Bismillāh,
وَلَا تَكُونُوا كَالَّذِينَ نَسُوا اللَّهَ فَأَنسَاهُمْ أَنفُسَهُمْ ۚ أُولَٰئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ
Et ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah ; (Allah) leur a fait alors oublier leurs propres personnes : ceux-là sont les pervers.
(Surat al-Hashr, No.59, Āyat 19)
Lorsqu’une personne oublie Allah ‘azza wajall et s’éloigne de son Créateur, elle oublie toute sa raison d’être sur cette terre. Tous ses efforts, espoirs et désirs tournent autour de ce monde. Fondamentalement, elle oublie son « insāniyat » qui signifie être humain. Ce voile est le résultat direct de l’oubli d’Allah, une étape que l’être humain initie lui-même.
Oublier, c’est connaître quelque chose à un moment donné puis perdre cette connaissance. Une personne qui oublie Allah Le connaissait au départ mais l’a ensuite négligé. Cette connaissance initiale est présente dans l’instinct de l’être humain. Elle réside en son for intérieur mais est recouverte par l’exposition aux aspects matériels de ce monde. Elle pourrait ressurgir si Allah et l’au-delà lui étaient rappelés. Plus l’indulgence dans les occupations mondaines est grande, plus le voile sur le souvenir d’Allah est épais.
Selon ‘Allāmah Tabātabā’ī dans le Tafsīr al-Mīzān, s’oublier soi-même signifie oublier les beaux noms d’Allah et Ses nobles qualités qui se manifestent dans l’essence même de l’être humain. Il néglige le fait qu’il est un serviteur d’Allah et très dépendant de Lui. Ressentir une telle indépendance vis-à-vis d’Allah lui fait croire qu’il a un contrôle complet sur sa vie. Il perçoit toutes les choses comme des causes indépendantes. L’égoïsme et l’arrogance s’insinuent dans son âme et recouvrent son intellect. Il est inconscient du retour vers Dieu. Lentement, il perd toute trace du potentiel original qu’il avait d’être la plus noble des créations.
La mise en garde de ne pas oublier le véritable soi est faite à travers la mise en garde de ne pas oublier Allah. C’est le souvenir d’Allah qui éveille l’esprit noble de l’être humain et déclenche une ascension de l’âme. Sans ce souvenir, l’être humain descend pour devenir une créature vile qui a perdu les caractéristiques distinctives qui lui ont été octroyées. Oublier sa véritable nature est la plus grande catastrophe spirituelle qui puisse arriver à l’être humain. Une telle personne devient inconsciente de tout ce qui faisait d’elle, le meilleur de la création. Le Coran parle de la façon dont le Tout-Puissant a annoncé la création de l’être humain aux anges :
– Je vais établir sur la terre un vicaire « khalifa » (Q 2 :30)
– Je vais créer un homme d’argile crissante, extraite d’une boue malléable, et dès que je l’aurai harmonieusement formé et lui aurai insufflé Mon souffle de vie, jetez-vous alors prosternés devant lui. (Q 15 :28-29)
Ces versets et d’autres montrent la position estimée de l’être humain. Oublier cela, c’est perdre son trésor interne. Le statut qu’il aurait pu atteindre s’échappe.
Le rappel d’Allah a été mis en avant dans les hadiths comme étant le remède à toutes les maladies intérieures. L’Imam Ali (as) a dit :
Certes, Allah, le Glorifié et le Très Haut, a fait de son rappel une lumière pour les coeurs, qui entendent avec son aide en dépit de la surdité, qui voient avec son aide en dépit de la cécité, et qui se soumettent avec son aide en dépit de l’indiscipline… Il y en a certains qui sont dévoués au rappel divin et qui l’ont adopté au lieu des affaires de ce monde, si bien que le négoce ou le commerce ne les en détournent pas. Ils y passent leur vie. (Nahjul Balāghah, Sermon 222)
L’accent mis par l’islam sur le souvenir d’Allah vise à aider l’être humain à se rappeler sa propre grandeur. Les actes obligatoires tels que la prière, et les actes recommandés tels que les supplications, etc., tout cela aide l’être humain à marcher fermement sur le chemin de la perfection. Sans le rappel d’Allah, il est possible de perdre rapidement de sa valeur et de ressembler plus à un animal qu’à un être humain.
Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (editor), Tafsīr-e Namūneh ;