Bismillāh
وَإِنَّهُ لِحُبِّ الْخَيْرِ لَشَدِيدٌ
Et pour l’amour des richesses il est certes ardent
(Surat al-‘Ādiyāt, No.100, Āyat 8)
Le Quran décrit l’être humain dans cette surah comme un être ingrat qui aime plus que tout la richesse et les biens matériels. Il est profondément attaché à tout cela. Et c’est à cause de ce fort attachement au matériel qu’il devient ingrat et avide. Malgré tout ce qu’il possède, il est malheureux et refuse de les partager avec autrui. Ces caractéristiques si détestables sont le fondement de son amour intense pour la richesse et les biens.
Il est intéressant de noter que le terme arabe utilisé est « khayr ». La plupart des traducteurs l’ont traduit par richesse. Cependant, les exégètes mettent en avant le fait que le mot khayr fait référence à tout ce qui est bien ou perçu comme tel. Tafsīr Namūneh confirme cette version, mais, comme l’être humain est critiqué dans ces versets, il y a plus de probabilité qu’il fasse référence ici à la richesse et à l’attachement qui en découle. Cela signifie également que la richesse peut être une bonne chose lorsque utilisée à bon escient. Son essence est bonne mais l’utilisation qui en est faite est souvent mauvaise.
Tafsīr al-Mīzān précise qu’il est possible que le mot ‘khayr’ fasse référence à tout ce qui est bon pour l’Homme. L’instinct naturel de l’Homme le pousse vers le bien et l’amour du bien. Comme la richesse est considérée comme une source de confort et de prestige dans ce monde, elle est perçue comme une source de bien. Cette perception découle d’une vision du monde focalisée sur la vie ici-bas. Aussi, la richesse et son attachement sont un bien perçu comme tel et non réellement une bonne chose. Le concept de richesse en tant que bien perçu est également mentionné dans le Tafsīr Majma‘ al-Bayān. La richesse pourrait être une richesse haram, obtenue par des voies maléfiques.
Mais on l’appelle ici « khayr », en accord avec la pensée perçue de l’être humain. L’amour et l’attachement au bien ont été placés dans l’être humain pour le propulser sur le chemin de la perfection. Le bien l’attire et il travaille pour l’atteindre, hésite à s’en séparer et surmontera les défis pour l’obtenir. Cela le conduit vers le bonheur éternel s’il a bien compris le bien. C’est pour cela que la guidance divine vient lui montrer clairement où se trouve le bien. Mais les voiles de ce monde couvrent ses sens et il voit une illusion de bien dans ce qui est superficiel et éphémère.
L’éloge pour l’amour de la bonne catégorie de bien est fait dans le Quran et les Hadiths. Allah ‘azza wajall nous raconte comment le Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam était attaché au fait de guider le peuple. Il dit dans le qur’an : Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants. (Q 9 : 128). Allah dit également à Son Prophète (s) : Et la plupart des gens ne sont pas croyants malgré ton désir ardent. (Q 12 : 103) Imam Ali ‘alayhis-salām fait l’éloge de ce genre d’amour et d’avidité pour la bonne catégorie de bien. Il dit : Il n’y a d’avidité égale à celle de vouloir surpasser les autres dans les rangs (d’Allah). (Tuhafal ‘Uqūl, p 286).
Tentons d’avoir la clairvoyance, de cerner le bien réel et de le voir là où il se trouve. En ce mois béni de Ramadan soyons avide dans l’acquisition des bénédictions et de la miséricorde du Seigneur et soyons fermement attachés au bien que nous pouvons en tirer. Puisse Le Tout-Puissant nous aider à être ferme dans l’amour de ce qui est bien selon la perspective coranique.
Sources : Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma‘ al-Bayān; ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.