ْWaminhumul-ladhīna yu’dhan-nabiyya wayaqūlūna huwa udhunu khayrin lakum
Et il en est parmi eux, ceux qui font du tort au Prophète et disent : Il est tout oreille. Dis : « Une oreille pour votre bien.
(Sūrat al-Tawba, No 9, Āyat 61)
Dans ce verset, Allah ‘azza wajall parle de la façon dont les hypocrites causaient du tort au Prophète (s). Blesser les autres peut parfois se faire à travers des actions et d’autres fois à travers des mots. Ici il est fait mention des paroles qui ont été prononcées pour tourmenter le Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam. Ils déclarèrent qu’il était tout oreille, qu’il écoutait tout ce que les gens lui disaient et qu’il écoutait quiconque venait lui parler. Cette qualité était un atout qui a été déformé pour qu’il apparaisse tel un défaut chez le Prophète. Cela en raison de la cécité des hypocrites ou parce qu’il s’agissait d’une tentative délibérée de mépriser une bonne qualité du Prophète.
Le mot ‘udhun’ signifie oreilles mais est utilisé pour une personne qui écoute beaucoup. Les hypocrites l’ont prononcé de manière désobligeante, dans le but de se moquer du Prophète et de le heurter en lui donnant ce qualificatif. Ce qu’ils voulaient dire c’est qu’il écoutait trop les gens.
Allah lui demande de répondre en disant que son écoute active est bonne pour eux. Les mots ‘udhunu khayrin lakum’ peuvent être interprétés de deux façons :
1. Une oreille qui est bonne – Il écoute tout le monde et cela est bon pour vous. Cela fait référence à la révélation d’Allah ainsi qu’à toutes les paroles qui sont bonnes et vertueuses. Ensuite, il vous les transmet.
2. Être tout oreille ou bien écouter est une qualité du Prophète qui vous est bénéfique. Il vous écoutera, comprendra vos difficultés, acceptera vos excuses. Son aptitude à écouter activement lui permet d’avoir une meilleure relation avec vous. Alors, c’est bien pour vous qu’il soit tout oreille.
Selon ‘Allāmah Tabātabā’ī, la différence entre ces deux interprétations est que la première requiert de lui qu’il écoute tout ce qui est bon alors que la seconde nécessite qu’il écoute avec discernement. Il écoute tout avec respect mais n’applique pas ce qui n’est pas approprié. ‘Allāmah pense que la deuxième interprétation est plus correcte et plus en phase avec le verset entier.
Écouter les gens est une qualité nécessaire à un bon dirigeant. Cela permet d’être au courant et d’essayer de comprendre les gens. Cela augmente le lien et l’affection entre celui qui parle et celui qui écoute. Celui qui écoute n’est pas tenu d’approuver tout ce qui est dit, mais l’acte d’écouter montre à celui qui parle qu’il est pris au sérieux. C’est un message important d’affirmation. Réagir rapidement aux paroles de quelqu’un sans l’écouter augmente la possibilité d’humilier la personne qui parle et réduit la possibilité qu’elle accepte la vérité. Un dirigeant sage et compatissant écoute les gens et essaie de les aider en conséquence, au lieu d’ignorer leurs pensées et opinions. Ceux qui ont le potentiel d’être éduqués et guidés sont alors en mesure d’y arriver sous sa guidance.
Être à l’écoute ne concerne pas seulement les leaders. Lorsque nous écoutons ceux qui nous entourent, nous leur ouvrons notre esprit et notre cœur. Tout n’est pas non plus fait pour être écouté mais il s’agit d’une aptitude importante pour améliorer les relations. Si le Prophète était tant aimé des gens, c’était grâce à ses interactions sincères avec eux et les écouter en constituait une grande partie. Les gens sont attirés par ceux qui les écoutent sincèrement. Imam Ali (a) a dit : Celui qui écoute les gens efficacement, en récolte les bénéfices immédiatement. (Ghurar, H. 9243)
Alors que nous commémorons le décès du Prophète de l’Islam (s), apprenons de son comportement irréprochable. Nous pouvons essayer de suivre son exemple dans nos vies. Laissons également ce verset nous rappeler que les gens qui souhaitent dénigrer les autres peuvent se concentrer sur une bonne qualité et la dépeindre négativement. Nous ne devons pas être dupés par ceux qui souhaitent propager la zizanie sur terre. Ils ont importuné le Prophète et continuent de tourmenter ses partisans.
Sources : Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma‘ al-Bayān ; ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.