Waqālūl-hamdu lillāhil-ladhī sadqanā wa‘dahū wa-awrathanāl-ardha natabawwa’u minal-jannati hathyu nashā, fani‘ma ajrul-‘āmilīn
(Soūrat al-Zoumar, No 39, Āyat 74)
Lorsque Imam Zayn al-‘Ābidīn ‘alayhis-salām était sur son lit de mort, il a dit à sa famille qu’il quittait cette demeure terrestre et qu’il attendait avec impatience le Paradis. Il a ensuite récité le verset ci-dessus, affirmant sa croyance en la récompense qui attend les vertueux. La mort est une séparation des êtres chers et de tout ce qui est familier. Mais c’est aussi une entrée dans l’autre monde où des récompenses inimaginables attendent ceux qui ont travaillé dur sur le droit chemin.
Le verset est la déclaration de ceux qui seront amenés au Paradis. Dans leur joie d’atteindre le Paradis, ils décriront quatre choses qui sont la source de leur bonheur et pour lesquelles ils louent et remercient Allah subhānahu wata’ālā. Premièrement, ils Le remercient d’avoir tenu Sa promesse. Selon Allāmah Tabātabā’ī dans Tafsīr al-Mīzān, la promesse à laquelle il est fait référence est celle d’accorder le Paradis aux personnes qui craignent Dieu. Allah ‘azza wajall promet dans le Coran : Pour les pieux, il y a auprès de leur Seigneur, des jardins. (Q 3 :15) et : Les pieux auront auprès de leur Seigneur les jardins de délice. (Q 68 :34) Cela pourrait également faire référence à la promesse générale de la réalisation du Jour du Jugement et de l’obtention d’une récompense (ou d’une punition) ce jour-là.
Deuxièmement, les habitants du paradis remercient Allah (swt) d’avoir fait d’eux les héritiers de la terre. Il pourrait s’agir d’une élaboration de la promesse faite aux justes – hériter de la terre du paradis. Hériter du paradis signifie qu’il leur appartient pour toujours, et que personne d’autre que les croyants n’y aura accès. Ils sont libres d’en faire ce qu’ils veulent. Cela signifie également qu’ils pourront posséder les lieux qui auraient appartenu à d’autres en les méritant par leur vertu. Tafsīr Majma’ al-Bayān raconte l’histoire du Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam qui a dit que chaque personne a une place au Paradis et une place en Enfer. Lorsqu’une personne va en enfer, sa place au paradis est donnée en héritage à d’autres. Tafsīr-e Namūneh donne également un autre sens à l’expression “hériter de la terre du paradis”. Une personne hérite généralement de quelque chose sans y mettre beaucoup d’efforts. Les personnes justes travailleront dur, mais la récompense qu’elles recevront sera largement supérieure à ce qu’elles méritent. Le bonheur éternel en échange de quelques années de lutte équivaudra à recevoir un héritage – inattendu et non mérité. Telle est la miséricorde d’Allah pour Ses serviteurs. L’idée d’hériter du Paradis est également mentionnée dans la Soūrat al-Mou’minoūn : Ce sont eux les héritiers, qui hériteront le Paradis pour y demeurer éternellement. (Q 23 : 10 – 11)
Troisièmement, les gens remercient Allah ‘azza wajall de pouvoir s’installer où ils le souhaitent au paradis. Parce que la terre du paradis leur appartient désormais, les justes peuvent choisir d’aller où ils veulent. Leur mobilité au rang atteint n’est pas limitée. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont libres de rejoindre des niveaux supérieurs lorsqu’ils n’en sont pas dignes. Notez qu’après avoir utilisé le mot “terre”, le verset parle maintenant du “paradis”. Il se pourrait que nous puissions nous installer (sur la terre) où nous le souhaitons. Mais le mot “paradis” est utilisé à la place du pronom pour souligner le fait que cette terre est la terre du paradis et non du monde.
Quatrièmement, ils louent Allah pour l’excellente récompense qui attend les justes. Ils ont travaillé dur et se sont battus dans le monde. Leurs actions n’ont pas été négligées, mais elles ont été pleinement récompensées. La même déclaration est également mentionnée dans un autre verset décrivant les gens au paradis : Et quant à ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres, Nous les installerons certes à l’étage dans le Paradis sous lequel coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement. Quelle belle récompense que celle de ceux qui font le bien ! (Q 29 :58)
Cette dernière phrase du verset ‘Quelle belle récompense que celle de ceux qui font le bien !’ pourrait être une conclusion de la déclaration des justes qui sont satisfaits de leur récompense, ou cela pourrait être les paroles de Dieu.
Alors que nous pleurons le martyre de l’Imam Zayn al-‘Ābidīn, Sayyidus-Sājidīn (a) et apprenons de sa vie spirituelle, nous devons réfléchir à ses dernières paroles. Utiliser le Coran pour transmettre son impatience à rencontrer Dieu et à recevoir sa récompense est une leçon pour ses partisans. L’entrée dans l’autre monde est une chose que l’on attend avec impatience et pour laquelle il faut travailler dur.
Sources : Shaykh Fadhl b. Hasan Tabarsī, Tafsīr Majma‘ al-Bayān; Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.