Wala’in adhaqnal-insāna minnā rahmatan thumma naza‘nāhā minhu innahu layaūsun kafūr
Et si nous faisons goûter à l’homme une grâce de Notre part, et qu’ensuite Nous la lui arrachons, le voilà désespéré et ingrat.
(Sūrat Hūd, N° 11, Āyat 9)
L’être humain est une étrange créature. Les changements dans son environnement ont un très grand impact sur son bien-être mental et émotionnel. Au lieu d’attendre et de réfléchir sur les faits, il réagit immédiatement. Ceci est dû à une capacité interne faible, qui apprécie la facilité et le confort. Lorsque cela lui est arraché, tout devient sombre.
Le verset ci-dessus fait mention de ce genre de réaction. Nous pouvons noter les points suivants à propos de ce verset :
1. Les bénédictions qui ont été retirées provenaient initialement de la miséricorde de Dieu et non du fait de l’être humain lui-même et il n’y avait aucune garantie qu’elles resteraient pour toujours. Il ne devrait donc pas y avoir de sentiment de fierté ou de dû. Dieu donne et retire, comme Il le souhaite. Allāmah Tabātabā’ī indique dans le Tafsīr al-Mīzān que Dieu n’a pas utilisé le mot «ni’ma» (bénédiction) ici. Au lieu de cela, il a utilisé le mot «rahma» pour montrer que chaque bénédiction est une manifestation de la miséricorde divine sur l’être humain, répondant à un de ses besoins
2. Le mot « azaqna » exprime le fait que ces bénédictions n’étaient qu’un aperçu du bonheur, et non le véritable bonheur. Comme lorsque nous goûtons de la nourriture au lieu de la déguster. Les bénédictions réelles et éternelles qui procureront bonheur épanouissant sont réservées pour l’Au-delà. Mais les humains sont leurrés par ce goût du bonheur et s’y attachent déraisonnablement.
3. Le mot « naza’na » signifie retirer ou déterrer avec une certaine difficulté. Cela fait référence à une souffrance causée par une chose enracinée dans une surface. La suppression de la miséricorde devient difficile pour l’être humain en raison de la profondeur avec laquelle les bénédictions se sont établies à l’intérieur.
4. Les adjectifs mentionnés à la fin du verset décrivent l’état interne de l’être humain à qui le confort a été retiré. a) Il désespère car il pense que ces bénédictions ne lui seront jamais rendues. Son désespoir est un signe de manque de foi et de confiance en Dieu. Cela va à l’encontre de l’idée que Dieu décrète ce qui est bon pour le développement et le perfectionnement de l’homme. b) Il est également ingrat. Au lieu de remercier Dieu pour les bienfaits dont il jouissait, le voilà malheureux de les perdre. De plus, il ne considère pas les autres bénédictions qui lui sont offertes en parallèle et qui elles, sont toujours présentes. Ces gémissements et ces plaintes témoignent de l’immaturité de la personne touchée.
Bien que ce verset parle des humains en général, il fait particulièrement référence à ceux qui ne se sont pas encore purifiés. Lorsque les êtres humains s’inspirent et sont guidés par Dieu, ils s’entraînent et arrivent à contrôler leurs réactions. La réaction mentionnée dans ce verset ne les concerne donc pas. Cette maîtrise n’est possible que par le respect de la sagesse envoyée par Dieu et à travers le tawfīq qu’Il accorde aux âmes méritantes.
Le don et le retrait de la miséricorde sont tous deux des tests pour l’être humain. La réaction à chacune de ces situations dépendra de la foi, ou du manque de foi, de l’être humain. Plus la connexion avec Dieu sera forte et moins il y aura d’attachement à ce qu’Il pourvoit. Lui seul est important, ainsi que Sa Satisfaction et Son Approbation. Et non ce qu’Il donne et reprend. Allah ‘azza wajall dit dans un autre verset : C’est Lui qui a fait de vous des successeurs sur terre et qui vous a élevés, en rangs, les uns au-dessus des autres afin de vous éprouver en ce qu’Il vous a donné. (Q 6 :165)
Ce verset est un bon rappel lors des moments difficiles, surtout en cette période de pandémie que traverse le monde avec le Coronavirus. En tant que croyants nous devons nous rappeler que la miséricorde divine nous a été pourvue à travers la santé et le confort dont nous jouissons habituellement. Lorsqu’elle nous est retirée ou est menacée nous devons faire attention à ne pas devenir des personnes ingrates et désespérées. Ceci est un test de discipline et de développement.
Sources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nur: http://www.alketab.org