Alladhīna yunfiqūna amwālahum fī sabīlillāhi thumma lā yutbi‘ūna mā anfaqū mannan walā adhan lahum ajruhum ‘inda rabbihim wa lā khawfun ‘alayhim walā hum yahzanūn
Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allah sans faire suivre leurs largesses ni d’un rappel ni d’un tort, auront leur récompense auprès de leur Seigneur. Nulle crainte pour eux, et ils ne seront point affligés.
(Sūrat al-Baqarah, No.2, Āyat 262)
Un des meilleurs actes selon l’Islam consiste à donner par amour pour Allah ‘azza wajall. Donner aux autres par amour pour Allah subhānahu wata‘ālā éveille l’âme, déclenche de l’intérêt pour le bien-être d’autrui et engendre des récompenses illimitées pour le croyant. C’est ainsi que la société avance, avec des membres prenant soin et se soutenant les uns les autres. Une telle société est bénie par Allah (swt). Imam Alī (a) dit : Si vous dépensez votre richesse par amour pour Allah, alors très certainement Allah récompense rapidement. (Ghurar Al-Hikam, H. 10,156 – Traduit de l’anglais)
Le verset ci-dessus fait partie d’un passage de versets relatant les bienfaits et les récompenses de l’acte de dépenser pour Allah (swt). Il explique que pour que le don soit accepté et afin d’en récolter la rétribution, certaines conditions doivent être remplies.
Ce qui est dépensé dans la voie d’Allah n’est pas accepté si ce don est suivi par un tort et un rappel vis-à-vis du destinataire, que ce soit directement ou subtilement. Les reproches et les rappels blesseraient l’autre partie et seraient source d’embarras pour elle. Ils pourraient réduire son estime de soi et sa satisfaction de la vie. Une telle forme de charité ne remplit pas l’objectif consistant à soutenir les autres. Il est clair à travers ce verset que ces deux actes ultérieurs annulent la récompense de la charité. Le Tafsīr de ce verset stipule que lorsque le don est accompagné d’une conduite aussi misérable, c’est pratiquement comme si rien n’a été donné. Tout bon investissement produit un bénéfice en retour. Ce genre de don ne produit aucune plus-value et conduit au préjudice. C’est le donneur qui devient redevable en raison de la négligence de l’âme.
Il est intéressant de noter que les mots ‘manná’ et ‘adhā’ viennent après le mot ‘thummá’. Cela fait allusion au passage du temps entre les deux actions (donner et faire des reproches). Non seulement le destinataire ne doit être ni critiqué, ni insulté lors du don mais il ne doit y avoir aucune contrariété et aucun rappel à un aucun moment après l’action. Il est important de se rappeler que le destinataire est en réalité en train de faire une faveur à celui qui donne en lui accordant l’opportunité de donner. Cette compréhension change l’attitude derrière le don. Cela ne laisse aucune place aux rappels et aux blessures. Imam al-Houssayn (a) a dit : Sans aucun doute, les besoins des gens auprès de vous font partie des bénédictions d’Allah sur vous. Alors, ne vous lassez pas de ces bénédictions. (Bihar-ul-Anwar, vol. 75, p. 127)
La dernière partie de ce verset nous dit que si ces conditions sont remplies au moment de donner, Allah augmentera la récompense et le donneur n’aura à craindre ni la pauvreté, ni la négativité. L’acte de donner avec la bonne intention engendre un sentiment de paix interne. Dans un autre verset Allah dit : Ceux qui, de nuit et de jour, en secret et ouvertement, dépensent leurs biens, ont leur salaire auprès de leur Seigneur. Ils n’ont rien à craindre et ils ne seront point affligés. (Q 2 :274)
Ce verset ne fait pas juste référence au fait de donner de l’argent au nécessiteux. Il s’agit d’un principe général que l’on doit suivre à chaque fois que l’on donne quelque chose à quelqu’un. L’acte de donner doit être désintéressé et accompli uniquement pour le plaisir d’Allah. Cela doit être fait avec beaucoup de respect à l’égard de celui qui reçoit. Imam al- Bāqir (a) a dit, en décrivant son père Imam Zayn al-‘Ābidīn (a) : Il avait l’habitude de sortir dans la nuit noire en portant un sac sur son dos et il allait de porte en porte, frappant à chacune d’elle et donnant à quiconque venait ouvrir. Il couvrait son visage lorsqu’il donnait, afin qu’ils ne puissent le reconnaître. (Bihār Al-Anwār, v. 46, p. 89, H. 77) Deux jours plus tôt, nous avons commémoré le shahādat de cet Imam généreux et altruiste qui a subi de nombreuses tortures lorsqu’il a été fait prisonnier en même temps que ses tantes et ses sœurs de Karbala à Koufa et ensuite à Damas sous la surveillance de l’armée Omeyyade. Puissions-nous ne jamais transiger sur le principe islamique du don quelles que soient les circonstances !
Rappelons-nous de ce verset à chaque fois que nous donnons de notre temps, de l’argent ou de notre énergie. Donnons uniquement pour Lui et respectons la personne qui reçoit. En retour, Il nous donnera plus et fera de notre don une source de paix et de joie pour nous.
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī, Al-Amthal fí Tafsīr Kitāb Allah al- Munzal, ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān.