Wa-ad‘ū Rabbī ‘asā allā akūna bidu‘ā’i Rabbī shaqiyyā
…et j’invoquerai mon Seigneur. J’espère ne pas être malheureux dans mon appel à mon Seigneur.
(Soūrat Maryam, No.19, Āyat 48)
Lorsque Abraham (Nabi Ibrahim ‘alayhis salam) s’est entretenu avec son oncle Azar au sujet de la croyance en Un Dieu Unique, celui-ci refusa de l’écouter et le menaça. Abraham déclara à ce moment qu’il allait donc s’éloigner d’eux et se tourner vers Allah ‘azza wa-jall.
Dans le verset ci-dessus, il exprime sa confiance en Allah, en disant qu’il L’invoquera et qu’il espère ne pas être déçu. Le Saint Prophète sallallahou ‘alayhi wa-alihi wa-salam avait recours à ce verset pour rappeler aux Musulmans la nécessité de continuer à prier avec l’espoir d’être entendu. Il disait : Puisse Allah faire miséricorde au serviteur qui invoque avec persistance Allah, Le Très-Elevé, Le Majestueux, pour ses besoins, qu’ils soient exaucés ou pas. Et ensuite, il récitait le verset précité. (Al-Kāfī, v.6, p.375, H.6 – traduit de l’anglais)
Ce verset fait mention de quelques points importants concernant l’attitude du croyant lors de ses supplications. Le mot ‘assaa signifie peut-être, éventuellement. Il y a donc une possibilité que la supplication soit acceptée. Il n’y a cependant pas de certitude qu’Allah acceptera cette invocation, même si elle est formulée par un Prophète.
Le croyant doit toujours osciller entre l’espoir et la crainte. L’espoir en Allah lui permet d’exprimer son amour et sa confiance envers son Seigneur et cela motive ses bonnes actions. La crainte le pousse à agir avec prudence et retenue. Ensemble, ces deux sentiments permettent au croyant de rester sur le droit chemin. Imam Ja‘far as-Sadiq (a) dit : Espérez en Allah de telle sorte que cela vous dissuade de Lui désobéir et craignez-Le de telle sorte que cela vous empêche de désespérer de Sa Miséricorde. (Bihārul Anwār, v. 70, p. 384, H. 39 – traduit de l’anglais). Il a dit également : Mon père avait pour habitude de dire ‘il n y a pas de serviteur croyant qui n’ait deux lumières dans son cœur, une lueur de crainte et une lueur d’espoir, si elles étaient mesurées, l’une n’excéderait pas l’autre.’ (Al-Kāfī, v. 2, p.67, H. 1 – traduit de l’anglais).
Sayyid Mahdi al-Sadr dit dans son livre The Ahlul Bayt: Ethical Role Models (Les Ahloul Bayt : des Rôles modèles dans le domaine de l’Ethique) : « L’espoir…correspond à la seconde aile, la première étant la crainte, avec lesquelles les croyants volent dans les horizons de l’obéissance à Dieu. »
L’espoir en Allah lors des invocations doit se baser sur certains fondements. Des conditions prérequises au Dou’a, telles que la soumission, la reconnaissance, la gratitude, le désir d’être pardonné, etc… sont absolument nécessaires et doivent accompagner l’invocation. Al-Sadr dit également : « L’espoir correspond à l’attente d’une chose qui nous est chère, dont la préparation a déjà était faite, tel que rendement d’une terre qui a déjà été ensemencée, arrosée, contrôlée. Avoir de l’espoir dans le cas où les dispositions nécessaires ne seraient pas prises, serait une ineptie. »
A noter également que le mot Rabbi est répété deux fois dans ce verset. Abraham invoque Allah en utilisant les termes « mon Seigneur et mon Pourvoyeur ». Ceux-ci indiquent une forme de proximité dans la relation, une dépendance et de la confiance. Cette manière de s’exprimer lie le serviteur à son Seigneur et élimine toute autre source d’espoir. Ceci fait partie de l’étiquette du Dou’a.
Le mot shaqiyyah signifie être déçu, qui n’a pas été béni ou qui traverse des difficultés. Son contraire, sa’id, signifie chanceux ou béni. Le Prophète Abraham dit qu’il espère que son invocation le délivrera des difficultés et le rendra heureux. La douceur de la supplication, soit la connexion entre un serviteur et son réel Seigneur qui a pouvoir sur toute chose, est en soit une annihilation de la détresse du serviteur avant même que la réponse ne soit reçue.
Récitons ce verset avec nos invocations en ce mois de Shaban et encore plus intensément durant le mois béni de Ramadhan. Ayons l’espoir de ne pas être déçu, comme Abraham l’a exprimé si magnifiquement à travers ce verset. Cela nous apportera inshāAllah plus de paix et de tranquillité lors de nos invocations.
Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e amūneh ;http://www.alketab.org/
https://www.al-islam.org/