Qālū lā dhayra innā ilā rabbanā munqalibūn
Ils disent: «Il n’y a pas de mal! Car c’est vers notre Seigneur que nous retournerons.
(Sūrat al-Shu‘arā, No.26, Āyat 50)
La reconnaissance de la vérité grâce à la hidāyah (la guidance divine) peut avoir un impact significatif sur le comportement d’une personne. Cela peut être transformateur : la compréhension de la vérité est acquise soit de manière progressive, soit de manière instantanée. Cette dernière est présentée de façon manifeste dans l’histoire des magiciens de la cour de Fir’awn (Pharaon).
L’histoire, telle relatée dans le chapitre coranique al-Shou‘arā, à partir des versets 41-51, dresse un portrait d’hommes qui étaient en admiration devant Pharaon et cherchaient à lui plaire. Ils étaient des magiciens compétents et formés dans leur domaine. Pharaon se servait d’eux pour tromper son peuple et renforcer son pouvoir. Maintenant, il voulait qu’ils réfutent la validité de la revendication de Moïse en tant que Messager de Dieu. Le jour choisi pour cette rencontre était un jour de fête afin qu’un grand nombre de personnes puisse y assister.
Les magiciens demandèrent une récompense avant de commencer la compétition avec Nabī Moussa ‘alayhis salām: Y aura-t-il vraiment une récompense pour nous, si nous sommes les vainqueurs? (Q 26:41). Pharaon leur dit qu’ils seraient proches de lui: Oui, bien sûr, vous serez alors parmi mes proches! (Q 26:42). Quand Moussa réussit à les surpasser à travers la transformation de son bâton en serpent, les magiciens réalisèrent la preuve évidente de sa revendication. Ils tombèrent prosternés instantanément. Cela irrita Pharaon car c’était une atteinte explicite à son pouvoir devant son peuple. Il les menaça de torture et de mort.
La réponse des magiciens est intrigante. ‘Il n’y pas de mal’ dirent-ils. Les mots ‘la-dhayr’ peuvent se traduire par peu importe, pas grave, d’accord. Pourquoi les menacent ne les atteignirent-ils pas, cela est révélé dans les mots qui suivent, ‘c’est vers notre Seigneur que nous retournerons’. L’anticipation du Retour vers le Seigneur annule la négativité de la sentence, y compris la torture, ils peuvent y faire face. Les menaces mondaines ne peuvent pas les affecter dans leur vie de l’au-delà.
Selon Agha Mohsin Qarā’atī, les mots ‘la-dhayr’ montrent que:
a. la Foi dans l’Au-delà change les horizons de la pensée.
b. Retourner vers Allah ‘azza wa-jall à travers le martyre n’est ni un préjudice, ni un anéantissement.
c. La foi à travers la reconnaissance de la vérité renforce la décision et immunise une personne contre la peur des autres.
Ce verset montre une transformation étonnante dans le comportement des magiciens: d’une situation où ils désiraient plaire à Pharaon et attendaient une récompense de sa part à celle d’un désir ardent de retourner à leur Véritable Seigneur avec une totale indifférence face aux jugements et menaces de Pharaon. Ils comprennent que la souffrance qu’ils peuvent endurer est éphémère tandis que la satisfaction et la récompense d’Allah subhānahu wa-ta‘āla sont éternelles. La reconnaissance de la vérité a pu être provoquée par l’instinct naturel et inhérent qui sommeillait en eux. Elle se manifesta explicitement par le témoignage du miracle. Cela peut également s’expliquer par le fait que ces personnes étaient instruites et compétentes et pouvaient faire la distinction entre les tours qu’ils avaient eux-mêmes joués et le miracle divin réalisé par le Prophète Moussa. Ainsi, l’histoire démontre l’importance de s’incliner vers les instincts naturels et de rechercher la connaissance. Ils jouent tous les deux un rôle fondamental dans la reconnaissance de la vérité.
Récitons ce verset pour nous rappeler que rien ne peut nous nuire tant que notre retour à Allah se fait dans un état de croyance et de soumission à Lui. Voilà une leçon que nous pouvons tirer des magiciens de Pharaon.
Sources: ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr; http://www.alketab.org/