Bismillāh,
وَنُرِيدُ أَن نَّمُنَّ عَلَى ٱلَّذِينَ ٱسْتُضْعِفُوا۟ فِى ٱلْأَرْضِ وَنَجْعَلَهُمْ أَئِمَّةًۭ وَنَجْعَلَهُمُ ٱلْوَٰرِثِينَ
Nous voulions favoriser ceux qui avaient été opprimés sur terre, en faire des dirigeants et en faire des héritiers.
(Sourate al-Qasas, No 28, Āyat 5)
Utilisé par les Shī’ah comme l’une des preuves coraniques les plus tangibles sur la venue de l’Imam Al-Mahdī, ce verset se situe au début de la Sourate al-Qasas.
Cette sourate a été révélée à Makkah à une période durant laquelle les premiers musulmans étaient peu nombreux et opprimés, et elle rassure les musulmans qu’un temps viendra où ils auront le pouvoir et la puissance dans ce monde.
Elle fait mention de l’histoire du Prophète Moussa dans laquelle Fir‘awn était au paroxysme de son arrogance et de sa domination apparemment indestructible.
L’étendue de son empire et la totalité de son autorité étaient telles qu’il paraissait impossible que son pouvoir puisse un jour décliner. Pourtant Allah ‘azza wajall mit en place les moyens de son déclin des manières les plus belles et les plus improbables. Comme l’affirme ce verset, cela constitue Son plan et Sa volonté (“nurīdu”) que les opprimés gouvernent la Terre, et ce plan porta ses fruits au temps de Moussa ‘alayhis-salām et au temps du Saint Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam et il en sera de nouveau ainsi à échelle plus grande et universelle lors du retour de l’Imam Al-Mahdi ‘ajjallāhu farajh.
Il est important de souligner que l’oppression (“istidhāf”), mentionnée dans le verset, ne se limite pas seulement à la persécution physique. Elle inclut également l’oppression éthique, culturelle et économique – l’assujettissement de ses pensées et de ses idées, de son identité, et de sa capacité à atteindre la Vérité.
En réalité, ce sont ces formes psychologiques d’oppression qui ont des conséquences néfastes quant à l’ascension de l’Homme vers le Divin. Et c’est en effet, ce type de persécution, beaucoup plus subtil, qui afflige une grande partie de l’humanité de nos jours, aussi bien dans les pays occidentaux que ceux de l’Orient. L’identification de ce point est cruciale pour comprendre à quel point la promesse contenue dans ce verset est sublime et puissante.
Le mot employé dans ce verset pour indiquer la faveur d’Allah vient de la racine “manna”, qui indique une bénédiction vraiment de grande ampleur. Le Saint Quran n’a utilisé ce mot que pour décrire quatre bénédictions divines :
1. La bénédiction de l’Islam elle-même : كَذلِكَ كُنْتُمْ مِنْ قَبْلُ فَمَنَّ اللَّهُ عَلَيْكُمْ – C’est ainsi que vous étiez auparavant ; puis Allah vous a accordé Sa grâce (Q 4 :94).
2. La bénédiction de la Prophétie : لَقَدْ مَنَّ اللَّهُ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ إِذْ بَعَثَ فِيهِمْ رَسُولًا – Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un messager (Q 3 :164).
3. La bénédiction de la guidance : بَلِ اللَّهُ يَمُنُّ عَلَيْكُمْ أَنْ هَداكُمْ – C’est tout au contraire une faveur dont Allah vous a comblés en vous dirigeant vers la foi (Q 49 :17).
4. Le gouvernement par les croyants opprimés (l’actuel verset).
Ainsi, aux yeux d’Allah, la domination sur la Terre ainsi que l’héritage promis aux croyants sont une faveur sacrée, dont l’importance est apparentée à la guidance divine même. Parmi le corpus de hadiths Shiites, il existe un grand nombre de narrations qui interprètent ce verset à la lumière du soulèvement éventuel du Douxième Imam (af). Par exemple, il a été rapporté qu’Amīroul-Mou’minīn Imam Ali (a) récitait ce verset et disait ensuite : Ceux qui furent opprimés et hériteront de la Terre] sont la progéniture de Muhammad (s). Après tous leurs efforts, Allah enverra le Mahdī parmi eux, ainsi les honorant et avilissant leurs ennemis.
De cela, nous comprenons que tout comme la mission prophétique était incomplète sans la proclamation du 18 Dhul Hijjah 10 AH, à Ghadīr Khumm, l’initiative divine ne s’achèvera pas tant que l’intégralité des domaines physiques et métaphysiques ne revienne à la portée de la direction divine. C’est Sa Volonté qu’il en soit ainsi. Et ce qu’Il veut, est (Q 36 :82).
Comment pouvons-nous remercier notre Seigneur pour cette bénédiction des plus stupéfiantes ? Après avoir célébré la naissance d’Al-Mahdī (af), réfléchissons à cette question et amenons en nous l’esprit de véritable gratitude. Revoyons nos vies, réinventons-nous de telle sorte que chacun de nos mots et actions soit au service de notre Imam du Temps et avec l’intention de hâter son retour. Il est connu comme Al-Muntazar (l’attendu), pourtant il est aussi Al-Muntazir – celui qui attend, regardant patiemment les siècles passer, attendant que nous – ses disciples autoproclamés – nous réformions et fassions preuve d’une volonté absolue de contribuer à sa mission. Le temps n’est-il pas passé assez vite pour que nous puissions vraiment remercier ce grand bienfait et mettre en place les moyens nécessaires à sa réalisation ?
Alors qu’Allah le dit magnifiquement dans le Saint Coran :
أَلَمْ يَأْنِ لِلَّذِينَ ءَامَنُوٓا۟ أَن تَخْشَعَ قُلُوبُهُمْ لِذِكْرِ ٱللَّهِ وَمَا نَزَلَ مِنَ ٱلْحَقِّ
Le moment n’est-il pas venu pour ceux qui ont cru, que leurs cœurs s’humilient à l’évocation d’Allah et devant ce qui est descendu de la vérité [le Coran] ? (Q 57 :16)
Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Āghā Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr.