Thumma ji’ta ‘alā qadarin yā Mūsā
Ensuite tu es venu, ô Moïse, conformément à un décret.
(Sūrat TāHā, N° 20, Āyat 40)
Les versets 11 à 47 de la Sūrat TāHā font mention de la conversation entre Allah ‘azza wajall et le Prophète Mūsā ‘alayhis salām lors de leur rencontre au Mont Sinaï. Beaucoup de sujets sont traités dans ces versets et ils montrent le statut du Prophète Mūsā et de la responsabilité qui lui incombait. Après avoir accepté la requête du Prophète Mūsā de laisser son frère Hārūn l’accompagner dans sa mission auprès de Pharaon, Allah subhānahu wata‘ālā lui rappelle les différentes manières par lesquelles Il l’a béni dans le passé. Peut-être pour lui rappeler qu’Il a toujours été avec lui, et qu’Il sera également avec lui lorsqu’il se rendra auprès de Pharaon.
Dans le verset 40, Allah (swt) liste certaines épreuves que le Prophète Mūsā a traversé et mentionne ensuite cette rencontre au Mont Sinaï d’une manière particulière. Le terme utilisé est qadarin. Il peut avoir différentes significations :
1. Du mot taqdīr – décréter, ordonner. Il avait été décrété que le Prophète Mūsā devait traverser toutes ces épreuves et ensuite rencontrer Son Seigneur.
2. Du mot miqdār – une mesure. En faisant face aux différentes difficultés liées à son départ de l’Egypte et ensuite à son séjour à Madyan, le Prophète Mūsā a atteint un certain niveau de perfection. Il a acquis de l’expérience, de la performance, du savoir etc… Aussi, il a rencontré Allah ‘azza wajall après avoir atteint un certain niveau de noblesse et de vertu.
Le terme qādarīn a également été utilisé ailleurs dans le Coran pour mentionner une certaine mesure. Allah dit dans la Sūrat Hijr, verset 21 : Et il n’est rien dont Nous n’ayons les réserves et Nous ne le faisons descendre que dans une mesure déterminée. (Q 15 : 21)
Selon ‘Allāmah Tabātabā’ī, les conséquences du meurtre involontaire de l’Egyptien, la fuite de l’Egypte et le sejour à Madyan avec le Prophète Shu‘ayb ‘alayhis-salām étaient toutes des faveurs du Tout-Puissant au Prophète Mūsā afin qu’il puisse faire des progrès dans différents domaines.
Les épreuves avaient pour but de purifier et d’éduquer le Prophète. Elles constituaient également des faveurs en raison des récompenses associées au fait de les surmonter. Imam Mūsā al-Kāzim ‘alayhis-salām (a) dit : Vous ne serez de vrais croyants tant que vous ne considèrerez pas les épreuves comme des bénédictions, et l’aisance comme une affliction, car la patience lors d’une épreuve est plus grande que l’oubli pendant l’aisance. (Mīzān al-Hikmah, H 2895). Imam Hasan al ‘Askarī (a) dit : Chaque épreuve contient une faveur d’Allah qui l’englobe. (Ibid., H. 2896).
Pour le Prophète Mūsā vivre à Madyan avec un grand Prophète d’Allah lui a permis d’accroître son niveau de perfection. Tout cela constituait des prérequis nécessaires pour une éventuelle rencontre avec Allah (swt) au Mont Sinaï. Cette rencontre et la conversation qui y a eu lieu nécessitaient une certaine préparation de la part du Prophète Mūsā. Il se devait de traverser certaines épreuves avant d’être digne de cette rencontre et des missions qui allaient lui être confiées. ‘Allāmah Tabātabā’ī dit également que le fait de s’adresser personnellement à lui par la formule yā Mūsā (ô Mūsā) est une manifestation de ce statut atteint.
Ce verset est un rappel que pour accomplir une mission importante, Allah (swt) nous arme d’un certain niveau de perfection. Ce niveau ne peut être atteint dans des conditions confortables et agréables. Il y a du malaise, de l’inconfort, de la tristesse et beaucoup d’autres états « négatifs » que nous devons traverser avant de nous purifier assez afin de pouvoir remplir le rôle dont le Tout-Puissant Allah nous a jugés dignes. Cela est arrivé au Prophète Mūsā et dans une certaine mesure, cela nous arrivera à tous.
Sources : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūne; https://hadith.academyofislam.