Bismillāh,
يَا أَيُّهَا الْإِنسَانُ إِنَّكَ كَادِحٌ إِلَىٰ رَبِّكَ كَدْحًا فَمُلَاقِيهِ
Ô homme ! Toi qui t’efforces vers ton Seigneur sans relâche, tu Le rencontreras alors.
(Sūrat Al-Inshiqāq, No.84, Āyat 6)
Allah ‘azza wajall décrit le parcours de tous les êtres humains comme un kadh, ce qui signifie « peine, travail ou effort intense. » Divers commentaires soulignent que l’origine du terme se réfère à « une égratignure sur la peau du corps » et est donc aussi utilisé pour désigner les luttes qui laissent une marque sur l’âme. Ce verset décrit la nature de cette vie comme une peine et un effort. Certains peuvent souffrir en obtenant les plaisirs de ce monde, tandis que d’autres peuvent s’efforcer d’atteindre le bonheur éternel dans l’au-delà et de gagner la faveur d’Allah subhānahu wata‘ālā. Par conséquent, la lutte et la souffrance font partie de la vie de chaque individu. Même ceux qui vivent une vie confortable ne sont pas complètement à l’abri de telles expériences. Dans une tradition, l’imam Ali Zaynul ‘Ābidīn alayhis-salām déclare : Le confort n’existe pas dans ce monde ni pour les habitants de ce monde, mais il existe au Paradis et pour les habitants du Paradis.
Si nous considérons la vie d’une plante, elle ne cesse de croître depuis le moment où elle est plantée en tant que graine. Malgré les luttes qu’elle subit, comme les conditions météorologiques sévères et les maladies, elle n’a pas d’autre choix que de grandir. La croissance et le labeur font partie intégrante de son existence. Comme les plantes, la croissance et le mouvement font également partie intégrante de la condition humaine. Depuis leur naissance en tant que fœtus jusqu’au moment où ils quittent ce monde en tant que cadavres, ils sont dans un état de croissance et de cheminement constants.
Quelle est la sagesse des luttes dans nos vies ? Le mot Rabb dans la langue arabe désigne celui qui nourrit et éduque un autre être. Ce verset indique que le voyage se fait vers « votre Rabb » suggérant que ce voyage fait partie de Son éducation et de Son entraînement pour Ses serviteurs. Comme la jeune pousse, l’homme doit fournir des efforts dans le monde matériel pour faire émerger le potentiel qu’Allah a placé en lui. Comme Allah le mentionne dans le Coran : Et vos efforts sont en effet divers – إِنَّ سَعْيَكُمْ لَشَتَّىٰ (Q 92 :4).
L’effort requis d’une seule personne dépend de sa capacité à supporter les épreuves. Le verset souligne que chaque être humain a un kadhan, c’est-à-dire une lutte, sans la définir. Par exemple, l’or, en tant qu’élément précieux, doit être exposé à des températures élevées pour être moulé en une pièce de bijou désirée. Le cuivre, qui est moins cher, nécessite des températures plus basses pour le façonner en un outil désiré. Tel est le cas des êtres humains. Le Seigneur miséricordieux ne soumettra Sa création qu’aux luttes dont elle a besoin pour l’étape suivante de sa croissance. Il déclare : Allah ne charge une âme que selon sa capacité – لَا يُكَلِّفُ اللَّهُ نَفْسًا إِلَّا وُسْعَهَا (Q2 :286)
La fin du verset donne aux êtres humains l’assurance qu’après avoir fourni leurs efforts, ils verront les fruits de leur travail. Cela s’exprime par la liqā ou « rencontre avec le Tout-Puissant. » Les exégètes ont expliqué le terme mulāqihi de trois manières :
- Arriver à Son tribunal le Jour du Jugement.
- Recevoir Sa récompense ou Sa punition.
- Le rencontrer et Le voir à travers les yeux du cœur.
Un exemple pertinent de l’histoire islamique est les tribulations vécues par l’imam al-Husayn ‘alayhis-salām et sa famille dans la tragédie de Karbala. Alors qu’ils traversaient cette expérience difficile, Dame Zaynab ‘alayhas-salām a eu une liqā avec Allah et a dit : Je n’ai vu que de la beauté.
Ce verset nous informe que tous les humains sont en voyage vers Allah (swt). Bien que le voyage et ses luttes soient inévitables, notre réaction à cela est entre nos mains. La manière dont nous réagissons à ce voyage définira si nous rencontrerons un Seigneur qui est al-Rahmān al-Rahīm (le Plus miséricordieux des miséricordieux) ou al-shaddul mu‘āqibīn (le Plus sévère en punition).
Nous prions le Tout-Puissant de nous garder fermes dans notre foi à travers les épreuves de la vie et de nous compter parmi ceux qui Le rencontrent avec la vision de nos cœurs le Jour du Jugement. Ameen.
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Shaykh al-Sadūq, Al Khisāl, Hadīth1/64 ; Sh Mohammad Saeed Bahmanpour/Dr. Tahir Ridha Jaffer (Eds.), Tafsīr Tadabbur Al Qur’an.