Réflexion coranique n°442. Āyat 16 :90 – L’équité et la bienfaisance

Bismillāh,

Ce verset, connu sous le nom de Āyat al-Ihsān, énonce les qualités requises pour le bien-être d’une communauté. Les deux premières qualités qu’Allah ‘azza wajall ordonne aux croyants d’avoir est l’équité et la bienfaisance. Les deux sont requises pour entretenir de bonnes relations et régler les différends qui vont inévitablement voir le jour entre les gens. Une société qui ne possède pas ces qualités rencontrera des difficultés à gérer les interactions entre ses membres. Le Prophète (s) a dit : Toute la taqwā a été enfermée dans les paroles du Tout-Puissant : ‘Certes, Allah commande l’équité et la bienfaisance…’ (Tafsīr Nūr al-Thaqalayn, 16 :90)

L’équité et la bienfaisance sont deux qualités différentes, l’une reposant sur l’autre. La justice est la fondation et place toutes les choses au bon endroit. Elle établit l’équilibre et l’impartialité entre les gens. Les gens reçoivent leurs droits. Mais la justice toute seule ne suffit pas pour avoir une société chaleureuse et fonctionnelle. Cela est nécessaire mais reste basique. Une société a besoin de plus que la justice. Elle a besoin de bienveillance et de grâce, en allant au-delà de la justice et en témoignant de l’amour et de la sollicitude les uns pour les autres. L’Ihsān cimente les liens entre les gens et leur permet de se sentir en sécurité et aimés. 

La différence entre la justice et la bienfaisance peut être comprise à travers quelques analogies :

  • Lorsqu’un passager monte dans un bus, il est du droit de chaque passager du bus de prendre un siège en entrant. Lorsqu’une personne âgée monte alors que tout le monde est assis et qu’il n’y a plus de place, elle devra rester debout puisqu’il n’y a plus de siège disponible. Cela ne serait pas injuste si personne ne se lève pour lui donner son siège. C’est cela la justice. Mais si quelqu’un se lève et offre son siège à la personne âgée, c’est un exemple d’Ihsān. La personne va au-delà de la justice. Elle pratique la bienveillance et la grâce, abandonne son propre confort au profit de quelqu’un qui en a plus besoin. L’Ihsān crée une ambiance chaleureuse au sein de la communauté de passagers et renforce les liens entre eux. La justice ne peut pas faire cela. 
  • Chaque organe du corps humain a une tâche qui lui est assignée. Chacun d’entre eux effectue son devoir, et le corps peut alors fonctionner correctement. Mais lorsqu’un organe est affecté d’une maladie ou d’une blessure et qu’il n’est pas en mesure d’accomplir son travail, les autres organes prennent le relais. Le corps continue de fonctionner grâce au Ihsān des autres organes. La justice et l’Ihsān sont en action même à l’intérieur de nous. 

Amīrul Mu’minīn Imam Ali ‘alayhis salām nous a donné des exemples à la fois de la justice et du Ihsān dans ses interactions avec les gens, en particulier lorsqu’il s’agissait de distribuer les fonds du trésor public. Il refusait de faire preuve d’injustice même à la plus petite échelle. Il a dit : Par Allah, je préférerais passer une nuit de veille sur les épines de l’as-sa’dan (une plante aux piquants acérés) ou être enchaîné comme un prisonnier plutôt que de rencontrer Allah et Son messager le jour du Jugement comme un oppresseur sur une personne ou un usurpateur de quelque chose à partir d’une richesse mondaine . . . Par Allah ! Même si on me donnait tous les sept domaines avec tout ce qui se trouve sous les cieux afin que je désobéisse à Allah en arrachant un grain d’orge des pattes d’une fourmi, je ne le ferai pas. Pour moi, votre monde est plus léger que la feuille que tient la sauterelle dans sa bouche pour la mâcher. (Nahjul Balāghah, Discours 224)

Un jour, un vieil homme du nom de Āsim bin Maytham vint voir Imam Ali (a) alors qu’il distribuait l’argent du Baytul māl. Il demanda une part plus grande en raison de son âge avancé et de sa faiblesse. Imam Ali (a) lui expliqua que cet argent n’était pas le sien. Il ne l’avait ni gagné, ni hérité. Il s’agissait d’un dépôt qui avait été placé entre ses mains et qu’il se devait de le distribuer de manière équitable. Mais ensuite, l’Imam fit preuve de bonté à son égard en demandant à ses compagnons s’il y avait parmi eux quelqu’un qui serait en mesure d’aider le vieil homme avec leur richesse personnelle. L’Imam n’a pas ignoré la requête de l’homme. Il a agi à son égard avec équité puis est allé au-delà de la justice et a fait preuve d’Ihsān d’une manière qui n’était pas injuste. (Manāqib Āli bin Abī Tālib, 2:110, per  ensani.ir/fa/article/137995)

Alors que nous commémorons la date de décès du Saint Prophète (s) et de l’Imam al-Ridhā (a) cette semaine, rappelons-nous du fait que les Ma‘sūmīn (a) ont toujours mis l’accent sur la justice et la bienveillance. Ils le pratiquaient dans leur vie et nous ont montré que ces deux qualités sont essentielles pour la quête de la perfection. 

Sources : al-Huwayzī, Tafsīr Nūr al-Thaqalayn ; ensani.ir/fa/article/137995 https://www.al-islam.org/nahjul-balagha-part-1-sermons/