Walladhīna kadhdhabū bi-āyātinā sanastadrijuhum min hathyu lā ya‘lamūna
wa-umlī lahum; inna kaydī matīn
Ceux qui traitent de mensonges Nos enseignements, Nous allons les conduire graduellement vers leur perte par des voies qu’ils ignorent. Et Je leur accorderai un délai, car Mon stratagème est solide!
(Sūrat al-A‘rāf, No.7, Āyat 182-183)
Allah subhānahu wa-ta‘ālā ne punit pas les injustes instantanément après leurs péchés. Il leur accorde un délai. Ce délai peut amener vers deux voies. Soit, le pécheur va se réveiller et retournera vers Dieu. Soit, il s’engloutit davantage dans les péchés et causera sa perte. De manière générale, ce délai peut être perçu comme une faveur de Dieu. Alors qu’en réalité, cela représente un risque supplémentaire pour commettre plus de péchés et édifier sa propre destruction.
Dans le verset ci-dessus, les mots suivants doivent être étudiés:
1) ‘Sanastadrijuhum’ – Istidrāj signifie aller pas à pas. C’est un mouvement progressif dans un sens. Dans le contexte de ce verset, cela signifie un mouvement en crescendo vers la destruction, soit dans ce monde, soit dans l’Au-delà. Le mouvement n’est pas manifeste et l’éventuelle destruction apparaît de manière inattendue, la rendant encore plus dangereuse.
Pendant ce délai, le rappel d’Allah ‘azza wa-jall et de l’Au-delà s’éloigne des cœurs à travers l’immersion profonde vers les plaisirs mondains. Cela entraîne un vide à l’intérieur de soi, qui s’emplit d’autres formes de perception de joie. Lorsque ces distractions n’atteignent pas cet objectif, il se crée une agitation et un déséquilibre interne. La quête pour apaiser ce désir interne conduit vers une descente engendrant aussi bien la destruction de l’individu que celle de la société. Tout cela se produit dans une inconscience totale de la cause réelle de cette perte.
Le Coran avertit les croyants de ne pas se laisser duper par l’apparence trompeuse de ce délai. Que ne t’abuse point la versatilité [pour la prospérité] dans le pays, de ceux qui sont infidèles. Piètre jouissance! Puis leur refuge sera l’Enfer. Et quelle détestable couche! (Q 3 :196-197)
2) ‘Umlī lahum’ – le mot imlā signifie accorder un délai. Une occasion et du temps supplémentaires pour commettre plus de péchés. Cela est un signe d’éloignement de la miséricorde d’Allah le Tout Puissant. Ceux qu’Il chérit seraient confrontés à des épreuves plutôt qu’à un répit. Les épreuves les feraient retourner vers Dieu. Le répit par contre, incite souvent à commettre d’autres péchés. Le Tafsīr Nūr al-Thaqalayn cite un Hadith de al-Kāfī d’Imam al-Sādiq (a) : Quand Allah veut le bien d’une personne, Il fait suivre le péché par une punition, afin que la personne se repente. Mais quand Il ne veut pas le bien pour une personne, Il ajoute au péché commis une bénédiction et la personne oublie de demander pardon. Le délai est accordé à un moment bien précis, uniquement décrété par le Tout-Puissant, le verbe utilisé est donc au singulier: Je vais accorder un délai.
Les oppresseurs de l’Histoire et des époques contemporaines sont affligés par cette punition mais ne s’en rendent pas compte. Dame Zainab (a) le rappela à Yazīd quand elle déclara devant la cour de Damas : ‘Tu es devenu arrogant parce que tu as vu que les choses s’étaient harmonisées selon ta convenance. Tu as de ce fait oublié ce qu’Allah (swt) dit : Que ceux qui sont infidèles ne considèrent point que ce que Nous leur impartissons comme délai soit un bien pour eux, ce que Nous leur impartissons comme délai est destiné à ce qu’ils grandissent en péché, Ils auront un tourment avilissant. (Q 3 : 178)
Ce verset est un rappel pour la société – à la fois pour les oppresseurs et les opprimés. Et pour ceux qui regardent impuissants. Le délai est une occasion pour opprimer davantage mais la fin a été décrétée et viendra à l’improviste.
Sources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; Abd ‘Ali b. Jumu‘a al-‘Arusi al-Huwayzi, Tafsīr Nūr al-Thaqalayn