Bismillāh, 4 janvier 2024/21 Jumādā al-Ākhira 1445
Réflexion Coranique N°419. Āyat 2 :245 – Donner dans le sentier d’Allah (swt)
مَّن ذَا الَّذِي يُقْرِضُ اللَّهَ قَرْضًا حَسَنًا فَيُضَاعِفَهُ لَهُ أَضْعَافًا كَثِيرَةً ۚ وَاللَّهُ يَقْبِضُ وَيَبْسُطُ
وَإِلَيْهِ تُرْجَعُونَ
Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (Ses faveurs.) Et c’est à Lui que vous retournerez.
(Sūrat al-Baqarah 2 :245)
En ce mois le plus sacré où nous sommes les invités d’Allah (swt), nous récitons cet āyah dans lequel le Tout-Puissant se réfère à Lui-même en tant qu’emprunteur auprès de nous, Sa création. Il veut que nous dépensions à Sa manière, mais Il ne le fait pas en l’ordonnant et en disant, par exemple, “Dépensez à Ma manière afin que Je la multiplie” ; au lieu de cela, Il l’exprime sous la forme d’une demande. Les actes accomplis en réponse à des ordres le sont souvent par pression et obligation, alors que l’invitation contenue dans le verset a valeur d’encouragement.
Mais qu’est-ce que cela signifie pour Allah, le Créateur et le véritable propriétaire de tout, de demander un prêt à ses serviteurs ? Y a-t-il quelque chose qu’il ne possède pas pour qu’on le lui prête ? Plus fondamentalement, a-t-il un manque, un besoin qui doit être comblé par un autre ? Certainement pas ! En effet,
وَلِلَّهِ خَزَآئِنُ ٱلسَّمَـٰوَٰتِ وَٱلْأَرْضِ
Et c’est à Allah qu’appartiennent les trésors des cieux et de la terre (Q 63 :7).
Au contraire, le fait qu’Il se situe comme celui qui fait le prêt et que nous soyons ceux qui prêtent est un principe profond de tarbiyyatī (éducation). Avez-vous vu un enfant en bas âge s’emparer des clés de voiture de son père ? Lorsque le père essaie de les lui reprendre, il répond : “Non, ce sont les miennes ! “Non, ce sont les miennes !” Et le père de répondre : “Bien sûr, mon cher fils, elles sont à toi ; peux-tu me donner ces clés qui t’appartiennent ? Si tu le fais, je les utiliserai pour aller au magasin et t’acheter tout ce dont tu as besoin.” Allah sait que nous sommes extrêmement attachés à nos biens matériels – au point de nous faire croire qu’ils sont vraiment à nous – et pourtant, les donner à Sa manière est en fin de compte pour notre propre bénéfice. Il utilise donc la même tactique que le père aimant ; Il sait que ce que nous considérons comme étant à nous est vraiment à Lui, mais Il nous permet de le Lui rendre par nos propres moyens et avec la promesse de récompenses multiples.
Remarquons que la récompense mentionnée dans ce verset n’est pas énumérée ; il est simplement dit « ad’āfan kathīran » – une multiplication à l’infini. Le secret de cette formulation est contenu dans un magnifique hadith du prophète Muhammad sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam. Lorsque le verset :
مَن جَاءَ بِالْحَسَنَةِ فَلَهُ خَيْرٌ مِّنْهَا
Quiconque viendra avec le bien aura bien mieux (Q 27 :89) a été révélé, le Prophète (s) aurait demandé à Allah d’augmenter la récompense de celui qui fait le bien. En réponse, le verset :
مَن جَاءَ بِالْحَسَنَةِ فَلَهُ عَشْرُ أَمْثَالِهَا
Quiconque viendra avec le bien aura dix fois autant ; (Q 6 :160) a été révélé. Il (s) demanda une autre augmentation, et le Très Généreux révéla le Q 2 :245 – le verset en question. Ici, Allah ‘azza wajall promet une récompense illimitée à celui qui dépense dans Sa voie. Et selon certains exégètes, la fin du verset qui dit “Et c’est vers Lui que vous serez ramenés” indique que l’augmentation multipliée mentionnée dans la première partie de l’Āyat est liée à ce monde, et que lorsque le “prêteur” retournera à Allah, il verra des récompenses encore plus importantes dans l’au-delà. Subhānallāh – existe-t-il un investissement plus rentable ?
Mais que nous demande-t-on de dépenser ? S’agit-il simplement des richesses matérielles et des biens de ce monde ? Et si je n’ai rien, le verset ne s’applique-t-il pas à moi ? Il est vrai que la richesse et l’argent peuvent être un exemple de ce qui est demandé, mais le “prêt” réel n’est pas quelque chose de matériel. Le prêt, c’est plutôt nous. On nous demande de nous dépenser dans le sentier d’Allah (swt) !
Chaque moment contient en lui une occasion de dépenser ce prêt. Chaque mouvement, chaque immobilité, chaque mot, chaque pensée – tout cela peut être pour l’amour d’Allah (swt). Si le tawfīq d’un tel poste nous est accordé, notre vie devient un don constant à notre Maître, mais pas un don qui nous réduit, plutôt un don qui ne fait qu’augmenter au-delà de ce que nous pouvons comprendre. Nous sommes le “prêteur” et nous sommes le “prêt”. Lorsque nous donnons de nous-mêmes, Allah (swt) – le “prêteur” – protège ce qui a été donné et l’augmente. Notre existence elle-même s’élargit ; nous devenons plus !
C’est pourquoi nous voyons que l’Imam béni dont nous célébrons la naissance cette semaine n’a pas seulement donné deux fois tous ses biens dans la voie d’Allah, mais plutôt la totalité de son existence. La vie de l’Imam al-Hasan (a) est un exemple magnifique et complet de quelqu’un qui a vraiment agi selon ce verset et qui a connu une telle expansion de son existence qu’il est populairement connu sous le nom de”Karīm-e-Ahlulbayt”. En cette période bénie, renouvelons notre détermination à dépenser nos biens, nos efforts et nous-mêmes dans la voie de notre Seigneur, afin de renforcer la “sīrah” de notre deuxième Imam bien-aimé.
Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed), Tafsīr-e Namūneh ; Āghā Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr.