Réflexion Coranique N°425. Āyat 2 :247 – Faux critères de leadership

Bismillāh, 15 Fevrier 2024/5 Sha‘bān 1445

قَالُوا أَنَّىٰ يَكُونُ لَهُ الْمُلْكُ عَلَيْنَا وَنَحْنُ أَحَقُّ بِالْمُلْكِ مِنْهُ وَلَمْ يُؤْتَ سَعَةً مِّنَ الْمَالِ

Ils dirent : « Comment régnerait-il sur nous ? Nous avons plus de droit que lui à la royauté. On ne lui a même pas prodigué beaucoup de richesses ! »

(Sūrat al-Baqarah, No. 2, Āyat 247)

Lorsque le Prophète Samuel ‘alayhis-salām dit à son peuple qu’Allah ‘azza wajall avait choisi Tālūt (Saül) pour être leur chef, ils protestèrent avec les mots ci-dessus. Ils pensaient que la richesse et la lignée étaient des critères importants pour le leadership. Tālūt n’avait ni l’un ni l’autre. Il n’était pas de la tribu de Lévi dont étaient issus leurs prophètes. Il n’était pas non plus issu de la tribu du Prophète Yūsuf ‘alayhis-salām dont étaient également issus leurs anciens dirigeants. De plus, c’était un pauvre fermier. Les gens pensaient qu’ils étaient eux-mêmes plus aptes à être roi que lui, car ils avaient plus de richesses.

Tālūt était une personne forte tant dans son corps que dans son âme. Il était grand et fort physiquement. Il était également un croyant ferme et possédait sagesse et piété. Il n’était pas très connu et vivait avec son père dans un petit village près de la rivière. Il est intéressant de noter comment le Prophète Samuel et Tālūt se sont rencontrés pour la première fois et comment le Prophète a reconnu des signes de grandeur en lui. Tālūt travaillait dans la ferme de son père et s’occupait des animaux. Un jour, certains d’entre eux s’égarèrent. Dans sa recherche, Tālūt atteignit l’endroit où se trouvait le Prophète Samuel. Dès que le Prophète et Tālūt se sont vus, il y a eu une connexion instantanée. Le Prophète sut immédiatement que c’était l’homme que Dieu avait choisi pour être le roi de son peuple. Le Prophète a dit à Tālūt que les animaux étaient sur le chemin du retour à la ferme et qu’il ne devrait pas s’inquiéter pour eux. «Je veux t’inviter à une tâche bien plus grande» lui dit-il.

« Dieu veut que tu sois le roi du peuple et que tu le conduises à la victoire ». Tālūt en fut étonné mais heureux que Dieu l’ait choisi. Il a accepté le poste.

Bien que les gens eux-mêmes aient demandé au Prophète de leur choisir un roi, leurs protestations contre son choix – même si c’était le choix d’Allah et non le sien – montrent leur manque de compréhension quant à savoir qui est réellement un bon dirigeant. Le leadership est nécessaire dans la société pour les questions politiques, sociales et religieuses. Un leader est une source d’unité et d’assistance dans une société. Mais le leadership requiert certains critères. Celui qui dirige les autres doit être une personne vertueuse et avoir travaillé sur elle-même. Amirul Mu’minīn Imam Ali (a) dit : Celui qui se place comme un leader du peuple devrait commencer par s’éduquer lui-même avant d’éduquer les autres ; et son enseignement doit se faire par sa propre conduite avant d’enseigner par la langue. (Nahjul Balāgha, Parole 73).

Nos Imams étaient des dirigeants choisis par Dieu et étaient les meilleurs en termes de piété, de connaissances et de bonnes qualités. Les critères de leur leadership n’étaient pas basés sur des qualités mondaines. Un incident de la vie de l’Imam Ja’far al-Sadiq (a) dont nous avons commémoré le martyre cette semaine démontre comment ils ont montré l’exemple. Durant les jours de pénurie, lorsque les gens essayaient d’accumuler de la nourriture et d’autres biens, l’Imam demandait à son chef de famille, Mu’tab : “Le prix du maïs augmente de jour en jour. Combien de maïs y a-t-il dans notre entrepôt ?” Mu’tab a répondu que l’Imam ne devrait pas s’inquiéter car il y avait une grande quantité de maïs en stock. L’Imam répondit : “Donnez-le aux pauvres et affrontons la situation avec les autres.” Puis il (a) ordonna que la farine de blé blanc pure ne soit pas utilisée dans sa cuisine et qu’elle soit mélangée avec des quantités égales de farine d’avoine. « Nous devons partager le malheur avec les nécessiteux et les pauvres aussi longtemps qu’il le faudra, a conseillé le Saint Imam.

Le verset ci-dessus montre à quel point les gens se trompent souvent quant à leurs critères de leadership. Nous ne devons pas tomber dans le piège de ces faux critères. Les dirigeants ont la responsabilité d’amener les gens vers Dieu et doivent posséder les qualités qui les arment pour ce rôle.

Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh. 

https://www.al-islam.org/story-holy-kaaba-and-its-people-smr-shabbar/sixth-imam-jafar-ibn-muhammad-sadiq