Walaqad na‘lamu annaka yadhīqu sadraka bimā yaqūlūn
Et nous savons certes que ta poitrine se serre, à cause de ce qu’ils disent.
(Sūrat al-Hijr, No 15, Āyat 97)
Ce verset a été envoyé pour réconforter le Prophète Mohammad (s) qui était bouleversé en raison des moqueries et du sarcasme des ennemis. Le rejet de sa mission faisait de la peine au Prophète (s). Les critiques acerbes des ennemis étaient blessantes. Elles démontraient leur obstination à refuser de croire en un Dieu Unique et de se soumettre à Lui. Dans ce verset, Allah ‘azza wajall réconforte Son Messager en lui disant qu’Il est au courant de sa souffrance et lui offre un remède dans le verset suivant : Glorifie donc Ton Seigneur par Sa louange et sois de ceux qui se prosternent. (Q 15 :98) Les tasbīh et les prosternations apaisent le cœur et atténuent la peine ressentie. Selon un Hadith de ‘Ibn ‘Abbas dans le Tafsir-e Namūneh, lorsque le Prophète (s) se sentait affligé par le comportement de ses ennemis, il récitait deux rakaats de prière et celle-ci effaçait les effets de sa détresse.
Lorsque les gens sont contre quelque chose ou quelqu’un, ils perdent le contrôle de leurs paroles. Des paroles rudes sont prononcées, causant beaucoup d’effets négatifs. Les mots peuvent être menaçants, injurieux et insultants. Nous avons clairement vu cela dans les récents débats tenus cette semaine entre les dirigeants d’un pays soi-disant puissant, et en général à d’autres occasions dans les débats politiques.
Le manque de maîtrise de soi montre que le leadership est dépourvu de toute norme. D’un autre côté, ceux qui ont foi en Dieu font face aux attaques verbales en contenant leur douleur tout en restant raisonnables et courtois.
Au cours de leur périple de Karbala à Kūfa, Imam Zaynul ‘Ābidīn ‘alayhis-salām a rencontré plusieurs personnes qui lui ont adressé des propos insultants. Il a à chaque fois répondu avec courage et résilience. Voici quelques exemples :
1) Dans la cour d’Ibn Ziyad Marjanah à Kufa, le gouverneur demanda à l’Imam « Qui es-tu ? » « Je suis Ali fils de al-Hussayn » répondit-il. « Allah n’a-t-Il pas tué Ali fils de al-Hussayn ? » demanda ibn Ziyad à l’Imam. Celui-ci répondit avec précaution « J’avais un grand frère prénommé lui aussi Ali, que tu as tué. Il te fera face au Jour du Jugement. » Ibn Ziyad dans un excès de colère, cria à l’Imam : « Allah l’a tué ! » L’Imam répondit avec bravoure et fermeté par le verset du Coran suivant : Allah reçoit les âmes au moment de leur mort. (Q 39 : 42)
2) En Syrie, un vieil homme s’approcha de l’Imam et lui dit : « Louanges à Allah qui vous a anéantis et qui a donné le dessus au gouverneur sur vous. » L’Imam le regarda. Il savait que l’homme n’avait pas connaissance de la réalité et qu’il avait été trompé par la propagande des Omeyyades, aussi il lui demanda :« Shaykh, avez-vous lu le Coran ? » « Oui » répondit-il. L’Imam lui demanda alors : « Avez-vous lu le verset disant : ‘Je ne vous demande aucune rétribution pour cela si ce n’est l’affection envers mes proches’ ; et celui disant : ’Et sachez que, de tout butin que vous avez ramassé, le cinquième appartient à Allah, au messager et à ses proches parents ?’” L’homme répondit doucement : « Oui, je les ai lus. » L’imam lui dit alors : « Par Allah, nous sommes les proches parents dont font référence ces versets. » L’homme en fut surpris. « Je vous demande au Nom d’Allah, êtes-vous vraiment ceux-là ?” s’enquit-il. « Par notre grand-père, l’envoyé d’Allah, que les bénédictions d’Allah soient sur lui et sa famille, sans aucun doute nous sommes ceux-là.” répondit l’Imam bouleversé.
3) Dans la cour de Yazid, l’Imam admonesta l’orateur qui parlait à l’encontre de l’Imam Ali (a) et faisait l’éloge de Mu‘āwiya et Yazid. Il dit : « Ô orateur ! Tu as acheté le plaisir d’une créature en déplaisant le Créateur, aussi tu t’es réservé une place en Enfer. »
Ne pas réagir agressivement contre ceux qui s’opposent à nous nécessite de la force et de la sagesse qui sont difficiles à acquérir. Cela requiert une bonification interne. Lorsqu’une personne possède un but plus important dans la vie, cet objectif et cette vision aident à maîtriser sa réaction. Sans cette retenue interne il est facile d’être désobligeant et de s’en prendre à l’autre. Les mots acerbes, les insultes blessantes et les fausses accusations viennent naturellement à ce type de personnes.
Pour un croyant, la foi aide à contrôler sa colère et à répondre de manière raisonnable. Cela s’applique à toutes les situations de la vie courante, et plus encore dans la vie d’un leader. La douleur causée par des paroles blessantes sera présente mais contrée par la foi et la sagesse. Cela est la particularité de ceux dont l’objectif dans la vie est Dieu et l’au-delà.
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Āghā Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr ; https://www.al-islam.org/life-