أَفَلَمْ يَسِيرُوا فِي الْأَرْضِ فَتَكُونَ لَهُمْ قُلُوبٌ يَعْقِلُونَ بِهَا أَوْ آذَانٌ يَسْمَعُونَ بِهَا
N’ont-ils pas voyagé sur terre afin d’avoir des cœurs pour comprendre, ou des oreilles pour entendre ?
(Sūrat al-Hajj, n° 22, Āyat 46)
Les versets 42 à 44 de la Sourate al-Hajj évoquent les peuples passés qui ont rejeté Dieu et Ses Messagers. Les versets mentionnent leur fin ultime ainsi que les bâtiments et les villes abandonnés qu’ils ont laissés derrière eux. Le verset 46 parle du fait de voyager et d’apprendre à travers les histoires du passé. Ceux qui voyagent à travers le monde et réfléchissent aux lieux qu’ils traversent gagneront en perspicacité et en compréhension. Les sites historiques peuvent être comparés à des livres regorgeant de matériel stimulant la réflexion. Ceux qui s’y plongent en ressortent avec de nouvelles perspectives sur les grandes questions de la vie.
Parcourir des terres sur lesquelles d’autres personnes ont vécu rappelle la nature éphémère de ce monde. Eux aussi vivaient avec de grands espoirs, accumulaient richesses et pouvoir dans ce monde. Mais ils ont dû le quitter et partir. D’autres personnes se sont installées sur leurs terres et ont repris possession de leurs biens. Il ne reste d’eux que les fruits de ce qu’ils ont accompli sur terre, en bien ou en mal.
Ce verset ci-dessus parle de l’impact du voyage sur l’intellect des voyageurs. Ils acquièrent de nouvelles compréhensions. Le cœur est le siège de la connaissance et l’organe de la compréhension spirituelle. Le verset mentionne les cœurs et les oreilles, mais pas les yeux. ‘Allāmah Tabātabā’ī dans Tafsīr al-Mīzān explique que cela est dû au fait que le verset parle de deux groupes de personnes. Ceux qui comprennent les choses avec leur propre intellect et qui ont des cœurs réceptifs. Le deuxième groupe est constitué de ceux qui reçoivent la guidance par le biais d’autres personnes en les écoutant. Ils ont confiance en ces personnes et acquièrent leurs compréhensions par leur intermédiaire.
Les cœurs et les oreilles sont donc mentionnés comme deux moyens d’atteindre une compréhension correcte des choses. Un manque de compréhension est appelé aveuglement du cœur comme le dit la suite du verset :
فَإِنَّهَا لَا تَعْمَى الْأَبْصَارُ وَلَٰكِن تَعْمَى الْقُلُوبُ الَّتِي فِي الصُّدُورِ
En vérité, ce ne sont pas les yeux qui sont aveugles, mais ce sont les cœurs qui se trouvent dans les poitrines qui sont aveugles (Q 22 :46).
Les voyages peuvent être transformateurs lorsqu’ils sont entrepris correctement. Des vacances pour le plaisir ne permettent pas toujours d’atteindre cet objectif. Mais lorsque le voyage est effectué pour des raisons spirituelles et éducatives, il peut aider le voyageur à parvenir à de nombreuses compréhensions profondes. Le Coran encourage le voyage à de nombreux endroits, en particulier pour découvrir les vestiges des civilisations antérieures. Allah dit :
قَدْ خَلَتْ مِن قَبْلِكُمْ سُنَنٌ فَسِيرُوا فِي الْأَرْضِ فَانظُرُوا كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ الْمُكَذِّبِين
Des situations semblables [à la vôtre] sont passées avant vous. Parcourez donc la terre et observez ce qu’il est advenu de ceux qui ont renié (Q 3 :137), et
قُلْ سِيرُوا فِي الْأَرْضِ ثُمَّ انظُرُوا كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ الْمُكَذِّبِينَ
Dis : “Parcourez le pays, puis observez quelle a été la fin des négateurs” (Q 6 :11).
De nos jours, de nombreuses personnes voyagent. Malgré les tracas et les inconvénients parfois rencontrés, le voyage est devenu un moyen courant de faire une pause, de se rapprocher de sa famille et de ses amis, et d’entreprendre des voyages spirituels comme la ‘Umrah et la Ziyārat. Cependant nous devons nous rappeler l’objectif essentiel du voyage tel qu’il est décrit dans le Coran. Lorsque nous voyageons, nous devons réfléchir à l’histoire des lieux et en tirer des enseignements. Notre intellect n’en sera que plus aiguisé et plus perspicace.
Sources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed), Tafsīr-e Namūneh ; Seyyed Hossein Nasr (Ed), The Study Quran.