Bismillāh,
فَأَمَّا الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاءَ الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاءَ تَأْوِيلِهِ ۗ وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلَّا اللَّهُ ۗ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ آمَنَّا بِهِ كُلٌّ مِّنْ عِندِ رَبِّنَا ۗ وَمَا يَذَّكَّرُ إِلَّا أُولُو الْأَلْبَاب
Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : « Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur !» Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent.
(Sūrat Āl ‘Imrān, No. 3, Āyat 7)
L’une des réflexions précédentes (No. 445), a été consacrée au commentaire du début de ce verset béni de la Sourat Al ‘Imrān. Dans un premier temps, le verset divise tous les versets du Noble Coran en deux groupes : ceux qui sont définis (muhkam) et ceux qui sont indéfinis (mutashābih). Les versets définis sont ceux dont le sens est clair, tandis que les versets indéfinis sont ceux qui sont ambigus et peuvent être interprétés de différentes manières. Le reste du verset est cité ci-dessus et c’est ce qui sera traité dans cette réflexion. Dans cette section du verset, Allah ‘azza wajall mentionne un groupe dans le cœur duquel règne la déviance (zaygh). Ces individus déviants ont laissé de côté les versets précis et cherchent à égarer les autres en imposant une interprétation incorrecte des versets ambigus du Coran. Le groupe déviant est mentionné dans le verset en même temps que le groupe de ceux qui sont « fermement ancrés dans la connaissance ».
Un excellent exemple de versets indéfinis du Coran utilisés à mauvais escient par certains individus au cours de l’histoire, sont les versets qui ont été employés par des gouvernements oppressifs pour éteindre tout activisme politique chez les Musulmans. Des versets tels que le verset numéro 59 de la sourate Nisā :
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا أَطِيعُوا اللَّهَ وَأَطِيعُوا الرَّسُولَ وَأُولِي الْأَمْرِ مِنكُمْ
O les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement.
Cela a été interprété comme une référence à n’importe quel dirigeant politique, peu importe à quel point il était injuste et quelle que soit la manière dont il avait consolidé son pouvoir. Parce qu’il était un leader Musulman, tous les Musulmans étaient apparemment obligés de lui obéir ! Par exemple, Muhammad al-Ālūsī dans son Tafsīr al-Ma‘ānī présente sous ce même verset cette interprétation ridicule. Une telle vision pacifiste va à l’encontre de l’éthos de l’Islam, comme le montrent clairement d’autres versets et la vie des Ahl al-Bayt (que la paix soit sur eux). Par exemple, parlant à l’armée de Hurr, l’Imam al-Husayn ‘alayhis-salām a cité le Prophète (s) qui a dit : Quiconque voit un dirigeant oppressif qui légitime ce qui a été interdit par Allah, rompt l’alliance, s’oppose à la sunna du Prophète, et se comporte de manière injuste et oppressive envers les serviteurs d’Allah, et qu’il ne s’oppose pas à lui par ses paroles ou ses actes, alors il incombe à Allah de le placer au même endroit que cet oppresseur.
En revenant au verset 7 de la sourate Ali ‘Imrān, les individus qui interprètent mal les versets indéfinis du Coran sont alors juxtaposés à ceux qui sont fermement ancrés dans la connaissance (rāsikhūn). Il y a ici une discussion technique et syntaxique parmi les mufassirūn (exégètes) du Coran concernant la question de savoir si le mot rāsikhūn est joint à Allah ou s’il s’agit du début d’une phrase distincte. C’est-à-dire : le verset dit-il qu’Allah et les rasikhūn connaissent l’interprétation des versets indéfinis, ou dit-il que seul Allah connaît cette interprétation ? Quelle que soit la réponse donnée, il ne fait aucun doute que les Ahl al-Bayt (que la paix soit sur eux) sont l’incarnation des rāsikhūn et qu’Allah leur a fait connaître l’interprétation du Coran.
En ce qui concerne ceux qui sont fermement ancrés dans la connaissance, deux derniers points peuvent être relevés dans ce verset :
– La déviance est un état du cœur et est juxtaposée au trait intellectuel de savoir. C’est en soi une leçon sur la relation entre l’utilisation correcte de son intellect et les attachements de son cœur. De toute évidence, ceux qui sont déviés ne cherchent pas à comprendre la vérité et n’utilisent pas correctement leur intellect.
– Notez l’humilité et la conviction dont font preuve ceux qui sont fermement ancrés dans la connaissance. Leur connaissance approfondie les a amenés à prendre conscience des limites de leur savoir et, même s’ils ne comprennent pas toutes les nobles réalités mentionnées dans le Coran, ils proclament néanmoins : « Nous y croyons ; tout cela vient de notre Seigneur. »
Nous prions Allah de faire de nous ceux qui croient au Coran et se soumettent humblement à lui. Alors que nous sommes témoins de l’oppression brutale qui prend plus de place dans le monde aujourd’hui, nous prions Allah subhānahu wata’ālā, par l’amour du Coran et du Noble Messager (s) d’envoyer l’aide divine et d’accélérer l’arrivée de notre Imam (a).
Ressources : Āyatullāh Muhammad Taqī Misbāh Yazdī, Qur’an Shenāsī (Connaissance du Qur’an).