Alā fil-fitnati saqatū
Or, c’est bien dans la tentation qu’ils sont tombés.
(Sūrat al-Tawba No 9, Āyat 49)
Lorsque les êtres humains veulent échapper à une responsabilité, ils se justifient comme ils peuvent. Ils peuvent concocter une légitimité à leurs actions. La cause de la révélation de ce verset en est une illustration. Jad bin Qays vint auprès du Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam pour s’excuser de ne pouvoir participer à la Bataille de Tabouk, mentionnant sa vulnérabilité face aux belles femmes Romaines. Il avait peur, dit-il, d’être tenté par leur attrait et de son incapacité à respecter les lois de Dieu.
L’hypocrisie de l’excuse n’a pas échappé aux Musulmans. Dieu a alors révélé ce verset stipulant qu’il cherchait à éviter la tentation et l’épreuve, mais qu’il était déjà en plein dedans. Lui et ses semblables étaient noyés dans la désobéissance tout en cherchant à s’excuser, en prétextant qu’ils ne voulaient pas déplaire à Dieu. Ils étaient déjà entourés de toutes parts par ce dont ils clamaient avoir peur – la colère d’Allah ‘azza wajall.
Un des moyens pour reconnaître les hypocrites est d’écouter les fausses excuses qu’ils présentent. Leurs paroles n’ont pas de fondement solide et révèlent les profondeurs de leur manque de sincérité. Ils s’accrochent à certaines parties d’un problème et les étalent, au lieu de prendre en considération le tableau complet. Ainsi, lorsqu’ils prétendent être des adeptes et des partisans de la religion, ils détruisent ses principes.
Parfois, une personne va justifier ses mauvaises actions et se trouver des excuses, cherchant à se convaincre que ce qui est accompli, ou non, est convenable dans cette situation. Cela pourrait être une forme d’hypocrisie vis-à-vis de Dieu, à propos de laquelle, le Coran dit : Ils cherchent à tromper Allah et les croyants ; mais ils ne trompent qu’eux-mêmes, et ils ne s’en rendent pas compte. (Q 2 :9) C’est une tentative de museler la conscience par le biais d’un mauvais raisonnement. L’intelligence est détournée pour imaginer des raisons étranges mais en apparence correctes pour l’action. Une telle hypocrisie, lorsqu’elle est utilisée régulièrement, devient une partie intrinsèque de la nature d’une personne, et constitue une barrière au développement de la foi et de la perfection. C’est une maladie dangereuse qui souvent n’est pas détectée, même par le patient lui-même.
L’hypocrisie est courante dans la société, se faufilant dans toutes les parties de l’interaction humaine. Il est nécessaire d’être vigilant face à ses signes, aussi bien chez soi que chez les autres. Le bel Hadith suivant d’Imam Zayn al-‘Ābidīn ‘alayhis salām énumère les dix signes d’un hypocrite :
1. Il interdit ce dont il ne reste pas (lui-même) éloigné
2. Il ordonne de faire ce qu’il ne fait pas
3. Lorsqu’il se lève pour la Salāt, il émet des objections (i.e. il se détourne)
4. Lorsqu’il accomplit le Rukū‘, il se recroqueville
5. Le soir, il pense au dîner même s’il n’a pas jeûné
6. Le matin, il pense à dormir même s’il n’est pas resté éveillé pour prier durant la nuit
7. S’il vous racontait, il mentirait
8. Si vous lui faisiez confiance, il vous trahirait
9. Si vous étiez absent, il médirait à votre sujet
10. S’il vous faisait une promesse, il la romprait.
(Al-Kāfī, Chapitre 168, H. 29,)
Laissons ce verset nous rappeler les reproches d’Allah vis-à-vis de ceux qui présentent des raisons pompeuses à leurs actions. C’est un signe indiquant qu’ils ont sombré dans l’hypocrisie et la mécréance. Qu’Allah subhānahu wata‘ālā nous protège d’une telle forme de maladie spirituelle !
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr Namūneh ; Āghā Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr ; Muhammad Rayshahrī, Mīzān al-Hikmah.