Bismillah.
وَلَكُمْ فِي الْقِصَاصِ حَيَاةٌ يَا أُولِي الْأَلْبَابِ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ
C’est dans le talion que vous aurez la protection de la vie, ô vous doués d’intelligence, peut-être vous préserverez-vous.
(Sūrat al-Baqarah No. 2, Āyat 179)
La loi pénale selon la tradition islamique diffère considérablement de ce que l’on peut retrouver dans le Droit Commun ou dans la Législation civile auxquels adhèrent la plupart des nations de nos jours. En Islam, les différentes catégories de crimes sont classées dans différents chapitres de la jurisprudence islamique. Il arrive qu’une certaine punition soit définie pour des péchés spécifiques et qu’elle soit présentée dans le chapitre intitulé hudūd. La punition pour certains autres péchés n’a pas été clairement mentionnée, et la décision a été plutôt laissée à la discrétion du juge. De tels châtiments sont connus sous le nom de ta’zīrāt. L’attention dans ces deux chapitres est en grande partie portée sur les actions immorales et les transgressions publiques contre Dieu Tout-Puissant, tandis que les deux chapitres du qisās et de la diyāt traitent de leur côté des crimes perpétrés contre d’autres individus. La diyāt fait référence aux situations où le prix du sang doit être payé à la victime ou à ses héritiers, et on parle de qisās lorsque la victime ou ses héritiers pourraient choisir la vengeance contre le criminel.
Dans le verset ci-dessus de la Sūrat al-Baqarah, le Noble Coran dit que les lois du qisās préservent la vie. Cela pourrait signifier que les lois du qisās contrôlent le besoin des gens de se venger, l’empêchant de devenir incontrôlable. Par exemple, au lieu de se venger d’une tribu entière, seul l’individu coupable qui a accompli le crime peut subir des représailles. Ou peut-être le verset indique que la préservation de ces lois dans la société agit comme une dissuasion, empêchant les gens de verser injustement le sang d’autrui par peur du qisās. Cette compréhension s’accorde bien avec la fin du verset si le mot ‘tattaqūn’ est traduit de façon à signifier se préserver, comme cela a été fait ci-dessus ; c’est-à-dire que les lois du qisās empêchent les gens de s’entretuer. Notons que le mot tattaqūn est un verbe dérivé du nom taqwā. Alors que ce mot est souvent utilisé dans le Coran pour signifier piété et crainte de Dieu, son sens littéral est préserver et protéger et donc le traduire ainsi est également approprié.
Le qisās est un droit octroyé à la victime lorsque certaines parties de son corps ont été amputées ou blessées. En raison de ce droit, la victime peut choisir le talion en blessant elle-même le criminel exactement de la même manière qu’elle a été blessée. Comme cela est mentionné dans la Sūrat al-Mā’idah, de telles lois étaient également prescrites dans les religions Divines précédentes :
وَكَتَبْنَا عَلَيْهِمْ فِيهَا أَنَّ النَّفْسَ بِالنَّفْسِ وَالْعَيْنَ بِالْعَيْنِ وَالْأَنفَ بِالْأَنفِ وَالْأُذُنَ بِالْأُذُنِ وَالسِّنَّ بِالسِّنِّ وَالْجُرُوحَ قِصَاصٌ ۚ فَمَن تَصَدَّقَ بِهِ فَهُوَ كَفَّارَةٌ لَّهُ ۚ
Et Nous y (la Thora) avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. (Q 5 :45)
Selon ce verset, la victime ou ses héritiers qui disposent de ce droit, ne sont pas obligés de s’y conformer. Ils peuvent choisir d’y renoncer, et de tout simplement pardonner le criminel ; ou ils peuvent choisir un accord financier en demandant le prix du sang au lieu de représailles.
Le qisās est également un droit accordé aux héritiers d’une victime d’homicide, permettant à l’un des héritiers de prendre revanche par lui-même en exécutant l’assassin. Le qisās comporte beaucoup de conditions et détails sur la façon dont cela doit être entrepris et ils sont pour la plupart hors de la portée de cet écrit. Par exemple, cela doit être accompli uniquement sous la supervision et la permission d’un juge. Aussi, un des points clés qu’il faut garder à l’esprit est que le qisās ne s’applique que lorsque le crime a été perpétré intentionnellement. Les crimes accidentels ne peuvent engendrer qu’une compensation financière appelée la diyāt.
Nous prions Allah de nous accorder la compréhension de la sharī’ah bénie. Nous lui demandons par le biais du Noble Coran de nous purifier et de nous bénir de Sa servitude dans nos vies. Nous L’implorons également de libérer le peuple opprimé et colonisé de Palestine.
Sources : ‘Allāmah Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Shahīd al-Awwal, al-Lum’ah ad-Damishqiyyah.