Wayad‘ul-insānu bishsharri du‘ā-ahu bilkhayri, wakānal-insānu ‘ajūlā
L’homme appelle le mal comme il appelle le bien, car l’homme est très hâtif.
(Souratِ al-Isrā No.17, Āyat 11)
Ce verset nous dit que l’homme prie pour ce qui peut lui porter préjudice aussi ardemment qu’il prie pour ce qui peut lui apporter du bien et cela peut s’avérer étrange. Pourquoi l’être humain prierait-il pour des choses qui lui seraient nocives ? Selon le Tafsīr Majma‘ al-Bayān, ce verset peut être interprété de différentes manières :
1. Parfois l’être humain, sous le coup de la colère, prie pour des choses qui lui sont préjudiciables et dévaluent ainsi son statut, celui de sa famille ou sa fortune. Il prie dans le même état émotionnel que quand il demande le bien. Par la Grâce et la Miséricorde d’Allah subhānahu wa-ta’āla de telles prières ne sont pas acceptées.
2. Dans un élan de hâte pour obtenir ce qu’il désire, l’être humain demande parfois de mauvaises choses. C’est sa précipitation qui est responsable de cela.
3. Parfois, une personne prie pour des choses harām, des choses interdites par Dieu, et qui lui sont défavorables. Mais dans l’aveuglement du désir et de l’ignorance, il les veut quand même.
Le mot Dou‘ā a ici une signification générale qui inclut toutes les formes de souhaits et de demandes. Il pourrait être exprimé de manière verbale par une supplication ou de manière physique en travaillant pour quelque chose ou en essayant de l’atteindre. Les deux manifestent un souhait que l’être humain a, une demande pour quelque chose qu’il souhaiterait obtenir.
Étant donné que l’être humain est impatient, il ne réfléchit pas à tous les aspects de ce qu’il souhaite. Quand il désire quelque chose qu’il pense lui être bénéfique, il n’analyse pas en profondeur les éventuelles conséquences que cela pourrait engendrer. Il néglige les répercussions et les effets à long terme. Il considère une chose bonne alors qu’au final, elle ne l’est pas du tout. De ce fait, au lieu de demander le bien à Dieu, il demande en réalité le contraire. Il est impatient de l’obtenir, recherchant le bonheur et évitant la tristesse à travers l’accomplissement de ses souhaits. Selon Ibn Abbās, l’Homme est impatient aussi bien dans la joie que dans la tristesse. Il perd son équilibre émotionnel dans les deux cas.
Imam al-Sādiq (a) a dit : Ayez connaissance du chemin de votre bonheur et de votre succès afin que vous ne demandiez pas à Allah ce qui pourrait vous mener à votre perte, tandis que vous pensez qu’en cela réside votre succès, alors qu’Allah a dit « L’homme appelle le mal comme il appelle le bien, car l’homme est très hâtif». (traduit de l’anglais du Tafsīr Nūr al-Thaqalayn, v. 3 p.141)
Par conséquent, pour atteindre le bonheur, il faut être vigilant et attentif à ce que nous demandons, et travailler dans ce sens. Il est nécessaire de s’éloigner de son bagage émotionnel et de définir clairement ses souhaits, d’en identifier toutes les facettes et d’être certain que cela est le meilleur pour nous. En fin de compte, seul Allah ‘azza wajall connaît ce qui est meilleur pour nous et nous demandons Sa guidance sur ce qui est bénéfique pour nous.
Laissons ce verset nous rappeler que tout ce que nous souhaitons si fermement et luttons d’arrache-pied pour l’obtenir n’est pas forcément le meilleur pour nous. Soyons vigilant sur ce que nous demandons et laissons Dieu s’en charger. Il est le meilleur Planificateur, plus que nous ne le sommes.
Sources : Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma‘ al-Bayān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūne