Fabashsharnāhu bighulāmin halīm
Nous lui fîmes donc la bonne annonce d’un garçon longanime.
(Sūrat al-Sāffāt, No 37, Āyat 101)
Lorsque le Prophète Ibrahim ‘alayhis salām a exprimé le voeu d’avoir un fils, Allah soubhānahou wata‘ālā a exaucé sa prière et lui a transmis trois bonnes nouvelles :
1. La naissance d’un enfant
2. La croissance de l’enfant jusqu’à l’adolescence (le mot Ghoulām)
3. Un enfant ayant la qualité d’être longanime
Un ghoulām est entre la phase de l’enfance et de l’adolescence. L’histoire nous dit qu’Ismā‘īl avait neuf ans lorsque son père Ibrāhīm vit en rêve qu’il sacrifiait son unique fils pour le plaisir d’Allah (swt). Après avoir fait ce même rêve trois nuits consécutives, il en parla à Ismā‘īl. Ce dernier répondit que cela devait être un commandement d’Allah ‘azza wajall afin de tester leur volonté de se sacrifier dans la voie d’Allah. Ibrāhīm emmena son fils Ismā‘īl à Mina et le plaça à terre. L’Archange Jibrā’īl apparut alors et leur annonça que le test ultime de leur soumission à Allah (swt) prenait fin.
Le Hilm est la qualité qui consiste à ne pas se précipiter vers une action avant l’heure, même si on a la capacité de le faire. Cela signifie être en mesure de contrôler ses impulsions. Lorsque cela est attribué à Allah, cela fait référence à Sa grâce et à sa Bienveillance envers Ses créatures malgré Sa capacité à les punir pour leurs transgressions. Le mot ‘halīm’ apparaît 15 fois dans le Coran, la plupart du temps utilisé pour Allah (swt), sauf dans un verset où le peuple du Prophète Shou‘ayb s’adresse à lui (Q 11:87) et dans des versets où Allah ‘azza wajall fait l’éloge du Prophète Ibrāhīm et de son fils (Q 9:114 & Q 11:75).
‘Allāmah Tabātabā’ī déclare dans le Tafsīr al-Mīzān que dans le verset ci-dessus, Allah fait référence au Prophète Ismā‘īl en tant que jeune (Ghoulam), malgré le fait qu’il grandisse et atteigne l’âge adulte. Cela, pour souligner le fait qu’en tant que jeune, il a parfaitement manifesté la qualité de longanimité. Lorsque son père lui parle de son rêve de sacrifice, il répond avec un sang-froid absolu : Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants. (Q 37 :102).
La longanimité est une qualité déterminante dans le succès de l’être humain. La régulation interne des émotions entre en jeu lorsqu’un désagrément apparaît dans la vie et est particulièrement importante au moment d’interagir avec les gens. La longanimité permet à une personne de ravaler sa colère et ses émotions négatives afin de mieux gérer ses relations. Elle découle de la sagesse et de la capacité de penser avec clarté. Imam Ali (a) a dit : La longanimité complète l’intellect. (Ghourar al-Hikam, H. 1055 – traduit de l’anglais) La longanimité est la racine des autres qualités nobles telles que la dignité, la modestie et le pardon.
Il est intéressant de noter que la patience (sabr) et la longanimité (hilm) sont deux qualités différentes. Elles sont toutes les deux des qualités de l’âme, se manifestant pour faire face à des situations. La patience consiste à ne pas s’affliger quelles que soient les circonstances. Il y a la patience dans l’adoration, la patience afin de rester éloigné de la désobéissance et la patience lors des difficultés. Tout cela implique des situations potentiellement pénibles. La patience aide une personne à les expérimenter sans être trop perturbée. La longanimité d’autre part, est en réponse à la colère et à l’irritation. Lorsqu’une situation potentiellement irritante se produit mais qu’une personne ne réagit pas négativement, celle-ci n’est pas patiente mais longanime. Une personne longanime est calme et jouit d’une tranquillité intérieure.
Laissons ce verset nous rappeler l’importance de la longanimité. Alors que nous commémorons le sacrifice du Prophète Ibrāhīm (a) durant ces jours de Dhoul-hijjah, rappelons-nous également des bonnes nouvelles qu’il a reçues de la part de Dieu. Il a eu un fils avec une qualité particulière que tout le monde devrait essayer d’intégrer dans sa vie. Elle nous rendrait victorieux. Selon les mots d’Imam Ali (a), celui qui est longanime, a le dessus. (Bihār al-Anwār, v.77, p. 208, H.1 – Traduit de l’anglais)
Sources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (ed), Tafsīr-e Namūneh; www.mizanonline.com/fa/news/