Dhālikum bimā kuntum tafrahūna fil-ardhi bighayril-haqqi wabimā kuntum tamrahūna
Voilà le prix de votre exultation sur terre, sans raison, ainsi que de votre joie immodérée.
(Sūrat al-Ghāfir, No 40, Āyat 75)
Le Jour du Jugement, ceux qui seront punis, seront informés de leurs actions passées sur terre. Ce verset parle de ce qu’on leur rappellera, leur exultation excessive sur terre. Ils agissaient avec arrogance en raison la joie qu’ils éprouvaient. Ils étaient intoxiqués par leur joie et cela les a rendus inattentifs. Leurs mauvaises actions les rendaient heureux. Ils trouvaient du plaisir dans leur position contre les Prophètes et leurs messages et se délectaient de leur comportement oppressif.
Le mot “farah” signifie joie et bonheur, un bonheur naturel qui survient mais qui nécessite d’être exprimé de manière appropriée. Le mot « marah » à la fin du verset fait référence à une forme extrême de joie qui engendre de la fierté. La joie est une émotion naturelle et désirée par l’être humain. L’Islam, étant une religion basée sur la nature de l’être humain, mentionne la joie et son rôle dans la vie. Il encourage les formes positives de joie et considère les limites et l’équilibre comme nécessaires à l’expression des émotions liées au bonheur, comme pour toutes les émotions.
En l’Islam, la joie est parfois louée et d’autres fois condamnée, tout dépend du type de joie et de ses causes. La joie et la jouissance ont été de nombreuses fois mentionnées dans les versets coraniques et les Hadiths. En voici certains :
· Un bonheur bien mérité – À Allah appartient le commandement, au début et à la fin, et ce jour-là les Croyants se réjouiront. (Q 30 : 4)
· De la joie procurée par des choses honorables – Dis : (Ceci provient) de la grâce d’Allah et de Sa miséricorde ; voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est bien mieux que tout ce qu’ils amassent. (Q 10 : 58). Amīrul Mu’minīn a conseillé : Offrez des fruits à votre famille chaque vendredi, pour qu’ils se réjouissent les vendredis. (Mīzān al-Hikmah, H.1, 353)
· L’insolente jouissance de Qārūn (Coré) – Son peuple lui dit : Ne te réjouis point. Car Allah n’aime pas les arrogants. (Q 28 : 76)
· La jouissance dans l’inaction et la désobéissance – Ceux qui ont été laissé à l’arrière se sont réjouis de pouvoir rester chez eux à l’arrière du Messager (d’Allah). (Q 9 : 81)
· Être satisfait des biens éphémères de ce monde – Ils se réjouissent de la vie sur terre, mais la vie d’ici-bas ne paraîtra que comme une jouissance éphémère en comparaison de l’au-delà. (Q 13 : 26) Amīrul Mu’minīn Imam Ali (a) a dit : Quiconque ne pleure pas sur ce qui lui manque et ne se réjouit pas de ce qui lui arrive atteint l’ascétisme des deux côtés. (Nahjul Balāgha, n°39 traduit de l’anglais)
· La joie de nos proches décédés – Abā ‘Abdillāh – Ja‘far al-Sādiq a dit : Amīrul Mu’minīn a dit : « Rendez visite à vos défunts, car ils se réjouissent de vos visites, et que chacun recherche son besoin auprès de la tombe de son père et auprès de la tombe de sa mère, avec tout ce qu’il prie pour eux. » (Al-Kāfī, Ch.85, H.49).
· La réjouissance face au malheur des autres – Qu’un bien vous touche, ils s’en affligent. Qu’un mal vous atteigne, ils s’en réjouissent. (Q 3 :120)
La joie peut être une émotion positive, mais elle doit être maîtrisée pour ne pas dépasser certaines limites. Une joie extrême et injustifiée est souvent la source de beaucoup d’actes immoraux. Ce sentiment désinhibe les gens. Une personne excessivement heureuse peut agir d’une manière inhabituelle. Une telle joie éloigne les gens de Dieu et les empêche de voir la réalité. La joie doit se trouver entre les limites de la gratitude envers Dieu et de la responsabilité liée à l’origine de ce bonheur.
Soyons heureux dans la vie sans atteindre l’exultation. Soyons heureux pour les bonnes raisons : car nous sommes les serviteurs d’un Seigneur plein de Grâce, car nous avons bénéficié d’une prise de conscience et de clairvoyance, pour toutes les bénédictions que la vie a à offrir, et pour tous les différents plaisirs…tout cela nous mène vers Dieu, la source du bonheur éternel.
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr