وَمَن يَخْرُجْ مِن بَيْتِهِ مُهَاجِرًا إِلَى اللَّهِ وَرَسُولِهِ ثُمَّ يُدْرِكْهُ الْمَوْتُ فَقَدْ وَقَعَ أَجْرُهُ عَلَى اللَّهِ
Wa man yakhruj min baytihī muhājiran ilallāhi wa rasūlihi thumma yudrikhu al-mawtu faqad waqa‘a ajruhu ‘alallāhi.
Et quiconque sort de sa maison, émigrant vers Dieu et Son messager, et que la mort atteint, sa récompense incombe à Dieu
(Sūrat al-Nisā, no.4, verset 100)
L’une des principales discussions mentionnées dans le Noble Coran, dans les narrations des Ahl al-Bayt (a), ainsi que dans les livres d’éthique et de jurisprudence islamiques est celle de la hijrah (la migration). Ce concept n’est pas limité à des exemples spécifiques dans l’Histoire mais constitue une responsabilité islamique qui s’appliquera toujours lorsque les conditions pour cela en seront réunies. La migration bénie du Noble Messager (s) et de la communauté musulmane naissante de La Mecque vers Médine n’est qu’un exemple de migration islamique. Comme le dit le Commandeur des Croyants Imam Ali (a) : Et [l’obligation de] la migration garde sa position d’origine [elle reste obligatoire tout comme elle l’était avant]. (Khutba 189, Nahjul Balāgha)
De plus, la hijrah a une signification physique ou corporelle ainsi qu’une signification spirituelle. La voie équilibrée de l’Islam n’a pas renoncé à une dimension de l’homme pour se focaliser exclusivement sur l’autre. La migration spirituelle est quelque chose qui incombe à tous les croyants. Il se réfère au processus de quitter la vie de péché pour migrer vers l’obéissance et la servitude d’Allah. Encore une fois, l’Imam Ali (a) dit : Un homme peut dire que j’ai migré alors qu’il n’a pas [vraiment] migré. En effet, les seuls qui ont [vraiment] migré sont ceux qui ont laissé de côté les péchés et ne vont plus vers eux. (Bihār al-Anwār, v 97, p 99)
Entreprendre un tel chemin spirituel – comme tous les autres chemins de la vie – nécessite des prérequis et des conditions qui doivent être assimilées à de bonnes sources. Si quelqu’un refuse de l’appliquer et s’engage sur cette voie, il subira la perte due à sa négligence. Hafez dit: La caravane est partie pendant que tu dormais et devant toi le désert s’étend, quand partiras-tu? A qui demanderas-tu le chemin ? Que feras-tu ? Comment seras-tu ?
Au-delà de la migration spirituelle, il y a une migration physique ou corporelle dans l’Islam qui peut parfois devenir obligatoire. Le verset ci-dessus fait référence à cette migration physique. Cela signifie abandonner sa maison ou même son pays et migrer autre part pour l’amour d’Allah. De la même manière que la communauté musulmane a quitté La Mecque et a migré vers Médine. De la même manière que le Prophète Mūsā (a) a quitté la terre d’Égypte après avoir tué le Copte par inadvertance, ou de la même manière que l’Imam al-Husayn (a) a quitté la ville de Médine lorsque l’allégeance à Yazid lui a été demandée. Selon les juristes, une telle migration devient obligatoire si un musulman vit dans un endroit où il ne peut ni défendre ni protéger sa religion.
Pour tous ceux qui vivent dans une société où ils ne sont pas libres de pratiquer leur religion, le concept de hijrah devient important. Quand il avait été interrogé sur la permissibilité de résider dans un pays non musulman, Āyatullāh Sistānī (qu’Allah le préserve pour l’islam) avait répondu : Il n’est pas interdit de rester dans ce pays si cela ne crée d’obstacles ni pour lui ni pour sa famille dans l’accomplissement de ses obligations religieuses actuelles et futures. https://www.sistani.org/english/qa/01248/
L’effet de la société sur ceux qui y sont nés et y ont grandi ne peut être niée. Tandis qu’un adulte pieux avec son identité musulmane et sa foi ancrées peut ne pas être affecté même s’il vit pendant des décennies dans une société non musulmane, que peut-on penser d’un enfant ? Si la marée de la société emmène tout le monde dans une certaine direction, combien d’enfants réussiront à nager à contre-courant ? Lorsque les valeurs islamiques et divines sont ouvertement bafouées dans la communauté qui les entoure, peut-on s’attendre à ce qu’ils croient et épousent ces valeurs ?
Cela dit, dans le monde d’aujourd’hui, des millions de musulmans vivent dans des pays non musulmans, et il n’est pas faisable que tous retournent sur les terres de leurs ancêtres. Où iraient-ils s’ils voulaient déménager? Leur foi resterait-elle protégée dans d’autres pays ?
Telles sont les questions à étudier et à discuter avec les érudits et les dirigeants de la communauté. Nous prions Allah l’Exalté de nous donner une compréhension correcte de la religion et de nous y maintenir fermement en ces temps difficiles.
Sources : Āyatullāh Shahīd Murtadhā Mutahharī, Azādī-ye Ma’nawī (Spiritual Discourses). Āyatullāh Shahīd Sayyid ‘Abdul Husayn Dastghayb Shīrāzi, Gunāhān-i Kabīrah (The Greater Sins).