attitude n’est pas simplement occasionnelle, elle est plutôt devenue une habitude de l’âme.
L’imam Sadiq (a) a un jour demandé à son compagnon : « Savez-vous ce qu’est un Shāhih (quelqu’un avec du Shouhha)? » Le compagnon a répondu : « Celui qui est avare». L’Imam a dit: le Shouhha est pire que l’avarice. L’avare est avare avec ce qui lui appartient. Mais le Shahih convoite non seulement ce qui est entre ses mains mais également ce qui se trouvent dans celles des autres. Il désire tout ce qui appartient aux autres, par n’importe quels moyens, halal ou haram, et ne se contente donc pas de ce qu’Allah soubhānahou wa-ta’āla lui a donné. (Tafsīr-e Namoūneh sous le verset 59 : 9)
Dans un autre hadith, nous lisons : La foi et la convoitise ne peuvent pas être combinées dans un même cœur. (Ibid)
La convoitise vient d’un attachement au matérialisme. Tout ce que les autres possèdent paraît très attirant. Il s’agit d’un manque de contentement dans la vie. Plus grave encore, ceci est l’expression d’un manque de croyance et de confiance en Allah (swt).
2) La phrase «youqa shouhha nafsihi» nous dit que cette protection est accordée à l’âme. Youqa vient de ‘wiqāyah’ – protéger, sauver et se prémunir des dangers. Quiconque est capable de vaincre la convoitise de l’âme se voit accorder une protection spéciale par Dieu. Une telle personne est protégée de l’étroitesse d’esprit et de l’avarice et s’empresse de donner de ce qu’elle possède. Elle n’est pas non plus affectée de voir les autres posséder ce qu’elle aimerait avoir. Eduquer son l’âme et l’empêcher de s’abaisser à ce genre de défaut est un réel succès. Allah (swt) caractérise ces gens comme ceux qui ont vraiment réussi.
Quand une personne a foi en Allah, ‘azza wajall, cela incut la confiance en Lui et le contentement de Son décret. Naturellement, cela réduit et élimine même la convoitise. Il est important de comprendre que la faveur de la protection de l’âme n’est pas un cadeau donné au hasard par Dieu. C’est le résultat naturel d’une âme qui s’incline vers son créateur et réalise sa propre dépendance – et celle de tous les autres – vis-à-vis d’Allah le Tout-Puissant. Tel est le système créé par Allah. Si nous croyons en lui et nous nous tournons vers Lui, cela aura des conséquences pour notre âme, des conséquences positives, parmi lesquelles le manque d’avidité et d’avarice. La protection de l’âme est un résultat direct du choix fait par l’être humain.
Laissons ce verset nous rappeler la bassesse de la cupidité et de l’avarice. Protégeons-nous de cela par le souvenir accru d’Allah et le renforcement de la foi. Cela nous permettra d’être heureux avec ce que nous avons et d’être disposé à donner aux autres, plutôt que de vouloir ce qu’ils ont. Ce sont les ingrédients pour une vie heureuse, à la fois dans le monde d’ici-bas et dans l’au-delà.
Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; http://www.alketab.org/