Innahum kānū qabla dhālika mutrifīn
Ils vivaient auparavant dans le luxe.
(Soūratul Wāqiah, n°56, Āyat 45)
Quand Allah azza wa-jall parle des gens de la gauche dans la Soūratoul Wāqiah, Il les décrit comme faisant partie des moutrafīn – des gens qui se sont livrés au luxe et aux plaisirs. Le mot vient de «itrāf» qui signifie être intoxiqué et transgresser à cause de la richesse. Ce type de complaisance entraîne un déclin et une dégradation des valeurs morales et a été la cause de la chute de nombreuses sociétés dans l’histoire.
L’opulence fait référence aussi bien à l’argent qu’à tout autre bienfait par lequel l’être humain puise du plaisir. Quand l’homme transgresse les limites dans sa quête du plaisir et qu’il ne se refuse rien, alors il finit par ne plus tenir compte des conséquences de ses actes dans ce monde et dans l’au-delà. Il n’écoute plus la voix de la fitrat (disposition naturelle) à l’intérieur de lui, ou la raison qui essaye de le guider. La complaisance crée une indifférence ardue qui le rend sourd à la voix de la raison. Le peuple de Āad après avoir été avertis par leur Prophète ont dit: Que tu nous exhortes ou pas, cela nous est parfaitement égal! Ce ne sont là que des mœurs des anciens: Nous ne serons nullement châtiés. (Q 26: 136-138).
La complaisance dûe à la richesse et au plaisir a entraîné la chute de nombreuses sociétés. L’imam Ali alayhis salām s’est exprimé contre cela quand il a vu la communauté musulmane suivre ce chemin. Il a senti les dangers de l’acquisition de grosses fortunes et a lutté contre cela à travers ses sermons et ses lettres, mais surtout à travers son propre exemple. Il dit: ” Méfiez-vous de l’ivresse induite par la richesse et craignez le désastre qui s’en suivra.” (Nahjul Balāgha, Sermon 51 – traduit de l’anglais). Il dit aussi dans le Sermon 129: Regardez autour de vous; vous verrez soit un homme pauvre suffocant dans l’extrême pauvreté ou un homme riche ayant transformé les bénédictions de Dieu en une infidélité à Son Egard, ou encore vous verrez un homme cupide avare de s’acquitter des obligations imposées par Dieu pour en augmenter sa propre richesse, ou alors vous trouverez des rebelles dont les cœurs indisciplinés sont sourds au blâme moral. (Traduit de l’anglais)
Shahīd Mourtadhā Moutahharī écrit à propos de cette campagne de l’Imam Ali contre l’ivresse causé par la richesse: “Ali (a) a lutté pour sauver le monde islamique de ce grave danger et a critiqué sévèrement ceux qui étaient responsables de ce fléau. Il a donné l’exemple d’un style de vie tout à fait différent dans sa propre vie personnelle et durant son califat, il a donné la priorité à la campagne contre ce danger dans son programme révolutionnaire.” (Glimpses of Nahjul Balagha)
Les effets de la complaisance dans la richesse peuvent être vus tout autour de nous. Beaucoup des problèmes actuels de la société sont la marque d’un peuple qui laisse libre cours aux plaisirs matériels et sensuels. Le documentaire Decadence: Le déclin du monde occidental produit par Pria Viswalingam (2011), dépeint les signes de dégradation dans la société occidentale, y compris l’addiction aux antidépresseurs, l’individualisme effréné, l’abandon des églises et la décomposition des familles. Il y a une obsession de la consommation sans peur des conséquences.
Récitons ce verset pour nous rappeler des dangers de la complaisance. Nous ne devrions pas être attirés par l’éclat qui entoure les plaisirs matériels. Il attire les gens et se referme autour d’eux, les rendant prisonniers de leurs désirs. Elle engendre ensuite la décadence de l’individu et de la société. Soyons conscients de ses dangers.
Sources: Imam Ali (a), Nahjul Balagha; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; Murtadhā Mutahharī, aperçus du Nahjul Balagha