وَلَئِنْ أَذَقْنَا الْإِنسَانَ مِنَّا رَحْمَةً ثُمَّ نَزَعْنَاهَا مِنْهُ إِنَّهُ لَيَئُوسٌ كَفُورٌ
Wala-in adhaqnal-insāna minnā rahmatan thumma naza‘nāhā minhu innahu laya’ūsun kafūr.
Et si Nous faisons goûter à l’homme une grâce de Notre part, et qu’ensuite Nous la lui arrachons, le voilà désespéré et ingrat.
(Soūrat Hoūd, No 11, Āyat 9)
Lorsque le Tout-Puissant accorde à un être humain une bénédiction de ce monde, ce n’est qu’un aperçu de ce que sont les véritables bénédictions. Les vraies bénédictions et la miséricorde sont celles de l’Au-delà. Ce qui est donné dans ce monde n’en est qu’une infime partie. Le verset ci-dessus nous dit que les êtres humains reçoivent un « goût » de la miséricorde. Quand quelqu’un veut savoir ce qu’est quelque chose, il le goûte d’abord. Seule une petite partie est essayée pour comprendre à quoi ressemblerait le reste. La dégustation est rapide et fugace et est un avant-goût de ce qui va venir. Les plaisirs de ce monde sont exactement comme ça, un avant-goût de ce que seront les plaisirs durables dans l’Au-delà. Allah ‘azza wajall dit : Ô mon peuple, cette vie n’est que jouissance temporaire, alors que l’Au-delà est vraiment la demeure de la stabilité. (Q 40:39).
Le verset parle du goût de la miséricorde au lieu du goût de bénédictions. C’est parce que chaque bénédiction est une miséricorde d’Allah subhānahu wata’ālā. Il répond au besoin du destinataire et le lui accorde même si la personne ne le mérite pas.
Lorsque les êtres humains perdent une bénédiction qui leur a été donnée, ils désespèrent et deviennent ingrats. Ils désespèrent parce qu’ils perdent espoir et pensent qu’il leur sera impossible de recevoir à nouveau cette bénédiction. Perdre espoir et désespérer de la miséricorde d’Allah (swt) est un péché majeur. Sayyid Dastghayb Shīrāzī dit dans son livre Les péchés majeurs : “Le désespoir est une forme d’incroyance cachée. C’est le résultat de l’ignorance de la grandeur de Son Seigneur. Céder au désespoir équivaut à ne pas croire en son Seigneur, qui est un péché majeur. On doit donc être extrêmement prudent et se garder de se mettre dans un état aussi lamentable.
Le saint Coran explique cela dans le verset : Ce sont seulement les gens mécréants qui désespèrent de la miséricorde d’Allah. (Q 12:87)’.
Une personne qui perd une bénédiction devient également ingrate. Elle ne pense qu’à ce qui est perdu et ne voit pas la miséricorde qu’il avait reçue en premier lieu. C’est presque comme si elle pensait en avoir plein droit et qu’on lui en privait injustement. Elle ne voit pas Allah comme le Propriétaire de la bénédiction, Celui qui donne et qui prend comme Il le souhaite.
Ce verset révèle une faiblesse de l’être humain. Il est faible en tolérance, impatient et réagit vivement à la perte de quelque chose qu’il a apprécié un laps de temps. Il fait ressortir les qualités injustes du désespoir et de l’ingratitude. Seuls ceux qui nourrissent et disciplinent leur âme peuvent aller au-delà de cette faiblesse. L’âme humaine a besoin de comprendre qu’avoir ou perdre des bénédictions sont des tests dans ce monde. Ils ne sont pas toujours un signe d’agrément ou de mécontentement d’Allah. Chacun est destiné à nourrir le potentiel de l’être humain pour atteindre la pureté et la perfection. Ainsi, chaque chose doit être acceptée sans trop de réaction émotionnelle.
Ce verset est un rappel lorsque nous subissons tout genre de perte. Elle ne doit pas réveiller en nous ni le désespoir ni l’ingratitude. La bénédiction elle-même est juste là comme un avant-goût de la réception de la miséricorde pérenne d’Allah (swt).
Sources: Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.