Rabbanā lā tuzigh qulūbana b‘da idh hadaytanā
Seigneur ! Ne laisse pas dévier nos cœurs après que Tu nous aies guidés
(Sūrat Āli Imrān, No 3, Āyat 8)
Dans la Sūrat Āli Imrān, Āyat 7, Allah Le Tout-Puissant parle de ceux qui sont fermement ancrés dans la connaissance, les « rāsikhūna fīl-‘Ilm ». Ce groupe, dont les plus remarquables sont le Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam ainsi que les imams ‘alayhimus-salām, croit aux versets qui ont été envoyés, qu’ils soient définitifs ou métaphoriques. Le verset suivant cite leur prière : Ô Allah, ne laisse pas nos cœurs dévier après avoir été guidés. Cette prière montre que ceux qui ont la vraie connaissance savent qu’ils ne sont jamais à l’abri de la déviation à moins qu’ils ne reçoivent l’aide d’Allah ‘azza wajall.
Selon le Tafsīr Majma ‘al-Bayān, cette supplication pourrait signifier ce qui suit :
1. Ne nous retire pas Ton Lutf (grâce) qui nous a permis d’être guidés vers Toi.
2. Ne nous mets pas face à des difficultés qui nous affaiblissent et nous éloignent de Toi.
3. Ne fais pas désespérer notre cœur de Ta miséricorde qui nous accorde la pureté.
4. Ne laisse pas nos cœurs se détourner de la conviction et de la tranquillité.
Malgré le fait qu’il ait des connaissances et soit guidé, l’être humain reste vulnérable aux facteurs qui peuvent le faire dévier du droit chemin. Ceux-ci incluent :
a. Devenir vaniteux et égocentrique. Un danger caché dans la connaissance est un complexe de supériorité qui rend la personne satisfaite d’elle-même. Cela peut conduire à la stagnation, à l’aveuglement quant à ses défauts et à considérer les autres comme inférieurs. Cette attitude est connue sous le nom de ‘ujb (auto-admiration) et est fortement condamnée dans l’Islam. Imam Ali (a) a dit : Celui dans le cœur duquel le ‘ujb pénètre est destiné à être détruit. [Al Sadūq, al-‘Āmālī, p. 447]
b. Succomber aux chuchotements de Shaytān. Une personne ayant la connaissance et la foi est une cible pour Shaytān qui aimerait le voir dévier. Shaytān le tente, obscurcit sa perspective, met des doutes dans son esprit, etc. Le Coran dit : Le Diable est pour vous un ennemi. Prenez-le donc pour ennemi. Il ne fait qu’appeler ses partisans pour qu’ils soient des gens de la Fournaise. (Q 35 : 6).
c. Suivre ses désirs personnels. Une personne avec des connaissances peut encore être victime de son propre nafs. Si la connaissance n’est pas accompagnée d’actions et d’autodiscipline, les désirs intérieurs peuvent vaincre l’intelligence. L’imam Ali (a) a dit : Luttez contre vous-mêmes dans l’adoration d’Allah tout comme l’on combat l’ennemi de l’autre, et dominez-le de la même manière que l’on vainc son adversaire, car le plus fort des gens est celui qui a triomphé de lui-même. (Ghurar al-Hikam, h. 4761)
La reconnaissance du besoin et de la faiblesse spirituelle de soi est un signe de spiritualité accrue. Plus le niveau est élevé, plus le degré de pauvreté spirituelle affiché est élevé. Ainsi, le Prophète (as) lui-même a prié pour la constance dans la foi. Tafsīr-e Namūneh cite la prière suivante que le Prophète (as) récitait souvent : yā muqallibal-qulūb thabbit qalbī ‘alā dīnik – Ô Toi qui fais basculer les cœurs, raffermis mon cœur sur Ta religion.
Laissons ce verset nous rappeler qu’il ne suffit pas d’être guidé. Il est très important de rester ferme sur la guidance, et de ne pas dévier. Récitons ce Du’ā quotidiennement afin qu’Allah puisse nous protéger de toute déviation.
Sources : Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma‘ al-Bayān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shīrāzī (Ed.), Tafsīr Namūneh.