Falammā zāghū azāgal-lāhu qulūbahum
Puis quand ils dévièrent, Allah fit dévier leurs cœurs.
(Soūrateِ al-Saff No.61, Āyat 5)
Est-ce qu’Allah subhānahu wata‘ālā guide et égare les gens selon Sa volonté ? La guidance est-elle proposée à tous ou uniquement à certains ? Ce sont des questions courantes posées par des gens déconcertés par les versets qui disent qu’Allah ‘azza wajall guide qui Il veut et égare qui Il veut. (Q 16 :93, 35 :8, 74 :31). Le verset ci-dessus montre comment le premier pas pour s’éloigner de la guidance vient de l’être humain lui-même. Il choisit de se détourner. Il y a certaines conséquences de ce détournement, des conséquences qui sont le résultat du système de cause à effet mis en place par Allah le Tout-Puissant. Cela inclurait un obscurcissement de la lumière intérieure, un durcissement du cœur, un rideau sur les yeux et les oreilles intérieurs, etc. L’être humain fait un choix et pose les bases de l’égarement, en remplissant ses conditions préalables. L’égarement qui en découle est donc une punition auto-infligée.
Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī a abordé ce concept en détail dans Tafsir Namūne. Il explique que la guidance est de deux types :
1. Montrer le chemin. Parfois, quelqu’un peut vous demander des directions pour vous rendre à un certain endroit. Vous leur donnez les indications et leur montrez les étapes à suivre pour atteindre leur destination. En fait, vous les guidez sur le chemin. Il appartient au voyageur de prendre ce chemin et d’atteindre la destination. Allah Tout-Puissant donne la direction du droit chemin menant à Lui, à tous. Elle est disponible au travers de l’instinct intérieur, de révélations extérieures de Son message, et par le biais de guides nommés par Dieu. Ce type de guidance donnée avec sagesse, considération et grâce est accessible à tous.
2. Mener à la destination. Dans le prolongement de l’exemple ci-dessus, la personne qui cherche des directions reçoit non seulement des instructions, mais elle est également escortée jusqu’à sa destination finale, ce qui lui permet de s’y rendre en toute sécurité. Il peut y avoir des obstacles sur le chemin, des retards et des dangers. Il peut aussi y avoir des besoins de première nécessité. Tout cela est géré par le guide. La guidance ne se limite pas à donner des directives. Elle exprime une préoccupation et un amour extraordinaires pour le voyageur. Ce type de guidance est réservé à un groupe particulier.
La question est de savoir qui peut entrer dans ce groupe spécial, qui est digne du second groupe de guidance et qui n’y a pas droit. Le verset mentionné au début présente une caractéristique du groupe qui n’en est pas digne. Le fait qu’ils se détournent de la première forme de guidance les rend non éligibles à la seconde. Le Coran dit qu’ils reçoivent un égarement, ce qui signifie qu’ils sont privés de la deuxième forme de guidance qu’ils auraient pu avoir. Un égarement n’est pas une entité en soi qui peut être reçue. C’est l’absence de direction, tout comme l’obscurité est l’absence de lumière. D’autres caractéristiques qui conduisent au fait d’être privé de la seconde forme de guidance incluent les mauvaises actions ou la transgression (Q 2 :26), l’injustice (Q 2 :258), le rejet de la foi (Q 2 :264), la vie extravagante et le mensonge (Q 40 :28).
D’autre part, les qualités qui permettent d’entrer dans le groupe digne d’être accompagné par un guide sont : la recherche de Son agrément (Q 5:16), se tourner vers Lui pour être guidé (Q 13:27), faire des efforts sur Son chemin (Q 29:69) et suivre la guidance – le premier modèle – (Q 47:17).
Il s’agit ici d’une compréhension simplifiée des origines de la guidance et de l’égarement, et une réponse pour ceux qui cherchent à comprendre les versets qui déclarent qu’ils dépendent de la volonté d’Allah (swt). Une compréhension plus approfondie et de discussions plus complexes existent sur le sujet. Il est suffisant pour nous de nous rappeler du verset de cette semaine comme d’un verset qui indique clairement que le processus de guidance ou son absence commence avec l’être humain lui-même. C’est lui qui est responsable de son sort futur.
Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh