Réflexion coranique n°448. Āyat 43 :52 – Le mépris de l’oppresseur

Bismillāh,

Les attitudes adoptées par les personnes au pouvoir envers ceux qui sont sous leur autorité sont souvent condescendantes, voire méprisantes. À moins qu’il n’y ait une croyance en Dieu et une humilité qui est le fruit nécessaire de la foi, le pouvoir engendre l’arrogance et un sentiment d’invincibilité. Le pouvoir engendre de l’ivresse dûe à une capacité de faire tout ce que l’on veut. Il n’y a pas de crainte de comptes à rendre ou de responsabilité. Il y a également le soutien de ceux qui les entourent, afin que le pouvoir puisse leur être bénéfique. Un pouvoir débridé de ce genre est dangereux et peut semer le chaos dans la société. C’est particulièrement vrai lorsque le pouvoir est utilisé pour opprimer un peuple.

Les tyrans du passé ont utilisé différentes stratégies pour opprimer leur peuple. L’utilisation de la peur, de l’humiliation et de l’intimidation fait partie de ces stratégies. Le Coran parle des stratégies utilisées par Pharaon dans la sourate al-Shu‘arā. Il mentionne les menaces qu’il a proférées :

لَأُقَطِّعَنَّ أَيْدِيَكُمْ وَأَرْجُلَكُم مِّنْ خِلَافٍ وَلَأُصَلِّبَنَّكُمْ أَجْمَعِينَ

Je vous couperai, sûrement, mains et jambes opposes, et vous crucifierai tous.  (Q 26 :49).

Il accusa le Prophète Mūsā (a) de différentes choses :

إِنَّ رَسُولَكُمُ الَّذِي أُرْسِلَ إِلَيْكُمْ لَمَجْنُونٌ

« Vraiment, dit (Pharaon), votre messager, qui vous a été envoyé, est fou. » (Q 26 :27) et

إِنَّ هَٰذَا لَسَاحِرٌ عَلِيمٌ يُرِيدُ أَن يُخْرِجَكُم مِّنْ أَرْضِكُم بِسِحْرِهِ

Voilà en vérité un magicien savant. Il veut par sa magie vous expulser de votre terre. (Q 26 :34-35)

Dans le verset de cette semaine, Pharaon montre son mépris envers le Prophète Moïse (paix soit sur lui). Il déclare qu’il est meilleur que le Prophète et le décrit comme méprisable et incapable de s’exprimer clairement. Il commence par une déclaration d’une nature satanique – Satan avait également prétendu être meilleur que le Prophète Adam (paix soit sur lui). Selon le Tafsir-e Namūneh, Pharaon montre son mépris car il se considère comme faisant partie d’une classe sociale supérieure. Il est du groupe dominant tandis que le Prophète ne l’est pas. Il se sent également supérieur parce qu’il est plus riche et plus puissant. La valeur et la dignité d’une personne sont mesurées par de faux critères tels que la richesse et la classe. Dans le verset suivant, il demande pourquoi le Prophète n’a pas de bracelets en or. Telles sont ses normes de grandeur. Pharaon tente de présenter la pauvreté du Prophète comme une faiblesse. Ce qu’il ne comprend pas, c’est que ne pas posséder de richesse, obtenue en opprimant les autres, n’est pas une faiblesse. Au contraire, c’est une source de fierté car cela découle d’une vie basée sur des principes.

L’Imam Ali (paix soit sur lui) décrit cette rencontre dans Nahjul Balāghah :

Lorsque Moïse, fils d’Imran, se rendit chez Pharaon avec son frère Harun, portant des chemises de laine grossière et tenant des bâtons dans leurs mains, ils lui garantirent la préservation de son pays et la continuité de son honneur s’il se soumettait. Mais il dit : « Ne vous étonnez-vous pas de ces deux hommes me garantissant la continuité de mon honneur et la préservation de mon pays, bien que vous voyiez leur pauvreté et leur humilité. Sinon, pourquoi n’ont-ils pas des bracelets en or à leurs poignets ? » Il le dit en se sentant fier de son or et de ses possessions amassées, considérant la laine et son tissu comme sans valeur. Lorsque Allah, le Glorifié, délégua Ses prophètes, s’Il avait voulu leur ouvrir des trésors et des mines d’or et (les entourer) de jardins plantés et rassembler autour d’eux des oiseaux du ciel et des bêtes de la terre, Il aurait pu le faire. S’Il l’avait fait, il n’y aurait eu ni épreuve, ni récompense et aucune nouvelle (sur les affaires de l’au-delà). (Sermon 192)

Pharaon accuse également le Prophète d’être incapable de s’exprimer clairement. Bien que le Prophète ait eu un bégaiement auparavant, le Tafsīr-e Namūneh affirme qu’il ne l’avait plus au moment où il se rendit à la cour de Pharaon. C’est parce qu’il avait demandé à Allah de délier les nœuds de sa langue (Q 20 :27) et que ses prières avaient été exaucées. Pharaon évoque le passé comme une faiblesse. Agha Qarā’atī dans le Tafsīr Nūr dit que Pharaon exagère une faiblesse qui n’était en réalité pas si grave.

Le mépris et le dédain envers les gens font toujours partie de l’agenda de l’oppresseur. Ce mépris est propagé à travers des mots péjoratifs et des termes inhumains pour le groupe opprimé. Le conflit actuel utilise un langage déshumanisant pour les Palestiniens. On les décrit comme des animaux humains, on les dégrade et les présente comme non civilisés. C’est la dernière d’une longue histoire de stratégies oppressives que le monde a connues. Puisse le Tout-Puissant mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et les aider à obtenir leurs droits.

Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed), Tafsīr-e Namūneh ; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr.