Réflexion Coranique n° 517 — Āyat 28:32 : Diriger avec humilité

Bismillah.

 Introduis ta main dans l’ouverture de ta tunique : elle sortira blanche sans aucun mal. Et serre ton bras contre toi par crainte (ou humilité)

Le récit du prophète Mūsā ‘alayhis-salām est fréquemment évoqué dans le Noble Coran. Il relate avec puissance l’histoire d’un peuple opprimé, persévérant dans l’épreuve jusqu’au retour du sauveur attendu afin qu’il les mène au salut.
Cette histoire comprend des enseignements précieux et continue à nous inspirer aujourd’hui encore, alors que l’éternel combat entre le bien et le mal persiste.
 
Un verset de l’histoire du prophète Mūsā (a) ayant constitué un défi pour les savants, quant à son interprétation, est celui cité ci-dessus et tiré de la Sūrat al-Qasas. Il relate les paroles d’Allah au prophète Mūsā (a) lorsqu’Il s’adresse à ce dernier pour la première fois au Mont Tūr, afin de le désigner comme prophète et lui accorder deux miracles : son bâton et sa main resplendissante. Cet épisode de l’histoire de Mūsā est mentionné trois fois dans le Coran, avec à chaque fois de légères variations dans la formulation. Par exemple, dans la sourate Tāhā, il est dit : 

وَاضْمُمْ يَدَكَ إِلَىٰ جَنَاحِكَ تَخْرُجْ بَيْضَاءَ
Et serre ta main sous ton aisselle, elle en sortira blanche (Q 20:22)

Bien que le verset de la Sūrat al-l-Qasas utilise une formulation arabe similaire — wadmum ilayka janāhak — il ne peut faire référence au miracle de la main de Mūsā, car ce miracle a déjà été mentionné plus tôt dans le verset lorsque Allah dit : usluk yadak fī jaybik. De plus, cette phrase dans la Sūrat al-Qasas est suivie de min al-rahb, un terme qui nécessite une clarification. En arabe, rahb signifie généralement «crainte», mais il peut également signifier « humilité » – c’est pour cette raison qu’un moine est appelé rāhib.

En raison de cette subtilité linguistique, les savants (qu’Allah les bénisse) ont proposé diverses interprétations de l’expression wadmum ilayka janāhak min al-rahb. Cheikh Rizwan Arastu interprète rahb comme « crainte » et traduit l’expression par « rester courageux face à l’adversité », suggérant qu’Allah conseillait à Mūsā de faire preuve de détermination dans sa difficile mission. D’autre part, Āyatullāh Jawādī Āmulī comprend rahb comme « humilité » et traduit l’expression par « abaisse ton aile par humilité ». Cette interprétation s’accorde avec d’autres versets coraniques (par exemple, 26:215) qui utilisent des expressions similaires pour encourager les prophètes à faire preuve d’humilité dans leurs interactions avec leurs communautés.
Malgré ces divergences d’interprétation, il ne fait aucun doute que l’explication de l’Āyatullāh Jawādī met en lumière une valeur essentielle de l’islam — une valeur sur laquelle nous devrions méditer et que nous devrions chercher à incarner. L’humilité est une vertu soulignée tant par la raison que par la tradition religieuse. La raison nous enseigne que l’existence humaine dépend entièrement d’Allah ‘azza wajall ; quiconque se considère comme autosuffisant ou supérieur ne fait que révéler son ignorance de cette réalité.

L’humilité est grandement louée dans de nombreuses narrations, notamment dans ces paroles de l’Amīr al-Mu’minīn ‘alayhis-salām : Je vous exhorte à cultiver l’humilité, car elle fait partie des plus grands actes d’adoration (Majlisī, Bihār, 75:119).
Il a également dit : Nul n’acquiert l’humilité, si ce n’est une personne noble (al-Āmūdī, Ghurar, H 10541).

Nous demandons à Allah de nous accorder la capacité de rester humbles, même lorsque nous sommes investis de responsabilités et de fonctions dirigeantes. Dans un monde où de nombreux dirigeants ont abandonné ces valeurs, rivalisant plutôt d’arrogance et d’importance, nous prions pour qu’Allah bénisse les véritables dirigeants musulmans, ceux qui incarnent l’esprit d’humilité et défendent les principes de l’islam.

Resources: Āyatullāh Jawādī Āmulī, Sīreh-ye Payambarān dar Qur’ān (Tafsīr-e Mawdu’ī, vol 7), Shaykh Rizwan Arastu, God’s Emissaries.