Réflexion coranique n°506. Āyat 3:92 – Réflexion sur la qualité du “birr”

Bismillah.

Vous n’atteindrez la (vraie) piété, que si vous faites largesses de ce que vous chérissez. Tout ce dont vous faites largesses, Allah le sait certainement bien.

« Al-Bārr » est l’un des quatre-vingt-dix-neuf beaux noms d’Allah Tout-puissant, signifiant “la source de la plus grande bonté”. Ce nom divin incarne la générosité expansive, la droiture et la miséricorde illimitée. Ces attributs se retrouvent dans leur forme infinie en Allah ‘azza wajall. Il a également accordé à Ses serviteurs choisis la capacité de refléter cet attribut spécial.

Dans le lexique arabe, le terme barr désigne la « terre ». La terre étant généralement vaste et ouverte, le mot birr véhicule le concept d’ouverture et fait référence à des actes de bonté de grande envergure. Selon le Tafsīr-e Namūneh, le Coran décrit le birr comme englobant tous les aspects de la bonté, tant dans la croyance que dans l’action. Le verset du birr définit la croyance en Allah, au jour du jugement et aux prophètes, ainsi que les actes de charité, le soutien aux nécessiteux et l’accomplissement des prières. (Q 2:177)

Le verset dans son contexte met en lumière un pilier essentiel du birr : Donner généreusement dans la voie d’Allah ne signifie pas donner n’importe quoi ou donner ce que l’on n’apprécie pas (Q 2:267). Au contraire, le birr implique une forme particulière de don – offrir ce que l’on aime le plus (mimma tuhibbūn). Cette forme de charité sert à mesurer la foi et la dévotion d’un croyant envers Allah (swt). Ceux qui donnent de cette manière désintéressée sont appelés les abrār dans le Coran.

Lorsqu’une personne donne ce qui lui est le plus cher, cela devient l’un des plus grands actes d’adoration, dépassant même les prières et le jeûne. Le don de richesses est souvent difficile à réaliser en raison du lien profond que les êtres humains entretiennent avec leurs possessions. Le Coran reconnaît cet attachement et nous rappelle que l’état de birr ne peut être atteint qu’en se libérant de ces liens mondains. Allah subhānahu wata’ālā, dans son infinie miséricorde, reconnaît la difficulté de ce sacrifice et promet d’immenses récompenses au paradis pour les abrār.

On rapporte que l’Imam Ali ‘alayhis-salām a un jour acheté un vêtement qui lui plaisait, mais qu’il l’a ensuite donné en charité en disant : J’ai entendu le Saint Prophète (s) dire : « Quiconque donne en charité quelque chose qu’il aime, Allah le récompensera par le paradis » (Majmaʿ al-Bayān, 2:796). Ceux qui dépensent de cette manière ont un objectif plus élevé à l’esprit. Une personne ne peut vraiment donner ce qu’elle aime que si c’est un moyen d’atteindre quelque chose d’encore plus aimé. Cela montre que plaire à Allah (swt) leur est plus cher que de se plaire à eux-mêmes. De telles personnes sont les véritables serviteurs vertueux d’Allah et sont classées parmi les abrār.

Le Coran décrit la récompense de l’abrār comme étant :

(٢٢) إِنَّ الْأَبْرَارَ لَفِي نَعِيمٍ ‎
(٢٣) عَلَى الْأَرَائِكِ يَنظُرُونَ
(٢٤) تَعْرِفُ فِي وُجُوهِهِمْ نَضْرَةَ النَّعِيمِ
(٢٥) يُسْقَوْنَ مِن رَّحِيقٍ مَّخْتُومٍ
(٢٦) خِتَامُهُ مِسْكٌ ۚ وَفِي ذَٰلِكَ فَلْيَتَنَافَسِ الْمُتَنَافِسُونَ

Les bons seront dans [un Jardin] de délice, sur les divans, ils regardent. Tu reconnaîtras sur leurs visages, l’éclat de la félicité. On leur sert à boire un nectar pur, cacheté, laissant un arrière-goût de musc. Que ceux qui la convoitent entrent en compétition [pour l’acquérir]. (Q 83:22–26)

Sayyida Fatima ‘alayhas-salaām a illustré le birr par son altruisme. Lors de sa nuit de noces, lorsqu’un mendiant s’est approché d’elle pour lui demander une robe, elle a donné sa nouvelle robe de mariée. Le Coran rend également hommage à son sacrifice lorsque, avec sa famille, elle a donné sa part de nourriture à un mendiant, à un orphelin et à un captif pendant trois jours consécutifs. Allah (swt) fait l’éloge de cet acte dans le Saint Coran :

وَيُطْعِمُونَ الطَّعَامَ عَلَىٰ حُبِّهِ مِسْكِينًا وَيَتِيمًا وَأَسِيرًا

Et offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l’orphelin et au prisonnier (Q 76 :8).

Alors que nous commémorons l’anniversaire de la mort de la dirigeante des femmes du monde, nous prions Allah d’instiller en nous la qualité de la bonté (birr) et de faire de nous des abrār – ceux qui donnent avec des cœurs et des mains ouverts. Puissions-nous être parmi les justes qui soutiennent les opprimés et s’efforcent de hâter la réapparition de l’Imam Al-Mahdī ‘ajjallāhu farajah. Āmīn

Ressources: ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; Majlisi, Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma‘ al-Bayān; Fakhr al-Dīn al-Rāzī, Tafsīr al-Kabīr.